Berlioz buste

Berlioz et les Amériques

Le 19ème siècle

 

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Contenu de cette page

Présentation
    Musiciens en route
    Berlioz sur les Amériques
    Invitations au voyage
    La musique de Berlioz en Amérique
Choix de lettres de Berlioz
Table d’exécutions de Berlioz aux États-Unis de son vivant
Illustrations

    Portraits de chefs d’orchestre
    Programmes de concerts du vivant de Berlioz
    Programmes de concerts après sa mort

Cette page est disponible aussi en anglais

Voir aussi: Berlioz et les Amériques — Programmes de concerts du 20ème siècle

Abréviations

Allen Lott = R. Allen Lott, ‘A Berlioz Premiere in America: Leopold de Meyer and the Marche d’Isly’, in 19th Century Music, tome. 8, no. 3 (Printemps 1985), pp. 226-30
CG = Correspondance générale (8 tomes, 1972-2003)
Débats = Journal des Débats
Grotesques = Les Grotesques de la musique
Holoman = D. Kern Holoman, Catalogue of the Works of Hector Berlioz (1987)
Saloman = Ora Frishberg Saloman, Listening Well. On Beethoven, Berlioz, and Other Music Criticism in Paris, Boston, and New York, 1764-1890 (Peter Lang, New York, 2009)
Soirées = Les Soirées de l’orchestre

Présentation

    La carrière de Berlioz est ponctuée par une série de grands voyages en Europe, de son voyage en Italie en 1831-1832 après avoir remporté le Prix de Rome de 1830, jusqu’à son dernier voyage en Russie en 1867-1868 à la fin de sa carrière. Entre ces deux dates se place un grand nombre de voyages, en Allemagne, Belgique, Europe centrale et à Londres. Mais tout comme plusieurs autres grands musiciens contemporains — Liszt, Schumann et Wagner, entre autres — Berlioz ne traversera jamais l’Atlantique, à l’encontre de beaucoup d’autres musiciens européens, et Berlioz aurait fort bien pu suivre leur exemple. Très tôt dans sa carrière, en 1826-7 puis de nouveau en 1835, il a caressé le projet de tenter sa fortune dans les Amériques. En Amérique du nord on s’est intéressé à lui et à sa musique dès avant la fin des années 1830, et à partir du début des années 1850 Berlioz a reçu de temps en temps des invitations pour aller y donner des concerts. En l’occurrence il n’acceptera aucune de ces offres, mais aurait bien pu le faire si les circonstances avaient été différentes. On peut légitimement s’interroger sur les conséquences éventuelles d’un voyage de Berlioz en Amérique du nord, compte tenu des effets à long terme de ses autres voyages, notamment ceux en Allemagne et en Russie. Cette page rassemble les données sur les rapports de Berlioz avec les Amériques, notamment mais non exclusivement l’Amérique du nord et les États-Unis. Elle est documentée par les écrits de Berlioz, en particulier sa correspondance et ses articles dans le Journal des Débats, et illustrée par des reproductions de programmes de concerts dans notre collection d’exécutions de sa musique, principalement à New York, de son vivant et après sa mort.

    La terminologie dont Berlioz se sert pour parler des Amériques accuse un certain flottement; elle reflète en cela l’usage de son époque et ressemble à celle de nos jours. Berlioz parle parfois des ‘Amériques’ au pluriel quand il veut dire à la fois l’Amérique du nord et celle du sud; parfois il précisera ‘Amérique du nord’ ou ‘Amérique du sud’ quand il veut que la distinction soit claire. Quand il dit ‘Amérique’ ou ‘américain’ tout court, il veut parfois signifier les deux Amériques, du nord et du sud (voir un exemple ci-dessous), mais plus souvent il renvoie à l’ensemble de l’Amérique du nord (les États-Unis et le Canada). Mais il entend aussi souvent par ‘Amérique’ uniquement les États-Unis, comme il ressort d’habitude du contexte. La raison pour cet usage est bien entendu qu’à l’encontre d’autres pays de l’Amérique du nord et du sud, tels que le Canada ou le Brésil, il n’existe pas d’adjectif pour désigner uniquement les États-Unis d’Amérique en tant que pays ou que peuple: d’où l’emploi du nom ‘Amérique’ ou de l’adjectif ‘américain’ comme raccourci commode pour désigner le pays et le peuple le plus prospère et le plus en vue dans l’ensemble du continent américain.

Musiciens en route

    À partir de la fin du 15ème siècle les Amériques commencent à se peupler de colons venus d’Europe, et de nouveaux pays sont créés au dépens des populations indigènes. Un mouvement soutenu de voyageurs venus d’Europe se met à traverser l’Atlantique, certains pour s’y fixer de façon permanente, d’autres dans l’intention de revenir chez eux après coup. Les horizons de l’Europe du 19ème siècle s’élargissent, et les traversées de l’Atlantique dans les deux sens deviennent de plus en plus fréquentes. Dès son enfance Berlioz avait manifesté une passion pour les contrées lointaines et les grands voyages (Mémoires chapitre 2), et dit avoir été tenté par l’idée d’une carrière sur les mers. Son fils Louis héritera de cette passion pour devenir d’abord marin, et plus tard capitaine de son propre navire. La correspondance du compositeur évoque souvent les navigations de son fils, y compris en Amérique centrale (voir par exemple CG nos. 2698, 2871, 3241), mais tragiquement Louis devait mourir à La Havane au cours d’un de ses voyages (5 juin 1867).

    Ce qui attire les Européens vers les Amériques, c’est avant tout l’appât du gain. Au début de sa carrière à Paris Berlioz, comme beaucoup de ses contemporains, suppose déjà comme allant de soi que les Amériques, du sud comme du nord, sont des terres d’élection où l’on peut faire fortune. En 1826, à court d’argent et persuadé que son père veut l’empêcher de poursuivre sa vocation musicale, il envisage de s’embarquer pour le Brésil pour y gagner de l’argent (CG no. 63, cf. no. 696). Il raconte plus tard avoir songé vers la même époque à chercher une place de flûtiste ‘dans un orchestre de New-York, de Mexico, de Sidney ou de Calcutta’ (Mémoires, chapitre 12). En 1835, maintenant marié à Harriet Smithson et avec un jeune fils, il songe de nouveau à partir, cette fois pour l’Amérique du nord (CG no. 439). Dans les deux cas il finit par changer d’avis, mais bien d’autres de ses contemporains en Europe cèderont à la tentation. Les Amériques leur offrent des possibilités qu’ils ne trouvent pas chez eux, et les troubles politiques incitent souvent au voyage: les révolutions de 1848 ont pour résultat de contraindre beaucoup à l’exil, musiciens y compris, pour gagner leur vie dans les Amériques ou ailleurs. Les écrits de Berlioz, et notamment ses feuilletons dans le Journal des Debats, fournissent de nombreux exemples de musiciens venus d’Europe qui traversent l’Atlantique, et parmi eux se trouvent des musiciens de tout genre. Les exemples cités par Berlioz ne représentent bien entendu qu’un échantillon d’un nombre certainement bien plus important.

    Parmi les plus en vue on compte plusieurs des cantatrices les plus célèbres de leur temps, que les premiers théâtres lyriques des Amériques (La Havane, Rio de Janeiro, la Nouvelle Orléans, New York) se disputent: elles peuvent s’attendre à gagner des sommes fabuleuses que la plupart des théâtres lyriques en Europe ne sont pas en mesure de concurrencer. Parmi elles on compte Rosine Stoltz, qui chante Ascanio dans Benvenuto Cellini en 1838 et fait deux visites à Rio de Janeiro (Débats 8 juin 1855; Grotesques VI); Henriette Sontag, objet de l’admiration de Berlioz, mais qui meurt au cours d’une tournée au Mexique (Grotesques VI, repris de Débats 5 octobre 1854); la fameuse Jenny Lind, reçue à New York en 1850 avec un éclat extraordinaire que Berlioz décrit (Soirées 8, repris de Débats 27 août et 25 septembre 1850, cf. 19 octobre 1850), et dont les caricaturistes de la presse européenne s’emparent (voir la page dans Memorabilia); et Mme Charton-Demeur, qui devait chanter Béatrice en 1862 et Didon en 1863, et qui fait une série de visites dans les Amériques — Rio de Janeiro, La Havane — mais qui ne peut accepter un engagement à New York en 1861 du fait de la guerre de sécession en Amérique qui vient d’éclater (Débats 25 novembre 1854, 20 juillet 1858, 3 juillet et 21 décembre 1861, 23 décembre 1862; CG nos. 2575, 2646, 2690, 2694). Dans d’autres articles Berlioz cite quelques autres noms moins célèbres: Mlle Blangy à New York (Débats 7 octobre 1846), Mme Bosio à La Havane (Débats 6 février 1853), Mme Lagrange au Brésil (Débats 20 juillet 1858). On remarquera que les hommes semblent ici briller par leur absence: quelle qu’en soit la raison, les chanteurs qui traversent l’Atlantique semblent moins nombreux, ou du moins se font moins remarquer.

    Parmi les instrumentistes, les virtuoses du piano sont sûrs de triompher:  Léopold de Meyer, pianiste autrichien qui collabore avec Berlioz en 1845, est un des premiers venus et fait une tournée brillante en Amérique du nord en 1845 et 1846 (Débats 4 mars 1845, 7 octobre et 29 novembre 1846; voir aussi ci-dessous). Henri Herz, célèbre depuis des années à Paris, suit de près sur ses pas, et cette fois pour une longue tournée en Amérique du nord et du sud qui va durer plusieurs années; il se rend d’abord à New York, puis à Boston, Philadelphie et Halifax, et ensuite (avec son propre piano!) en Californie, et finalement en Amérique du sud (Débats 7 octobre 1846, 27 août 1850, 30 septembre 1851, cf. 19 novembre 1862). Un cas différent est celui de Stephen Heller, proche ami de Berlioz, qui du fait des embarras causés à bien des musiciens comme à d’autres par les révolutions de 1848 envisage de s’embarquer pour le Brésil (Rio de Janeiro) pour y donner des leçons de piano, mais en l’occurrence on le persuade de rester en Europe (Débats 15 décembre 1848).

    On recherche aussi les joueurs d’instruments à cordes. En même temps que Stephen Heller, et pour les mêmes raisons, Moëser, violoniste autrichien, part pour le Brésil (Débats 15 décembre 1848). Le célèbre violoniste Sivori avait fait auparavant un voyage en Amérique du nord à la fin de 1846 (Débats 7 octobre 1846), de même que le violoncelliste Max Bohrer en 1843-44 (Débats 9 janvier 1844, 29 avril 1845). Un autre violoncelliste, Dominique Tajan-Rogé, ami de Berlioz depuis les années 1840, se rend en Amérique du nord plus tard, dans les années 1850: on le trouve à la Nouvelle-Orléans en 1855, puis à New York en 1857 (Débats 26 avril 1857). Si les compositeurs européens les plus en vue de l’époque semblent pour l’instant peu enclins à franchir l’Atlantique, d’autres moins connus s’y décident. Parmi eux Berlioz cite Julius Benedict qui en 1851 se rend en Amérique du nord et à La Havane (Débats 30 septembre 1851), et Vincent Wallace qui au cours de ses vastes voyages fait un passage à New York (Débats 31 octobre 1850, reproduit dans Soirées 2ème Épilogue; cf. CG no. 2317).

    Parmi d’autres musiciens Berlioz mentionne le chef d’orchestre Barbieri qu’il avait rencontré à Brême en 1853, et qui en 1854 dirigeait l’orchestre du théâtre lyrique de Rio de Janeiro (Débats 25 novembre 1854). Un autre chef d’orchestre, Eugène Prévost, s’était établi à la Nouvelle-Orléans au début des années 1840 comme directeur du théâtre lyrique de cette ville; sa carrière se trouve cependant subitement interrompue en 1861 par le début de la guerre civile aux États-Unis (Débats 12 novembre 1861). Max Maretzek, le chef des chœurs de Drury-Lane en 1847-1848, part par la suite pour l’Amérique du nord et devient impresario à New York et aussi à La Havane (Débats 12 novembre 1861, 23 mai 1862). Le Nouveau Monde attire même les facteurs d’instruments de musique: la correspondance de Berlioz révèle le cas de son cousin Jules Berlioz, qui avait construit un orgue nouveau; en 1848 il envisage de faire le voyage aux États-Unis pour prospecter le marché, et demande à son cousin Hector de le renseigner sur les dépenses et les possibilités d’un tel voyage (CG nos. 1238, 1241; comparer le cas de Steinway ci-dessous).

    Bien entendu on voyageait aussi dans l’autre sens: les musiciens américains se rendent en Europe. La cantatrice Mlle Nau, qui chante à l’Opéra de Paris pendant de nombreuses années à partir du milieu des années 1830, et que Berlioz mentionne souvent dans ses feuilletons, était en fait née en Amérique, comme on l’apprend au hasard d’une allusion dans un de ces articles (Débats 12 avril 1840). Ailleurs Berlioz loue le pianiste américain Gottschalk qui donne des concerts à Paris en 1850 et 1851 (Débats 13 avril 1850, 13 avril 1851). À la grande Exposition de Londres en 1851 un des membres du jury dont Berlioz fait partie est un Américain, un certain J. Robert Black; Berlioz mentionne aussi la présence d’Américains parmi le public cosmopolite qui se presse au festival de Bade en 1861 (Débats 3 juillet 1861). Il introduit même un musicien américain imaginaire parmi les artistes de ses Soirées de l’orchestre, le joueur de basson Winter; Berlioz souligne malicieusement que Winter parlait avec un accent américain et non un accent anglais! (début de la 10ème soirée).

Berlioz sur les Amériques

    Les fréquentes mentions dans les écrits de Berlioz de musiciens traversant l’Atlantique montrent qu’il considérait les Amériques comme faisant partie intégrante du monde musical de son époque, et montrent aussi qu’il se tenait au courant de ce qui s’y passait (par les journaux, les récits de voyageurs, etc.). Elles révèlent aussi sa conception des Amériques et ce qu’il en pensait, et ses sentiments là-dessus étaient très partagés. Il considérait les Amériques du point de vue d’un Européen, pour lequel il allait de soi que l’Europe était le centre du monde civilisé. Berlioz n’a jamais développé ses idées sur les Amériques dans un seul texte étendu et explicite, mais ces idées sous-tendent les nombreuses remarques de détail qu’on trouve éparpillées dans ses différents écrits.

    Les Amériques appartenaient en premier lieu à la même catégorie que les autres contrées lointaines autour du globe qui, à l’époque de Berlioz, étaient en train d’être colonisées par des Européens. Leurs populations n’avaient pas le même niveau de civilisation que l’Europe, et dans certains cas pouvaient être tout simplement assimilées à des ‘sauvages’ qui étaient arriérés avant l’arrivée des colons européens (cf. CG no. 2979). Mais il n’allait pas de soi que ces mêmes colons européens allaient importer avec eux le meilleur de ce que l’Europe avait à fournir. En ce qui concerne l’Amérique du nord (soit les États-Unis), Berlioz reconnaît leur dynamisme et leur efficacité matérielle: dans une lettre il se compare lui-même à ‘une lourde locomotive allemande’, alors que son interlocuteur est ‘la locomotive américaine qui fait ses vingt-cinq lieues par heure en lançant des torrents d’étincelles sans laisser échapper de fumée’ (CG no. 2349). Mais il considère le pays dans son ensemble comme animé par un esprit utilitaire et voué à la recherche du gain matériel, à l’exclusion presque totale de tout le reste. ‘Je ne sais pas si votre amour pour ce grand peuple et pour ses mœurs utilitaires est beacoup plus vif que le mien… j’en doute’, écrit-il à son ami Humbert Ferrand (CG no. 2566). Il cite ailleurs le proverbe américain ‘Time is money’ qu’il voudrait pouvoir changer en ‘Time is art’ (Débats 24 septembre 1856). Dans le cadre d’une discussion sur les conceptions actuelles de l’art il fait ce commentaire frappant sur la colonisation du Far-Ouest de l’Amérique qui était alors en cours (Débats 24 septembre 1857):

Les civilisés d’aujourd’hui, si différents des civilisés de l’antiquité, traitent certains arts à peu près comme font des prairies du Far-Ouest les pionniers américains. Attirés par la beauté d’un site, par le luxe de la végétation qui s’y déploie, par la pureté des eaux, par la douceur de la température, ces vagabonds s’y arrêtent quelques jours, coupent, brûlent, arrachent tout ce qui verdoie et fleurit à l’entour d’eux, font paître leurs troupeaux, chassent, boucannent ; puis, quand les plus beaux arbres sont abattus, quand l’herbe est rasée, quand les plus splendides fleurs ont été écrasées sous les pieds des animaux et couvertes de leurs immondices, le pionnier lève son camp et va chercher ailleurs quelque nouveau chef-d’œuvre de la nature à polluer.

    Quant aux nombreux musiciens qui s’en vont aux Amériques, Berlioz a du mal à se convaincre qu’ils ont de meilleures raisons de partir que la simple recherche du gain. Quand en 1849 il apprend que Liszt envisage une tournée en Amérique du nord (qui en l’occurrence n’eut pas lieu), la réaction de Berlioz est tiède (CG no. 1250): ‘Traverser l’Atlantique pour aller faire de la musique aux Yankees, qui ne songent en ce moment qu’aux mines de la Californie !... Toi seul est juge de l’utilité d’un semblable voyage’. Le projet lui paraît ‘violent’, terme qui fait penser à ce qu’il dit ailleurs du compositeur irlandais Vincent Wallace: ‘C'est un excellent Excentric man, flegmatique en apparence comme certains Anglais, téméraire et violent au fond comme un Américain’ (Soirées 2ème Épilogue). En 1855 Berlioz annonce que Rosine Stoltz va faire un deuxième voyage à Rio de Janeiro: ‘Et Mme Stoltz qui retourne au Brésil ! quatre cent cinquante mille francs ! […] Comment résister ?… Résistons, nous au moins, et ne laissons pas ainsi mettre notre ciel au pillage et enlever nos étoiles par ces gens des Antipodes qui ont tous la tête à l’envers’ (Débats 8 juin 1855). L’année d’avant il avait déploré la mort de Henriette Sontag au cours d’une tournée au Mexique: ‘Pauvre Sontag ! aller mourir si tristement, si absurdement, loin de l’Europe, qui seule pouvait savoir quelle artiste elle était !’ (Grotesques VI). Ailleurs il ironise sur la réception extravagante, si peu conforme aux mœurs européennes, ménagée en 1850 à New York à Jenny Lind (Soirées 8): ‘Mais nous aurons beau faire en Europe, nous serons toujours distancés par les enthousiastes du nouveau monde, qui sont aux nôtres comme le Mississipi est à la Seine’.

    D’un autre côté Berlioz n’est pas indifférent au sort de sa musique en Amérique, ni à sa réputation outre-Atlantique. En 1852 il constate avec satisfaction que le succès de ses concerts à Exeter Hall à Londres en 1852 a ‘eu du retentissement en Amérique’ (CG no. 1500). En 1857 il tient à entretenir son éditeur suisse de la possibilité d’augmenter les ventes de sa musique en Amérique (CG no. 2233; cf. 2679). À l’occasion Berlioz est capable d’émettre un jugement beaucoup plus positif sur la musique qu’on fait aux Amériques; il convient de citer ici un extrait d’un feuilleton de 1854 (Débats 25 novembre 1854):

A présent que nous voilà revenus à peu près de nos préjugés sur l’état de la musique en Angleterre, je crois que nous allons avoir à rectifier aussi nos opinions au sujet des institutions musicales de l’Amérique. Sans parler de New-York, où l’on entend aujourd’hui de grandes exécutions très soignées des productions sérieuses de l’art ancien et moderne, grâce à l’affluence de plus en plus considérable des musiciens d’Europe, il faut tenir compte du théâtre de la Nouvelle-Orléans et de celui de Rio-Janeiro. Ce dernier, théâtre provisoire comme l’Opéra de Paris, est d’une très grande dimension, et sinon décoré avec luxe, au moins construit dans les meilleures conditions pour l’acoustique et la commodité des spectateurs. On y trouve un orchestre de soixante-dix musiciens très passables, dirigés par un habile chef que j’ai connu à Brême l’an dernier, M. Barbieri. Mme Charton-Demeur, dont le talent a été si bien apprécié à Londres en 1850 [1851] et à Marseille pendant les deux dernières années, et maintes fois aussi à Paris, obtient en ce moment au Grand-Opéra de Rio des succès fabuleux, des ovations tropicales.

Invitations au voyage

    Les témoignages sur les invitations en Amérique reçues par Berlioz viennent entièrement de sa correspondance, et non de ses autres écrits. Puisque la correspondance connue du compositeur ne représente forcément qu’une partie de ce qui a existé, il est fort possible qu’au cours de sa carrière il ait reçu d’autres invitations dont on n’a pas trace.

    La première invitation connue remonte déjà à 1836, et émane d’un côté inattendu: Berlioz reçoit une lettre de la Nouvelle-Orléans — non de New York, d’où viendront par la suite toutes les invitations en Amérique — dans laquelle on lui demande d’envoyer des copies manuscrites de sa musique d’orchestre pour la faire exécuter. Il s’agit sans doute de la Symphonie fantastique et de Harold en Italie, que Vienne et Milan venait de lui réclamer peu avant (CG no. 486). Berlioz, qui n’avait pas encore entrepris son voyage en Allemagne longtemps médité (il n’aura lieu qu’à la fin de 1842), rejette toutes ces demandes, et avec de bonnes raisons. Sa musique n’était pas encore publiée, et Berlioz se refusait à la laisser exécuter par tout autre que lui-même, et risquer ainsi de la voir interprétée à contre-sens et défigurée.

    L’invitation suivante vient quelques années plus tard, en 1852: à cette date Berlioz a maintenant fait de nombreux voyages à l’étranger, en Allemagne, en Europe centrale, en Russie, et à Londres, et s’est taillé une réputation internationale considérable, à la fois comme compositeur et comme chef d’orchestre. On ne sait de qui émanait cette invitation, mais elle était suffisamment sérieuse pour tenter Berlioz, du moins avec la perspective de gagner assez d’argent pour pouvoir mettre fin à la charge de critique musical qui lui pesait; il refuse l’offre tout en réservant ses choix pour l’avenir (CG nos. 1499, 1500).

    L’offre suivante, cinq ans plus tard en 1857, est encore plus séduisante. Il s’agit maintenant d’une tournée de cinq mois dans les villes de l’Amérique du nord (New York, Philadelphie, Boston) pour laquelle on offre à Berlioz 20,000 dollars, plus ses frais de voyage. À cause de son travail sur la partition des Troyens, et aussi à cause de sa santé, Berlioz refuse, tout en se déclarant prêt à aller l’année suivante (CG nos. 2222, 2233, 2235). Les allusions dans les lettres de Berlioz connues ne disent pas tout: elles supposent des tractations poursuivies au cours des mois à venir, et témoignent du vif désir du côté américain de faire venir le compositeur en Amérique. En l’occurrence tous ces projets n’aboutiront pas. L’offre émanait sans doute de l’impresario Bernard Ullman, qui en 1858 organise au mois d’avril un festival à New York, dont une partie est consacrée à la musique de Berlioz (voir ci-dessous et la table des concerts). Au cours du festival Ullman annonce la venue de Berlioz pour l’année suivante — mais elle n’aura pas lieu (sur les activités d’Ullman plus tard voir Débats 3 juillet 1861; CG no. 3197).

    En 1861, nouvelle offre: mais cette fois la réaction de Berlioz est bien plus réservée (CG no. 2566). Berlioz ne donne aucun détail, mais insiste plutôt sur les raisons de son refus: d’invincibles ‘antipathies’ de sa part, son dédain pour l’argent, les ‘mœurs utilitaires’ des Américains, et de nouveau la question des Troyens, toujours en suspens. Selon CG (tome VI p. 239 n. 6) l’initiative aurait émané de l’impresario Max Maretzek, qui Berlioz avait rencontré à Londres en 1847 et qui était maintenant établi à New York (voir ci-dessus). Quoi qu’il en soit, plusieurs années vont s’écouler avant une nouvelle invitation en Amérique (on ne sait si ce retard est lié ou non aux conséquences de la guerre civile de 1861-1865 en Amérique).

    La dernière invitation connue faite à Berlioz, et la plus sérieuse, vient tard, en 1867. Dans l’intervalle la santé de Berlioz n’a cessé de se dégrader, et son goût pour les voyages a diminué d’autant. L’offre vient cette fois d’un autre côté, de la firme Steinway, facteurs de piano à New York. Le fondateur de l’entreprise, l’allemand Heinrich Steinweg (1797-1871) avait émigré de Brunswick en 1850 pour établir sa fabrique de pianos à New York, où il anglicise son nom et devient Henry Steinway; la fabrique prospère et se taille une solide réputation. Theodore Steinway (1825-1889), un de ses fils, reste d’abord à Brunswick: en 1856 il envoie une lettre de félicitations à Berlioz, au nom des musiciens de Brunswick, à l’occasion de son élection à l’Institut, ce dont Berlioz le remercie chaleureusement (CG no. 2166, 28 août 1856). En 1865 il rejoint finalement son père à New York après la mort de ses deux frères et prend en main la firme. Steinway Hall, une vaste salle de concert à 14th Street, New York, ouvre ses portes en 1866. Au début de 1867 Berlioz reçoit une demande pour un buste de lui-même pour orner cette salle (CG no. 3211): vraisemblablement Steinway a déjà formé le projet de faire venir Berlioz à New York. Plus tard dans l’année il fait un voyage à Paris pour visiter l’Exposition Universelle où il expose quelques-uns de ses pianos, qui reçoivent le suffrage de nul autre que Berlioz, critique sévère en la matière avec une longue expérience des instruments de musique (CG no. 3278). (Précisons que Berlioz ne faisait pas partie alors du jury pour les instruments de musique, à l’encontre de 1851 à Londres et 1855 à Paris.) La lettre de Berlioz, datée du 25 septembre, ne souffle mot sur une éventuelle invitation à New York. Et cependant en juin de la même année Berlioz avait reçu de multiples invitations pour aller donner des concerts à New York où, au dire de ses interlocuteurs, sa musique était très populaire (voir la rubrique suivante). Propositions ‘très séduisantes’ selon Berlioz, mais qu’il refuse alléguant qu’il n’est ‘pas en position d’entreprendre un tel voyage’ (CG nos. 3244, 3245). Soulignons que ces offres sont refusées avant que Berlioz apprenne à la fin du mois la nouvelle de la mort de son fils à La Havane. Berlioz attribue les propositions à ‘plusieurs Américains’ sans les nommer, mais parmi eux devait se trouver Steinway ou ses agents. Puis en septembre Berlioz reçoit une invitation de la Grande-Duchesse de Russie pour aller donner une série de concerts à St Pétersbourg pendant l’hiver, offre qu’il accepte après avoir consulté ses amis (18 septembre; voir la page sur la Russie). Son acceptation de l’offre russe fait contraste avec son refus deux mois plus tôt des multiples offres américaines. Mis au courant des projets de Berlioz pour la Russie, Steinway, probablement encouragé par la lettre du compositeur du 25 septembre louant ses pianos, s’empresse de revenir à la charge dès le 27 septembre, puis de nouveau au début d’octobre: il fait une proposition généreuse à Berlioz dans l’espoir de le faire venir à New York l’année suivante. Mais Berlioz refuse de nouveau (CG nos. 3279, 3283, 3284, 3286). Quand Berlioz revient de Russie en février 1868, sa carrière musicale est effectivement à son terme et il n’est plus en mesure d’entreprendre de longs voyages. Il n’est plus question maintenant d’une invitation à New York, mais seulement d’achever le buste pour Steinway et d’en faire des copies (CG no. 3346). Berlioz ne se rendra donc jamais en Amérique — mais du moins son buste y parviendra encore de son vivant.

La musique de Berlioz en Amérique

    Les nouvelles musicales en Europe traversaient régulièment l’Atlantique, grâce aux récits de voyageurs et par les journaux, tout comme en Europe. Comme on l’a vu dans la rubrique précédente, on s’intéresse à Berlioz et à sa musique en Amérique du nord bien avant qu’on l’entende: en 1836 la Nouvelle-Orléans réclame à Berlioz des partitions manuscrites de quelques-unes de ses œuvres pour les faire jouer, en même temps que Berlioz reçoit des demandes semblables de quelques villes en Europe (CG no. 486). Mais comme le cas de la Nouvelle-Orléans le montre, il ne suffit pas de s’intéresser à la musique de Berlioz: pour pouvoir la jouer sur place il faut disposer de partitions imprimées et de matériel d’orchestre. Et ici Berlioz ne se presse pas de publier sa musique: quand il entreprend sa première grande tournée en Allemagne à la fin de 1842, une grande partie de son œuvre est encore inédite, et il doit voyager avec un paquet considérable de musique encore manuscrite. On connaît ses raisons, qui se fondent sur ses propres expériences: en 1834 le chef d’orchestre Girard massacre la première exécution d’Harold en Italie (Mémoires chapitre 45), et en 1836 la parution en librairie de l’ouverture des Francs-Juges a pour résultat la publication en Allemagne d’un arrangement défiguré de l’œuvre. En conséquence Berlioz prend la décision, d’abord de diriger lui-même les premières exécutions de ses œuvres pour établir une interprétation correcte, et ensuite de retarder la publication de sa musique pour qu’elle ne soit pas déformée en son absence. Un tel délai lui permet aussi de mettre sa musique directement à l’épreuve et d’y introduire des perfectionnements avant sa publication. Jusqu’aux années 1850 il y aura donc un retard entre la première exécution de beaucoup de ses œuvres et leur parution en librairie. Le Requiem est une exception: exécuté pour la première fois en 1837 il paraît l’année suivante. Autrement les premières œuvres à paraître sont plusieurs de ses ouvertures: Waverley et Benvenuto Cellini, toutes deux en 1839 (premières exécutions en 1826 et 1838 respectivement), Le Roi Lear en 1840 (première exécution en 1833), Le Carnaval romain en 1844 (première exécution la même année). Mais les symphonies doivent attendre plus longtemps: la Symphonie fantastique jusqu’à 1845 (première exécution en 1830, et beaucoup remaniée depuis), Harold en Italie jusqu’à 1848 (première exécution en 1834), Roméo et Juliette jusqu’à 1847 (première exécution en 1839); la Symphonie funèbre et triomphale paraît plus rapidement que les autres, en 1843 (première exécution en 1840). La conséquence de ce délai est de retarder la possibilité d’exécuter sa musique à l’étranger en l’absence du compositeur, ce qui touche l’Amérique comme les autres pays.

    La table ci-dessous donne un résumé des exécutions connues de la musique de Berlioz de son vivant en Amérique du nord (c’est-à-dire les États-Unis). Soulignons ici à nouveau que les informations présentées sont probablement incomplètes et nécessiteront sans doute des compléments et corrections ultérieures.

   On verra que le premier contact de New York avec Berlioz (en 1845) n’est pas avec une de ses propres œuvres, mais avec un arrangement par lui d’un morceau pour piano: c’est au cours d’une tournée dans l’Amérique du nord en 1845 et 1846 du pianiste autrichien Leopold de Meyer (voir aussi ci-dessus). Meyer s’était produit à un concert de Berlioz à Paris en février 1845; son succès avait incité Berlioz à instrumenter la Marche marocaine de Meyer, qui fut exécutée, elle aussi avec grand succès, à un autre concert en avril. À New York Meyer dirige lui-même la version pour orchestre, qui est annoncée par le New York Herald comme ayant été “instrumentée par le grand Berlioz, avec une coda originale, et exécutée à Paris sous sa direction avec un effet étonnant” (Allen Lott p. 228 n. 12). L’année suivante (1846) l’ouvrage est répété à New York en octobre et novembre, cette fois sous la direction de George Loder, avec une autre marche de Meyer, la Marche d’Isly que Berlioz avait aussi instrumentée. Le New York Herald annonce encore le nouveau morceau comme ayant été “expressément arrangé pour orchestre par le célèbre Berlioz à Paris” (Allen Lott p. 230 n. 13). La Marche d’Isly reçoit une autre exécution à Philadelphie le 10 novembre, dirigée cette fois par Meyer lui-même; l’annonce pour ce concert est reproduite par Allen Lott (p. 230); elle aussi décrit l’ouvrage comme ayant été “instrumenté par le célèbre Berlioz à Paris”.

    Avant la fin de 1846 New York entend les toutes premières exécutions dans les Amériques de musique de Berlioz: l‘ouverture des Francs-Juges le 7 mars et celle du Roi Lear le 21 novembre. Les Francs-Juges sont dirigés par A. Boucher (sur lequel nous n‘avons pu trouver d‘autres informations) et le Roi Lear par George Loder (1816-1868). Loder était issu d‘une famille de musiciens anglais et s‘était installé aux États-Unis dès 1836, où il joua un rôle important dans les premières années de la New York Philharmonic Society (fondée en 1842). Il y dirige la première exécution en Amérique de la 9ème symphonie de Beethoven, et aussi les trois exécutions des marches de Meyer mentionnées dans le paragraphe précédent (il ira plus tard en Australie, où il mourut).

    Après 1846 les exécutions de Berlioz en Amérique semblent marquer le pas jusqu‘aux années 1850, où le rythme commence à s’accélérer. Jusqu’alors Berlioz ne semble pas avoir de partisan convaincu parmi les musiciens en Amérique, mais à partir du milieu des années 1850 la situation évolue. Trois chefs d’orchestre paraissent sur la scène, et tous trois manifestent d’une façon ou d’une autre un intérêt particulier pour la musique de Berlioz: Theodore Eisfeld, Carl Bergmann, et Theodore Thomas, musiciens allemands qui viennent s’établir aux États-Unis. Ce n’est pas l’effet du hasard: ils témoignent d’une part du rôle important joué en Europe par les musiciens allemands à cette époque, et d’autre part ils illustrent l’influence exercée par Berlioz en Allemagne dès les années 1830, et considérablement amplifiée par ses voyages dans les années 1840 et 1850.

   Theodore Eisfeld (1816-1882) émigre en Amérique en 1848 par suite de la révolution de cette année. De 1849 à 1866 il dirige souvent le New York Philharmonic Orchestra, et de 1862 à 1865 aussi l’orchestre de la Brooklyn Philharmonic Society. À son actif on compte deux exécutions de l’ouverture du Roi Lear, en 1853 et de nouveau en 1864 (voir aussi CG nos. 2970, 2973). Berlioz le nomme comme un de ses amis à New York (avec Maretzek) dans Débats 12 novembre 1861, mais on ne sait pas quand ni dans quelles circonstances leur rencontre a eu lieu. La carrière d’Eisfeld prend fin prématurément en 1866 pour cause de santé, et il rentre dans son Allemagne natale où il mourra.

   Carl Bergmann (1821-1876), comme Eisfeld, émigre en Amérique en 1849 après avoir participé à la révolution de 1848; comme lui aussi il est actif dans la Brooklyn Philharmonic Society et la New York Philharmonic, dont il devient l’unique chef d’orchestre après la retraite d’Eisfeld. On ne sait s’il a eu des rapports avec Berlioz datant de son séjour en Europe, mais son répertoire de musique de Berlioz est beaucoup plus étendu que celui d’Eisfeld et marque un progrès en Amérique. Il comprend les ouvertures des Francs-Juges (1856, 1861), Waverley (1856), Le Carnaval romain (1856, 1861, 1862, 1865, 1866), et Le Corsaire (1863), quatre mouvements de la Symphonie fantastique (1866, 1868), deux de Roméo et Juliette (1867), et le Freischütz de Weber avec les récitatifs de Berlioz (1860).

   Theodore Thomas (1835-1905), plus jeune que ses deux collègues, émigre avant eux, en 1845. Jeune à l’époque, il n’a pas eu l’occasion de nouer des rapports avec Berlioz pendant son séjour en Allemagne, mais une fois arrivé aux États-Unis son intérêt pour Berlioz se développe, et au cours de sa carrière il favorisera sa musique plus que Bergmann ne l’avait fait. Il débute sa carrière comme violoniste avant de devenir chef d’orchestre, et donne des exécutions de Rêverie et caprice, mais seulement avec accompagnement de piano (1859). Le reste de son répertoire Berlioz jusqu’à 1869 comprend l’ouverture de Benvenuto Cellini (1867, 1868), quatre parties de Roméo et Juliette (1864, 1867, 1868; cf. 1881), et surtout une intégrale d’Harold en Italie (1863, 1866). La symphonie devient très populaire à New York, et Berlioz en est ravi (CG nos. 2840, 2856, 3076, 3244). En 1867 Thomas fait un voyage en Europe et rend visite à Berlioz chez lui à Paris (8 mai). À cette occasion Berlioz lui donne en exemplaire de la nouvelle édition par Ricordi du Requiem, comme Thomas le raconte dans son autobiographie (cité par David Cairns, Hector Berlioz tome II [2002], p. 811). (voir aussi ci-dessous.)

    Prises dans leur ensemble, les exécutions de Berlioz en Amérique de son vivant par ces trois chefs d’orchestre réussissent à rendre sa musique populaire, surtout à New York. Berlioz en reçoit des nouvelles, par des amis et par les journaux, et en est enchanté (CG nos. 2856, 2970, 2973, 2982, 3032, 3076, 3244). Les exécutions répétées de certaines œuvres témoignent de leur popularité auprès du public, notamment les ouvertures (particulièrement Les Francs-Juges, Le Roi Lear et Le Carnaval romain), des extraits de Roméo et Juliette et de la Symphonie fantastique, et l’intégrale d’Harold en Italie. On remarquera que sur presque tous les programmes de concert reproduits ci-dessous les œuvres de Berlioz sont, avec l’exception des concerts du 9 mai 1863 et du 20 avril 1867, placées à la fin du concert; dans le cas des concerts du 9 mai 1863 et du 20 avril 1867 elles sont placées à la fin de la première partie. L’intention était sans doute de leur donner plus de relief. Il faut aussi citer le grand succès de la ‘Soirée Berlioz’ organisée à New York en 1858 par l’impresario Bernard Ullman dans le cadre d’un grand Festival: une partie en est consacrée à des morceaux populaires de Berlioz (l’ouverture des Francs-Juges, l’Invitation à la valse de Weber instrumentée par Berlioz, et la Marche hongroise). Le festival a tant de succès qu’il doit être donné quatre fois de suite (19, 20, 21, 23 avril 1858). Mais d’un autre côté les limites du répertoire embrassé sont évidentes: ni la Symphonie fantastique ni Roméo et Juliette ne sont donnés dans leur intégralité, et ne le seront qu’après la mort du compositeur, et sauf pour les exécutions du Freischütz de Weber avec les récitatifs de Berlioz, les œuvres vocales ou chorales sont entièrement délaissées, même la 2ème partie de L’Enfance du Christ (La Fuite en Égypte), qui ne demande cependant que des effectifs instrumentaux et vocaux très modestes. Tout ce qu’on joue de la Damnation de Faust sont quelques extraits pour orchestre.

    Pour cela l’Amérique devra attendre l’arrivée d’un autre chef d’orchestre allemand, Leopold Damrosch (1832-1885; portrait ci-dessous), qui ne s’installe en Amérique qu’en 1871, bien plus tard que les trois autres chefs cités. Comme Berlioz lui-même, Damrosch avait abandonné une carrière en médecine que ses parents lui destinaient pour se consacrer à la musique comme violoniste, chef d’orchestre et compositeur. Il est actif à Breslau (Wroczlaw) à partir de 1858 et s’oriente de sa propre initiative vers la musique contemporaine, notamment Berlioz, Liszt et Wagner. Berlioz le rencontre à Löwenberg en avril 1863 où il apprend que Damrosch a exécuté le scherzo de la Reine Mab à Breslau avec grand succès (CG no. 2714). Son installation aux États-Unis va transformer la situation pour la musique de Berlioz, et la liste des œuvres dont il donne la première exécution en Amérique est ample (pour ce qui suit voir la table dans Saloman pp. 210-15). Elle comprend les premières intégrales de la Symphonie fantastique (1879), la Damnation de Faust (1880; cf. aussi 1886), le Requiem (1881), Roméo et Juliette et L’Enfance du Christ (tous deux en 1882). Il fait entendre aussi des extraits des Troyens à Carthage (1877). Son fils Walter Damrosch (1862-1950) — né à Breslau avant que sa famille quitte l’Allemagne — suit les traces de son père comme partisan de la musique de Berlioz. Les activités de Damrosch incitent Theodore Thomas à élargir son répertoire Berlioz pour inclure quelques nouveautés, notamment quelques œuvres chorales (1887 et 1888), des extraits des opéras (Benvenuto Cellini [1882], Les Troyens [1882 et 1883] et Béatrice et Bénédict [1881]), et la première exécution intégrale des Tristia (1885).

    On remarquera que la recrudescence d’intérêt pour Berlioz en Amérique à partir de la fin des années 1870 et pendant les années 1880 coincide avec le renouveau de Berlioz à Paris après la mort du compositeur, et avec l’activité des premiers chefs d’orchestre en France, notamment Jules Pasdeloup et surtout Édouard Colonne. On supposera volontiers qu’à travers l’Atlantique ces derniers ont pu influencer leur collègues américains.

Choix de lettres de Berlioz

1826

À Edouard Rocher, (CG no. 63; vers le 10 septembre 1826)

[…] Mon père me donne la somme de 50 francs par mois, du moins il m’a dit qu’il ne me donnerait que cela l’année prochaine, et pour m’accoutumer au régime, il m’a envoyé, le 14 août, la somme de cent francs en me disant que c’était tout ce qu’il pouvait me donner cette année. Quand j’ai reçu cette lettre, j’ai bien vu où il en voulait venir, c’est à me réduire peu à peu, jusqu’à ce qu’il ne me donne rien. Alors, tout de suite j’ai fait parler au Consul Brésilien pour savoir s’il y avait quelques avantages à espérer dans l’Amérique du sud. Il m’a fait répondre qu’un artiste français pouvait gagner prodigieusement d’argent dans la république de Buenos-Ayres, et que si je voulais y passer, il me paierait mon passage ainsi que celui du jeune homme qui lui parlait et qui devait partir avec moi. Il ne voulait pas prendre d’engagement ni donner rien d’avance. C’est ce qui m’a retenu en partie. En outre, je n’avais pas le sou pour aller au Havre, et je ne sais pas le portugais et il faut au moins quatre mois pour l’apprendre. Charles [Bert] et [Antoine] Charbonnel m’ont fait valoir toutes ces raisons ; les plus fortes cependant pour moi, étaient la terrible impression qu’un pareil départ aurait produit sur l’esprit de mes parrents et le retard énorme que ce voyage aurait apporté à ma carrière. D’abord il me fallait renoncer au Prix de Rome pour lequel je suis le champion actuellement que Pâris et Simon sont éloignés. […] Ensuite, en allant à Buenos-Ayres, mon opéra fait et ceux à faire étaient diablement exposés à ne jamais être représentés en Europe. Ainsi donc, je reste. […]

[Note: Selon CG tome I p. 153 n. 1, Berlioz confond dans cette lettre Buenos Aires et Rio de Janeiro]

1835

À sa sœur Adèle Berlioz (CG no. 439; 2 août 1835)

[…] (Berlioz est obligé d’écrire des articles de journaux pour gagner sa vie et n’a pas le temps de composer) Henriette se désole de me voir ainsi esclave, d’autant plus qu’elle ne peut rien faire elle-même; nous avons été un instant sur le point de partir pour l’Amérique du Nord, mais des incertitudes sur le sort qui pourrait lui être offert et la trop grande jeunesse de Louis nous ont retenus. […] Il n’y aura dans quelques années, plus, ou à peu près plus de théâtre en France (excepté les théâtres de boulevard); il n’y en a plus en Angleterre, tous les acteurs de quelque mérite dans la haute poésie dramatique s’enfuient en Amérique. […]

1837

À Robert Schumann (CG no. 486; 19 février 1837)

[…] L’an dernier, on m’écrivit à peu près en même temps de Vienne et de Milan, pour avoir un exemplaire manuscrit de ces deux ouvrages [la Symphonie fantastique et Harold en Italie]; non point dans le but de les graver, mais seulement de les faire entendre. Il y a quelques mois, une lettre semblable me fut adressée de la Nouvelle-Orléans. Les offres très advantageuses qui accompagnaient ces demandes ne me séduisirent point. J’ai toujours refusé et toujours pour la même raison, la crainte d’être traduit à contre-sens par une exécution infidèle ou incomplète. […]

1839

À sa sœur Nancy Pal (CG no. 696; 13 décembre 1839)

[…] (Berlioz évoque dans cette lettre l’article de Jules Janin sur les privations subies par le compositeur en 1826-27 pendant ses premières années à Paris) Quant à la verité des faits il est inutile de la contester, trop d’artistes me connaissaient alors et m’ont vu dans ce Théâtre des Nouveautés pour que la chose pût rester secrète. Il y a plus, j’étais alors si désesperé, si enragé de l’oppostion que j’éprouvais, que, plutôt de retourner à la Côte, ainsi qu’on voulait m’y forcer, je demandai à partir pour l’île de Bourbon ou pour l’Amérique. […]

1848

À son oncle paternel Victor Berlioz (CG no. 1238; 26 novembre 1848) (Voir aussi la lettre suivante)

[…] Que fait Jules ? [Jules Berlioz, cousin de Berlioz] A-t-il achevé son orgue ? Il y a évidemment dans l’auteur d’un pareil ouvrage l’étoffe d’un maître et les éléments d’une fortune si les circonstances le favorisent. […] Mais l’encombrement est évident dans cette carrière comme dans toutes les autres parties de l’industrie savante et ce ne serait guère qu’en allant l’exploiter dans l’Amérique du Nord qu’on trouverait la veine d’or qu’elle contient. Les protestants ont la monomanie des orgues et des cantiques et chaque jour voit une nouvelle église s’élever aux Etats-Unis. C’est à considérer... […]

À son cousin Jules Berlioz  (CG no. 1241; 19 décembre [1848]) (Voir la lettre précédente)

Je n’ai pu obtenir qu’une très petite partie des renseignements que tu me demandes. Je ne puis te dire quels capitaux il faudrait ; mais s’il ne s’agit que d’un séjour en Amérique pour étudier le terrain, cinq ou six mille francs me paraissent nécessaires. Je ne sais rien relativement aux ouvriers à emmener ; mais tu en trouverais sans doute là-bas.
J’ai vu, entres autres, Michel Chevalier, notre collaborateur des Débats, qui a longtemps vécu aux Etats-Unis. Et voici ce qu’il m’a dit :
On part toujours du Havre. La traversée sur un bateau à voile coûterait au plus 800 fr. et 1100 francs sur un bateau à vapeur.
Les dépenses aux Etats-Unis pour la nourriture, le logement, etc., ne peuvent guère être moindres que dix dollars par semaine, 55 francs.
Toutes les portions des Etats-Unis et le Canada qui est en grande partie catholique te conviendraient. […]
Mais je te dirais : avant tout apprends l’anglais. On parle français, il est vrai, mais peu, et tu serais à chaque instant arrêté par cet obstacle.
Voilà, mon cher ami, tout ce que je puis te dire là-dessus. L’important, pour bien commencer, c’est d’avoir du temps et de l’argent.
Mais apprendre l’anglais en attendant. […]

1849

À Franz Liszt (CG no. 1250; vers le 25 mars 1849)

[…] Belloni [le secrétaire de Liszt] me parle de ton projet de tournée dans l’Amérique du Nord. Ceci me paraît un projet violent. Traverser l’Atlantique pour aller faire de la musique aux Yankees, qui ne songent en ce moment qu’aux mines de la Californie !... Toi seul est juge de l’utilité d’un semblable voyage. Quant à ce qu’on peut faire ici auparavant, je n’en sais absolument rien... Cela varie d’un jour à l’autre selon que le thermomètre de l’émeute monte ou descend, que le socialisme est à la tempête, au calme plat, ou au laid-fixe. […]

1852

À Franz Liszt (CG no. 1499; 2 juillet 1852)

[…] Hier il m’est venu une proposition américaine. Il s’agissait d’aller donner une série de concerts à New-York. Je n’ai pas accepté ; mais si j’accepte jamais, séduit par des offres plus avantageuses, ce sera uniquemet dans l’espoir de pouvoir au retour résigner mes fonctions de critique musical, qui font ma honte et mon désespoir. […]

À son beau-frère Camille Pal (CG no. 1500; 2 juillet 1852)

Me voilà de retour, après la plus brillante saison musicale dont on ait mémoire à Londres. […] Je suis chaleureusement adopté par l’Angleterre ; j’ai même reçu hier une proposition de New-York qui prouve que ce dernier succès a eu du retentissement en Amérique. Cette proposition je me suis tenu à quatre pour ne pas l’accepter parce que j’en espère l’an prochain une meilleure. […]

1857

À sa sœur Adèle Suat (CG no. 2222; 9 avril 1857)

[…] J’ai dernièrement reçu une proposition très sérieuse d’Américains. Il s’agissait d’aller, au mois d’octobre prochain, passer cinq mois à New-York, Philadelphie et Boston, pour y faire entendre mes ouvrages. On m’offrait 20 mille dollars (cent-cinq mille francs) et les frais de voyage. La somme devait être déposée à Paris. Après mûres réflexions, j’ai refusé pour cette année, en offrant d’accepter pour 1858. Je veux, avant tout, finir mon ouvrage [les Troyens]. Les entrepreneurs arriveront à Paris, dans six semaines, et nous reprendrons cette négociation.
Mes amis sérieux m’approuvent de rester à Paris. D’ailleurs je suis si affabli par ma névrose que je n’aurais pas la force de mener à bien une aussi rude expédition. […]

À l’éditeur Jakob Melchior Rieter-Biedermann (CG no. 2233; 14 juin 1857)

[…] Je vais encore cette année diriger le concert de Bade, qui aura lieu le 18 août. Je partirai d’ici pour Plombières le 15 juillet, et je ne pourrai en conséquence avoir le plaisir de vous voir à Paris. Mais ne viendrez-vous pas à Bade ? J’ai beaucoup à vous dire au sujet de nos publications. Une circumstance se présentera peut-être l’an prochain qui pourrait en faciliter beaucoup la vente pour l’Amérique. Nous en causerons. […]

À sa sœur Adèle Suat (CG no. 2235; 26 juin 1857)

[…] Les journaux américains continuent à annoncer mon arrivée pour l’autonne de 1858, comme si l’affaire était arrangée et signée. Ce sont de drôles de gens que ces hommes d’affaires ! […]

À la Princesse Carolyne Sayn-Wittgenstein (CG no. 2264; 30 novembre 1857)

[…] On ne parle partout en Amérique que de banqueroutes, et les théâtres et les concerts s’avancent vers la chute du Niagara. Les nôtres n’ont pas ce danger à courir. Il n’y a pas de cataracte, chez nous, parce qu’il n’y a pas de courant […]

1858

À Franz Liszt (CG no. 2317; 28 septembre 1858)

[…] Wallace le Néo-Zeelandais, dont l’histoire se trouve à la fin de mes Soirées de l’orchestre, est de nouveau revenu des antipodes. Il va visiter Weimar dans quelques mois, et veut que je lui donne une lettre pour toi. Reçois-le sans peur, il ne te mangera pas ; il n’a, par exception et tout Zeelandais qu’il soit, aucun goût pour la chair humaine. […] Je ne connais pas une des partitions de Wallace et ne puis, en conséquence, t’en parler; son opéra de Maritana a eu du succès sur plusieurs scènes d’Angleterre et d’Allemagne et son nom est populaire aux Etats-Unis. […]

[Note: Wallace était irlandais de naissance et non néozélandais]

1859

À Alfred-Auguste Cuvillier-Fleury (CG no. 2349 [voir tome VIII p. 470]; 6 février 1859)

[…] Je l’ai relu avec un plaisir presque puéril, si tant est qu’il puisse y avoir de la puérilité dans le sentiment qu’on éprouve en se voyant loué par vous.
Ah vous parlez de ma verve, c’est la vôtre qui est merveilleuse ! Je suis tout au plus une lourde locomotive allemande, vous êtes la locomotive américaine qui fait ses vingt-cinq lieues par heure en lançant des torrents d’étincelles sans laisser échapper de fumée. […]

1861

À Humbert Ferrand (CG no. 2566; 14 juillet 1861)

[…] Un entrepreneur américain a voulu m’engager pour les Etats-Désunis cette année ; mais ses offres ont échoué contre des antipathies que je ne puis vaincre et le peu d’âpreté de ma passion pour l’argent. Je ne sais pas si votre amour pour ce grand peuple et pour ses mœurs utilitaires est beacoup plus vif que le mien… j’en doute.
Je ne pourrais d’ailleurs sans une haute imprudence m’absenter pour un an de Paris. On peut me demander les Troyens d’un moment à l’autre. […]

[Note: L’‘entrepreneur américain’ pourrait être Max Maretzek, que Berlioz avait connu à Londres en 1847-1848 où il était chef des chœurs du théâtre de Drury Lane; il alla s’installer aux États-Unis où il fonda la compagnie de l’Opéra Italien à New York. — Les ‘États-Désunis’ renvoie à la guerre de Sécession américaine qui avait éclaté au début de l’année et devait durer jusqu’en 1865]

À sa nièce Nancy Suat (CG no. 2575; 1er octobre 1861)

[…] J’ai engagé dernièrement une admirable et charmante cantatrice pour mon rôle de Béatrice (dans le petit opéra [Béatrice et Bénédict]). C’est Mme Charton-Demeur. Elle allait partir pour l’Amérique, mais les événements de la guerre entre les Etats Désunis lui ont permis de rompre son engagement ; et je l’ai prise au vol pour notre opéra de Bade. […]

1862

À Humbert Ferrand (CG no. 2646; 21 août 1862)

[…] On voudrait monter Béatrice et Bénédict à l’Opéra-Comique, mais la Béatrice manque. Il n’y a pas dans nos théâtres une femme capable de chanter et de jouer ce rôle; et Mme Charton part pour l’Amérique. […]

À sa nièce Nancy Suat (CG no. 2679; 11 décembre 1862)

[…] Tu me parles de mon volume A travers Chants ; il a beaucoup de succès en France, en Allemagne, en Angleterre et en Amérique. […]

1863

À son oncle Félix Marmion (CG no. 2690; 15 janvier 1863)

[…] Je n’ai pas encore pu me décider à donner cet opéra [Béatrice et Bénédict] au Théâtre Lyrique où il m’est demandé ; je n’y trouve pas de chanteurs suffisants et Mme Charton Demeur est en Amérique. […]

À son beau-frère Camille Pal (CG no. 2694; 3 février 1863)

[…] On me promet tout ce que je voudrai au Théâtre lyrique [pour monter les Troyens]; on engagerait Mme Charton (qui va revenir d’Amérique) pour le role de Didon […]. Au mois d’août je retournerai à Bade pour y remonter Béatrice avec Mme Charton-Demeur. […]

À James William Davidson (CG no. 2695; 5 février 1863)

[…] Je viens de recevoir de New York une lettre qui m’a vivement ému ; c’est celle d’un jeune musicien américain [Jerome Hopkins — voir la lettre suivante] qui me demande de lui écrire, parce qu’il a une carrière difficile et que le chagrin le tue. Il s’adresse mal pour trouver un consolateur ; je vais pourtant lui répondre de mon mieux. […]

À Edward Jerome Hopkins (CG no. 2696; 6 février 1863) (voir la lettre précédente)

[…] Vous vous faites probablement une idée très fausse de la vie des artistes (dignes de ce nom) à Paris. Si pour vous New York est le purgatoire des musiciens, pour moi qui le connais, Paris est leur enfer. Ainsi ne vous découragez pas trop. […]

À Humbert Ferrand (CG no. 2698; 3 mars 1863)

[…] Louis [le fils de Berlioz] est remonté sur un vaisseau, il espère être bientôt capitaine. Il est maintenant au Mexique, prêt à repartir pour la France où il sera dans un mois. […]

À Louis-Albert Bourgault-Ducoudray (CG no. 2718; fin avril 1863)

[…] Un jeune Américain [Jerome Hopkins — voir ci-dessus] m’écrivait dernièrement de New York et, parmi ses confidences, il m’avouait qu’un de ses rêves serait de me voir réinstrumenter la symphonie pastorale de Beethoven, l’orage surtout, “avec votre connaissance spéciale des instruments de cuivre, disait-il, vous feriez de ce morceau un monument impérissable.” Ne faut-il pas être né sur le bord du lac Ontario pour avoir des idées aussi monstrueuses! J’étais furieux. […]

1864

À son beau-frère Camille Pal (CG no. 2840; 1er mars 1864)

[…] On me demande quelques scènes de Roméo et Juliette pour le dernier concert du Conservatoire.
On vient de donner le même ouvrage à Bâle en Suisse, Harold en Italie à Weimar, Le Carnaval Romain à Vienne, encore Harold en Italie à New Yorck [sic].
Voilà tout ce que je sais; heureusement je n’entends pas tout cela, car à très peu d’exceptions près, l’exécution ne doit pas être merveilleuse. […]

[Note: Harold en Italie avait été exécuté pour la première fois aux États-Unis le 9 mai 1863, par la Brooklyn Philharmonic Society sous la direction de Theodore Thomas, avec E. Mollenhauer en soliste]

À Humbert Ferrand (CG no. 2856; 4 mai 1864)

[…] Notre Harold vient d’être encore donné avec grand succès à New York… Qu’est-ce qui passe par la tête de ces Américains ? [ …]

Au Grand-Duc Carl Alexander de Saxe Weimar (CG no. 2857; 12 mai 1864)

[…] On joue quelques-uns de mes ouvrages au loin, dans plusieurs villes d’Allemagne, en Angleterre, en Amérique, et ailleurs. J’ai fait quatre opéras qu’on ne joue nulle part. […]

À la Princesse Carolyne Sayn-Wittgenstein (CG no. 2871; 3 août 1864)

[…] Si je n’étais pas si malade, je monterais sur la vaisseau où commande mon fils, et j’irais au Mexique. Mais quand on ne peut pas seulement traverser l’Atlantique, il vaut mieux rester dans notre beau Paris, qui s’embellit tous les jours, qui verdoie, qui rayonne. […]

1865

À Madame Estelle Fornier (CG no. 2970; 20 janvier 1865)

[…] On m’envoie un journal américain qui contient un charmant article sur l’exécution de mon ouverture du Roi Lear à New Yorck. […]

[Note: Le Roi Lear, joué pour la première fois à New York en 1846, avait été donné le 17 décembre 1864 par la New York Philharmonic Society sous la direction de Theodore Eisfeld; voir aussi les lettres suivantes]

À Humbert Ferrand (CG no. 2973; 25 janvier 1865)

[…] On vient de m’envoyer un journal américain contenant un très bel article sur l’exécution à New Yorck de l’ouverture du Roi Lear, sœur de la précédente [l’ouverture des Francs-Juges]. Quel malheur de ne pas vivre cent cinquante ans ! Comme on finirait par avoir raison de ces gredins de crétins ! […]

À De La Chapelle (CG no. 2979; 26 février 1865)

[…] Sur la demande de M. Weber, fils de l’illustre auteur du Freyschütz, j’ai cherché inutilement un libraire qui osât publier les mémoires de ce grand maître : personne n’en a voulu. Il ne faut pas oublier que nous sommes à Paris, où l’on aime la musique à peu près comme chez les Sioux, les Pawnies, et Pieds-noirs de l’Amérique. […]

À la Princesse Carolyne Sayn-Wittgenstein (CG no. 2982; 20 mars 1865)

[…] On m’exécute souvent maintenant à St Pétersbourg, à Berlin, à Vienne, à Copenhague, à New-Yorck, à Bordeaux, même à Paris. […]
Avez[-vous] lu le récit de la découverte faite, il n’y a pas longtemps sur le bord du Mississipi, d’une vallée nommée les mauvaises terres? On y a trouvé des montagnes d’ossements d’animaux antédéluviens, morts entassés à cet endroit, à l’époque du dernier cataclysme; aucune de ces races n’existe aujourd’hui, à l’exception de celle du rhinocéros.
Quel glorieux survivant!
Qui d’entre nouis pourra se flatter d’être un rhinocéros?

À ses nièces Nancy et Joséphine Suat (CG no. 3032; 11 août 1865)

[…] On joue beaucoup de ma musique maintenant en Russie, en Allemagne, en Danemarck, en Suède, et en Amérique ; il y a des gens qui m’adorent et que je ne connaîtrai jamais. […]

À Madame Estelle Fornier  (CG no. 3057; 4 novembre 1865)

[…] On annonce l’exécution de plusieurs de mes ouvrages dans les concerts à Bruxelles, à Vienne, à Dresde, à Boston, à New York. […]

1866

À Adolphe Samuel (CG no. 3076; 3 janvier 1866)

[…] Je suis toujours malade et de jour en jour plus indifférent pour tout ce qui se passe dans notre monde musical. Il m’a été pourtant, j’en conviens, très agréable d’apprendre qu’on avait exécuté avec beaucoup de précision et d’entrain ma symphonie d’Harold à Moscou et à New-Yorck. Ce sont là des peuples nouveaux pour la musique et qui disent volontiers : Go to the head ! […]

1867

À ses nièces Joséphine et Nancy Suat (CG no. 3211; 11 janvier 1867)

[…] On me demande de New Yorck d’indiquer un statuaire pour faire mon buste qu’on veut placer dans une immense salle de concert qu’on vient de bâtir. Voilà bien la preuve que je suis mort. Il n’y a plus à en douter maintenant. Pourtant les morts ne souffrent guère… […]

[Sur le buste de Berlioz par Perraud, commandé par Theodore Steinway pour les salons Steinway à New York, voir ci-dessous les lettres CG nos. 3279, 3283, 3284, 3286, 3346. Les salons Steinway avaient été ouverts l’année précédente à 14th Street, New York; la salle principale pouvait contenir 2000 auditeurs et devint le siège de la Philharmonique de New York jusqu’à l’ouverture de Carnegie Hall en 1891]

À Auguste Morel (CG no. 3241; 12 mai 1867)

[…] On a joué avant-hier L’Enfance du Christ à Copenhague, on l’avait donnée un mois auparavant à Lausanne en Suisse. On me joue un peu partout mainenant, même en Amérique; excepté à Paris. Pourtant Pasdeloup y éreinte quelques-uns de mes morceaux de temps en temps.
Louis est toujours au Mexique. […]

À Humbert Ferrand (CG no. 3244; 11 juin 1867)

[…] J’ai été sollicité vivement il y a quelques jours par des Américains d’aller à New Yorck, où je suis, disent-ils, populaire. On y a joué cinq fois l’an dernier notre symphonie d’Harold en Italie, avec un succès qui est allé croissant et des applaudissements Viennois. […]

À Madame Estelle Fornier (CG no. 3245; 15/16 juin 1867)

[…] J’ai reçu à diverses reprises des propositions très séduisantes de plusieurs Américains qui voudraient me faire aller à New Yorck, où ils prétendent que je suis populaire. Mais je ne suis pas en position d’entreprendre un tel voyage et j’ai refusé toutes leurs offres. […]

À Theodore Steinway (CG no. 3278; 25 septembre 1867)

[…] Je viens d’entendre les magnifiques instruments que vous nous avez apportés d’Amérique et qui sortent de vos ateliers. Permettez-moi de vous complimenter pour les belles et rares qualités que ces pianos possèdent. […] C’est un grand progrès, entre autres, que vous avez apporté dans la fabrication du piano, un progrès dont tous les artistes et amateurs doués d’une oreille délicate vous sauront un gré infini. […]

À sa nièce Nancy Suat (CG no. 3279; 29 septembre 1867)

[…] J’ai encore eu une proposition de Steinway, le riche fabricant de pianos de New Yorck ; il est venu avant-hier me demander avant son départ d’aller au moins l’an prochain en Amérique et sais-tu ce qu’il m’a offert ?…
CENT MILLE FRANCS !
Il est bien temps, à présent que je ne suis bon à rien !
Pourtant je tâcherai de faire en Russie quelque chose de bien. Ah ! si j’avais seulement la force.
J’ai tout à l’heure à m’entendre à l’Institut avec mon confrère Perrot [sic pour Perraud] qui va faire pour M. Steinway mon buste en marbre. On le coulera ensuite en bronze pour la grande salle de New York. Ces messieurs se sont entendus pour la dépense de ce buste. […]

[Sur le buste de Berlioz par Perraud voir CG no. 3211 ci-dessus. Le buste existe encore à New York, et il y en a des copies à Saint-Pétersbourg (voir CG no. 3346), au Musée Hector-Berlioz à La Côte-Saint-André, et un exemplaire à l’Institut de France. Voir l’image en haut de cette page à gauche]

À Madame Estelle Fornier (CG no. 3283; 4 octobre 1867)

[…] Tout me vient à présent que je n’en puis plus. Il y avait aussi à Paris un riche Américain fabricant de pianos [Steinway] qui, il y a deux mois, m’avait déjà fait des offres brillantes pour me décider à aller à New Yorck, offres que j’avais refusées : en apprenant que j’acceptais la proposition des Russes, il est revenu avant-hier renouveler la sienne. « Venez au moins l’an prochain, m’a-t-il dit, et souvenez-vous que pour six mois passés à New Yorck, je vous offre cent mille francs. »
En attendant que je me décide, il fait faire ici mon buste en bronze pour placer dans un salle superbe qu’il vient de faire construire pour les concerts à New Yorck ; et je vais chaque jour poser chez le statuaire [Perraud]. […] 

À Lambert et Aglaé Massart (CG no. 3284; 4 octobre 1867)

[…] Vous saurez encore qu’un Américain dont j’avais refusé les offres, il y a un mois et demi, apprenant que j’acceptais celles des russes, est revenu il y a trois jours, m’offrir cent mille francs, si je voulais aller à New Yorck l’année prochaine. Que dites-vous de cela ? En attendant, il fait faire ici mon buste en bronze pour une superbe salle qu’il a fait bâtir là-bas ; et je vais poser tous les jours. Si je n’étais pas si vieux, tout cela me ferait plaisir. […]

À Humbert Ferrand (CG no. 3286; 8 octobre 1867)

[…] Mme la Grande Duchesse Hélène de Russie était dernièrement à Paris […] Elle m’a demandé de venir à St Pétersbourg le mois prochain pour y diriger six concerts du Conservatoire dont l’un serait composé exclusivement de ma musique. […]
J’ai refusé en revanche, et avec obstination, les instances d’un entrepreneur américain qui est venu m’offrir cent mille francs pour aller passer six mois à New Yorck. Alors ce brave homme, de colère, a fait faire ici mon buste en bronze et plus grand que nature, pour le placer dans une salle qu’il vient de faire construire en Amérique. Vous voyez que tout vient quand on a pu attendre et qu’on n’est à peu près bon à rien. […]

À la Princesse Carolyne Sayn-Wittgenstein (CG no. 3296; 27 octobre 1867)

[…] J’ai eu des nouvelles de Meiningen par trois personnes : un Allemand, qui m’a écrit sur la scène d’amour, l’adagio de Roméo et Juliette, un Américain, qui était au festival, et Gasperini, le critique, qui y était également. Sans cela, je n’en aurais pas entendu parler. Tout m’est à peu près égal maintenant. […]

1868

À Vladimir Stasov  (CG no. 3346; 1er mars 1868)

[…] Hier je me suis traîné à l’Académie où j’ai vu mon statuaire et confrère Perrot [Jean-Joseph Perraud]. Il m’a appris que l’Américan Steinway l’avait enfin payé pour mon buste et qu’on était en ce moment occupé à en couler trois exemplaires plus grands que nature pour New York et Paris. Je crois bien que c’est vous qui m’aviez manifesté le désir d’en avoir un en bronze pour le Consevatoire de Pétersbourg. Si ce n’est pas vous, c’est Kologrivoff, ou Cui, ou Balakireff. En tout cas, sachez et faites-leur savoir, que M. Perrot m’a appris qu’on pourrait couler encore d’autres exemplaires de ce buste et que cette fonte coûterait 280 fr. Ecrivez-moi rue de Calais, No. 4 à Paris. […]

Table d’exécutions de Berlioz aux États-Unis de son vivant

    La table ci-dessous a été établie à partir de plusieurs sources: des programmes de concerts dans notre collection (reproduits ci-dessous), les entrées sur les exécutions d’œuvres de Berlioz de son vivant dans le Catalogue de Holoman (pp. 43, 51, 105, 189, 202, 240, 243, 256, 263, 269, 274, 296), et l’Appendice de Saloman (Selected Performances of Hector Berlioz’s Works in New York, 1846-90), pp. 210-15. Cette table ne prétend pas être complète, et il y a d’ailleurs quelques divergences entre les listes de Holoman et de Saloman. Elle nécessitera sans doute des corrections et suppléments ultérieurement. On trouvera ci-dessus un commentaire sur ces exécutions.

    On a utilisé les abréviations suivantes: Carnaval romain = Ouverture du Carnaval romain, Corsaire = Ouverture du Corsaire, Francs-Juges = Grande Ouverture des Francs-Juges, Invitation = Weber, L’Invitation à la valse instrumentée par Berlioz, Marche marocaine = Léopold de Meyer, Marche marocaine arrangée et instrumentée par Berlioz, Marche hongroise = Marche hongroise de la Damnation de FaustMarche d’Isly = Léopold de Meyer, Marche d’Isly instrumentée par Berlioz, Roi Lear = Grande Ouverture du Roi Lear, Roméo = Roméo et Juliette, Waverley = Grande Ouverture de Waverley.

Année Date Œuvre Lieu/salle Direction/artistes Notes
1845 10 novembre Marche marocaine New York Léopold de Meyer Première exécution aux États-Unis
1846 7 mars Francs-Juges New York Philharmonic Society of New York
dir. A. Boucher
Première exécution aux États-Unis
  2 octobre Marche marocaine, Marche d’Isly New York George Loder Première exécution aux États-Unis de la Marche d’Isly; voir Allen Lott
  8 octobre Marche marocaine, Marche d’Isly New York George Loder  
  3 novembre Marche marocaine, Marche d’Isly New York George Loder  
  10 novembre Marche d’Isly Philadelphie Léopold de Meyer  
  21 novembre Roi Lear New York Philharmonic Society of New York
dir. George Loder
Première exécution aux États-Unis
1851 13 décembre Waverley Boston ? Première exécution aux États-Unis
1853 22 octobre Invitation Boston ? Première exécution aux États-Unis?
  ? Roi Lear New York Theodore Eisfeld  
1854 6 janvier Roi Lear Boston ?  
1855 ? Francs-Juges New York ?  
1856 12 janvier Francs-Juges New York Carl Bergmann  
  13 avril Carnaval romain New York Carl Bergmann Première exécution aux États-Unis
  18 ou 25 mai Waverley New York Carl Bergmann Première exécution à New York
1857 24 janvier Carnaval romain Boston ?  
1858 19, 20, 21, 23 avril Soirée Berlioz:
Francs-Juges, Invitation,
Marche hongroise
New York C. Anschütz Organisé par Bernard Ullman
1859 26 avril Rêverie et caprice New York Theodore Thomas (violon),
avec accompagnement de piano
 
  juillet Rêverie et caprice Farmington, Connecticut Theodore Thomas (violon),
avec accompagnement de piano
 
1859-1860 ? Roméo parties II & IV New York ? Première exécution aux États-Unis (?)
  ? Francs-Juges New York ?  
1860 27 & 30 janvier
1er février
Weber Der Freischütz avec les récitatifs de Berlioz Boston ? Première exécution aux États-Unis
  10 & 16 février Weber Der Freischütz avec les récitatifs de Berlioz New York Carl Bergmann  
1861 18 avril Marche hongroise New York ?  
  9 novembre Carnaval romain New York Philharmonic Society of New York,
dir. Carl Bergmann
 
  14 décembre Francs-Juges Brooklyn Philharmonic Society of Brooklyn,
dir. Carl Bergmann
Voir l’image du programme
1862 8 mars Carnaval romain Brooklyn Philharmonic Society of Brooklyn,
dir. Carl Bergmann
Voir l’image du programme
1863 7 mars Corsaire Brooklyn Philharmonic Society of Brooklyn,
dir. Carl Bergmann
 
  9 mai Harold en Italie Irving Hall, New York Theodore Thomas dir.
E. Mollenhauer, alto; A. F. Toulmin, harpe
Première exécution aux États-Unis
Voir l’image du programme et la transcription du texte; voir aussi CG nos. 2840, 2856, 3076
1864 ? Carnaval romain New York ?  
  24 novembre Francs-Juges St Louis ?  
  3 décembre Roméo IIème partie ? Theodore Thomas Orchestra, dir. Thomas  
  17 décembre Roi Lear New York New York Philharmonic Orchestra,
dir. Theodore Eisfeld
Voir l’image du programme et CG nos. 2970, 2973
1865 11 mars Carnaval romain New York Carl Bergmann  
1866 27 janvier Symphonie fantastique
I-IV
New York Philharmonic Society of New York
dir. Carl Bergmann
Voir l’image du programme et la transcription du texte
  14 février Francs-Juges Boston ?  
  24 mars Harold en Italie New York Theodore Thomas dir.;
G. Marzka, alto
Selon Berlioz (CG no. 3244) Harold en Italie fut exécuté 5 fois à New York en 1866
  15 décembre Carnaval romain New York Philharmonic Society of New York
dir. Carl Bergmann
 
1867 19 janvier Roméo Ière partie Brooklyn Philharmonic Society of Brooklyn,
dir. Theodore Thomas
 
  20 avril Roméo parties III & IV New York, Steinway Hall Philharmonic Society of New York,
dir. Carl Bergmann
Voir l’image du programme
  9 novembre Benvenuto Cellini (ouverture) Brooklyn Philharmonic Society of Brooklyn,
dir. Theodore Thomas
Première exécution aux États-Unis
  28 décembre Carnaval romain Philadelphie ?  
1868 21 mars Benvenuto Cellini (ouverture) Brooklyn Philharmonic Society of Brooklyn,
dir. Theodore Thomas
 
  4 avril Roméo IIème partie Brooklyn Philharmonic Society of Brooklyn,
dir. Theodore Thomas
 
  28 novembre Symphonie fantastique
III-IV
New York Philharmonic Society of New York,
dir. Carl Bergmann
Voir l’image du programme
  6 décembre Marche hongroise New York ?  
1869 13 février Francs-Juges Philadelphie ?  

 

Illustrations

Portraits de chefs d’orchestre
Programmes de concerts du vivant de Berlioz
Programmes de concerts après sa mort

A. Portraits de chefs d’orchestre

Theodore Eisfeld (1816-1882)

Theodore Eisfeld

Sur Theodore Eisfeld voir ci-dessus.

Carl Bergmann (1821-1876)
Carl Bergmann

Sur Carl Bergmann voir ci-dessus.

Theodore Thomas (1835-1905)

Theodore Thomas

Sur Theodore Thomas voir ci-dessus.

Leopold Damrosch (1832-1885)

Leopold Damrosch

Sur Leopold Damrosch voir ci-dessus.

B. Programmes de concerts du vivant de Berlioz

    Les programmes de concerts reproduits en ordre chronologique dans cette rubrique et la suivante viennent tous de notre collection. Nous en avons fait don au Musée Hector-Berlioz à La Côte-Saint-André. Voir aussi ci-dessus la table des concerts et le commentaire sur les exécutions de Berlioz aux États-Unis au 19ème siècle.

Les Francs-Juges
Première exécution par la Philharmonic Society of Brooklyn
sous la direction de Carl Bergmann
(14 décembre 1861)

Voir ci-dessus sur le rôle de Carl Bergmann dans la propagation de la musique de Berlioz.

Ouverture Le Carnaval romain
Première exécution par la Philharmonic Society of Brooklyn
sous la direction de Carl Bergmann
(8 mars 1862)

On remarquera que le programme comporte une œuvre de Theodore Eisfeld, depuis 1862 un des chefs de la Philharmonic Society of Brooklyn.

Harold en Italie
Exécuté à Irving Hall, New York
sous la direction de Theodore Thomas
(première exécution en Amérique, 9 mai 1863)

 

Remarquer que le piano utilisé pour ce concert vient de “la célèbre fabrique de STEINWAY & SONS”

 

 

Voir la transcription du texte anglais de cette notice. Sur le rôle de Theodore Thomas voir ci-dessus.

Ouverture Le Roi Lear
Exécutée par la Philharmonic Society of New York
sous la direction de Theodore Eisfeld
(17 décembre 1864)

Voir ci-dessus sur Theodore Eisfeld et Berlioz.

Symphonie fantastique (Parties I-IV)
Première exécution par la Philharmonic Society of New York
sous la direction de Carl Bergmann
(27 janvier 1866)

 

Voir la transcription du texte de cette notice (qui est une traduction anglaise du programme publié par Berlioz en 1855)

Ouverture Les Francs-Juges
Exécutée par la Philharmonic Society of New York
sous la direction de Carl Bergmann
(21 avril 1866)

 

Troisième et quatrième mouvements de Roméo et Juliette
Exécutés par la Philharmonic Society of New York
sous la direction de Carl Bergmann
(20 avril 1867)

Ce concert est donné à Steinway Hall qui avait ouvert ses portes l’année précédente.

Symphonie fantastique (Parties III-IV)
Exécutées par la Philharmonic Society of New York
sous la direction de Carl Bergmann
(28 novembre 1868)

Remarquer que le chef d’orchestre est appelé ici ‘Herr CARL BERGMANN’.

C. Programmes de concerts après sa mort (19ème siècle)

Roméo et Juliette (Parties III, IV, II)
Exécutées par la Philharmonic Society of New York
sous la direction de Theodore Thomas
(9 avril 1881)
concert

 

concert

 

Festival de mai
La Damnation de Faust
Exécutée par la Cleveland Vocal Society
sous la direction de Alfred Arthur
(13 mai 1886)

 

 

 

Site Hector Berlioz créé par Michel Austin et Monir Tayeb le 18 juillet 1997; page Berlioz et les Amériques créée le 1er décembre 2018, mise à jour le 1er janvier 2019.

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Berlioz et les Amériques — Programmes de concerts du 20ème siècle

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