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Berlioz à Paris

31, 34 et 35, rue de Londres

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    Entre 1834 et 1844 Berlioz a habité à 3 adresses différentes dans la rue de Londres, dans le 9ème arrondissement près de la Gare Saint-Lazare, et proches l’une de l’autre: au no. 34 d’octobre 1834 à mai 1835, au no. 35 de septembre 1836 à octobre 1837, puis au no. 31 d’octobre 1837 jusqu’en 1844.

    34 rue de Londres. Le premier séjour, au no. 34, n’est qu’un interlude dans la période de résidence de Berlioz et Harriet Smithson à Montmartre entre 1834 et 1836. Les inconvénients de l’hiver à Montmartre (CG nos. 457, 458) auront sans doute incité les jeunes mariés à revenir à Paris jusqu’au printemps. L’intention de déménager au 34 rue de Londres est mentionnée dans une lettre qui porte la date du 23 septembre 1834; l’appartement est non meublé, souligne Berlioz, et donc moins cher, mais suppose en conséquence des frais d’installation supplémentaires (CG no. 409). La nouvelle adresse est attestée pour la première dans une lettre du 6 octobre 1834 (CG no. 410, avec cachet de la poste du 7 octobre); elle est mentionnée pour la dernière fois dans une lettre du 28 avril 1835 (CG no. 433). Le séjour au 34 rue de Londres n’est que provisoire: le retour imminent à Montmartre est évoqué dans une lettre du 6 mai 1835 (CG no. 435).

    35 rue de Londres. La deuxième fois Berlioz et Harriet Smithson se décident à affronter les rigueurs de l’hiver 1835-6 à Montmartre (CG no. 445), mais l’évidence s’impose: il ne peut être question d’une résidence permanente à Montmartre, et avant même la fin de l’hiver ils songent déjà à revenir s’installer à Paris (CG no. 454). Le déménagement à la nouvelle adresse, 35 rue de Londres, a lieu vers la fin septembre 1836, mais en fait les deux adresses, celle de Montmartre et celle de Paris, se chevauchent pendant quelques semaines: une lettre du 15 septembre est écrite de Montmartre, où Berlioz dit qu’il y sera jusqu’au 5 octobre (CG no. 477), tandis que la lettre suivante, datée du 27 septembre, porte la nouvelle adresse qui est soulignée pour attirer l’attention (CG no. 478). Mais une lettre datée du 11 novembre porte toujours l’adresse de Montmartre, et Berlioz y écrit que 35 rue de Londres sera sa nouvelle adresse ‘après samedi prochain’, soit sans doute le 19 novembre (CG no. 482). La dernière attestation de cette adresse rue de Londres est dans une lettre du 17 septembre 1837 (CG no. 509, avec cachet postal du 18 septembre). Berlioz et Harriet Smithson ont donc séjourné ici un peu plus d’un an. C’est au 35 rue de Londres que Berlioz achève son opéra Benvenuto Cellini (CG no. 493) et écrit le Requiem en 1837 (p. ex. CG nos. 493, 496, 502, 504, 506).

    31 rue de Londres. On ne sait ce qui a provoqué le déplacement du 35 au 31 rue de Londres (à moins qu’il ne s’agisse que d’un renumérotage du même bâtiment; quoi qu’il en soit, l’adresse 35 rue de Londres disparaît désormais de la correspondance du compositeur). La nouvelle adresse est attestée pour la première fois dans une lettre du 11 octobre 1837 (CG no. 510bis, tome VIII), puis dans une lettre du 12 octobre, où elle est soulignée pour attirer l’attention (CG no. 511). Elle est mentionnée pour la dernière fois dans une lettre du 26 juillet 1844 (CG no. 915). Le séjour au 31 rue de Londres représente donc la période de résidence continue à une même adresse la plus longue depuis l’arrivée de Berlioz à Paris en 1821. C’est ici que plusieurs œuvres maîtresses seront écrites, notamment l’ouverture de Benvenuto Cellini, la symphonie avec chœurs Roméo et Juliette, la Symphonie funèbre et triomphale, les mélodies Les Nuits d’été, Rêverie et caprice pour violon et orchestre, les récitatifs pour le Freyschütz de Weber et l’instrumentation de l’Invitation à la valse, la ballade la Mort d’Ophélie, et l’ouverture du Carnaval romain. Le séjour au 31 rue de Londres aurait pu se prolonger au delà de 1844, mais des bouleversements dans la vie personnelle de Berlioz y mettront fin. Au début des années 1840, avant son premier voyage en Allemagne de 1842-3, Berlioz se lie avec la cantatrice Marie Recio et voyage avec elle à Bruxelles en septembre 1842 puis en Allemagne à la fin de l’année (Mémoires, chapitre 51). Au cours de 1844, et peut-être même plus tôt, il va s’installer dans son appartement au 41 rue de Provence, tandis que de son côté Harriet Smithson déménage au 43 rue Blanche au plus tard en novembre 1844. On ne sait quand exactement au cours de l’été ou de l’automne 1844 ils ont tous deux quitté pour de bon l’appartement au 31 rue de Londres.

    Note: une lettre du 9 décembre 1837 est adressée à Berlioz au ‘15 rue de Londres’ (CG no. 526); une autre lettre, du 8 mars 1838, lui est adressée au ‘96 rue de Londres’ (CG no. 543). Dans les deux cas il s’agit sans doute d’une erreur.

    Des trois adresses de Berlioz rue de Londres seul le site du no. 34 existe encore (du côté droit de la rue sur la première photo ci-dessous), mais il semble que l’immeuble dans son état actuel appartienne à plusieurs époques différentes. Nous remercions M. Ludart, un visiteur à notre site, de nous avoir fourni, après un examen approfondi, la description suivante:

“La porte cochère, le hall d’entrée, la rampe d’escalier jusqu’au deuxième étage, les fenêtres de la cage d’escalier jusqu’au deuxième, et le ravalement de la façade sur rue au ciment, le tout date des années fin 1940-début 1950. Cependant, une étude plus poussée montre qu’il ne s’agit que de remaniements d’un bâtiment plus ancien. La rampe de l’escalier à partir du deuxième appartient à un type qui s’est développé de 1830 à 1910. De plus, les derniers éléments authentiques de la façade, les garde-corps en fer forgé, sobres et géométriques, appartiennent à la fin de la période néoclassique, donc des années 1820/1830. D’ailleurs le chambranle de la porte cochère ne contredit pas cette datation. Il est donc fort probable que ce bâtiment soit celui où a habité Berlioz. Simplement la façade a été enlaidie par un mauvais ravalement au ciment dans les années 1940/1950, et le hall et le début de la rampe refait alors.”

    Les nos. 31 et 35 ont par contre complètement disparu, et à leur place se trouve un grand bâtiment moderne occupé à l’heure actuelle par l’administration de la SNCF. Sur la première photo ci-dessous le dernier immeuble résidentiel du côté gauche de la rue est le no. 21, puis vient le bâtiment blanc de la SNCF qui porte les numéros 23 et 29. 

La photo moderne reproduite sur cette page a été prise par Michel Austin en 2000; l’ancienne photo vient de notre collection. © Monir Tayeb et Michel Austin. Tous droits de reproduction réservés.

La rue de Londres en 2000
Rue de Londres

[Image plus grande]

Le 31, rue de Londres d’après une photographie ancienne
Rue de Londres

[Image plus grande]

    La photo ci-dessus est tirée de The International Library of Music for Home and Studio. Music Literature volume 1, p.168 (New York, 1925), de notre collection. Elle serait une photo de l’immeuble habité par Berlioz au no. 31, mais les dates données pour son séjour (1843-1846) sont inexactes.

© Michel Austin et Monir Tayeb pour toutes les images et informations sur cette page.

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