(Transcriptions littérales, dans l’ordre de l’inventaire)
I.
Transcriptions littérales, lettres R96.260.02, R96.856.1 à 3, 2011.02.116 à 153
II.
Transcriptions littérales, lettres 2011.02.154 à 196
Le texte corrigé des lettres d’Adèle Suat
se trouve sur des pages séparées:
I. 1828-1841
II. 1842-1847
III. 1848-1858. Lettres
de date incertaine
Texte
= mots ou lettres de lecture incertaine
*** = mots ou lettres non déchiffrés
[...] = lacune dans le texte
2011.02.197 et enveloppe 2011.02.198 |
Lundi 12 janvier 1846 | À sa nièce Mathilde Pal-Masclet | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages. Timbres postaux sur l’enveloppe: (recto) VIENNE, 12 (JANV.) (année illisible); (verso) GRENOBLE, 15 JANV. (18)46.
Vienne Lundi matin
Je te dois une réponse ma bonne petite
Mathilde je n’ai garde de l’oublier, et c’est le cas de te l’adresser
aujourd’hui ayant à te faire une relation de nos plaisirs d’hier qui pourra
t’interesser je l’espère ; tes cousines t’ont regretté beaucoup à
leur réunion elles avaient invités 16 jeunes personnes à gouter, pour
tîrer le gateau des rois ; te dire ma bonne petite combien on s’est
amusé serait difficile ; depuis deux heures apres midi jusqu’a neuf heures du
soir nous avons variés nos jeux à l’infini, jamais mon imagination n’avait
été mise à plus forte épreuve mais j’ai eu un succes superbe, j’ai
chanté, dansé plus que la plus intrépide ; j’avais il est vrais trois
puissantes auxiliaires pour me soutenir, Melle Beranger
l’ainée, Marie Pascal, et Antoni
Suat [p. 2] et même sa sœur mariée Céline toutes avaient de
belles voix qui étaient précieuses
pour l’orchestre envain j’avais fait chercher un joueur d’orgue, ou de
vieille
il y avait fallu se résigner à s’en passer, aussi aujourd’hui j’ai mal
à la poitrine ; et pour cause : nous avons goutés à quatre
heures et mon immense table offrait un fort joli coup d’œil, la plus petite
fille a été reine, rien n’était gracieux et joli comme cette enfant
de trois ans la fille de Mr Garcin ;
puis venait apres les deux petites Balot
dont Marguerite est la bonne elles avaient des toilettes parisiennes
délicieuses, nous avons eu a regretter les demoiselles faure
elles avaient malheureusement aussi un petit concert hier soir, tu vois ma bonne amie que le
carnaval commence bien ici pour les fillettes [p. 3] J’aurai mon
tour aussi, mercredi chez la Tante Félicie a une soirée
non dansante dit-elle, mais tout le monde s’obstine à croire qu’on
danse quand même le 24 je suis invitée à un bal brillant à Lyon chez
Mr Ardaillon je ne sais trop encore si nous irons ? comme j’ai
une robe à mettre cependant cela pourrait faire pencher la balance, mais nous
avons le temps de songer d’ici là.
puisque le rhume de ta mere est enfin guéri elle doit
commencer aussi à sortir un peu, j’espere qu’elle me tiendra au courant de
vos plaisirs à son tour
J’ai reçu une lettre de ton bon papa la semaine derniere ;
il allait bien et ne songeait plus à faire une visite à Grenoble ;
il m’envoyait la lettre de ton oncle Hector qui j’ai lue avec un grand
interet.
Monique soigne votre Tourterelle de son mieux pour que vous
la retrouviez à Paques en bon Etat.
Adieu Ma chere Mathilde je suis brisée de fatigue ;
jamais bal ne m’a fatigueé à ce point le lendemain je me suis couchée à
minuit ayant eu [p. 4]
ensuite plus tard les dames Beranger et de Loucry
pour terminer la soirée la fille cadette de Mr Beranger était une
des plus étourdie, et des plus gentilles ; les jeunes gens avaient été
exclus sans exception même pour Mr Jacques au grand regret de
Josephine qui l’aime beaucoup, mais cela m’aurait obligée à en
inviter beaucoup d’autres démons c’etait assez.
dis à ta mere que j’ai reçu une lettre de ma Tante
Auguste sa commission était faite depuis mercredi soir, je lui
répondrai, mais j’attends une reponse avant toutes les précautions de
prudence ont été prises adieu encore Chere petite le courrier me presse ;
Josephine est à sa pension, et Nancy t’embrasse pour toutes deux
mille chôses à ta mère
A S
[enveloppe]
Mademoiselle
Mademoiselle Mathilde Pal (juge
Rue Neuve
Grenoble
2011.02.199 et enveloppe 2011.02.200 |
Mardi 26 janvier 1847 | À sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages. Écriture assez négligée. Timbres postaux sur l’enveloppe: (recto) VIENNE, 26 JANV. (18)47; (verso) GRENOBLE, 28 JANV. (18)47.
Vienne 26 Janvier
J’attends une lettre de toi ce matin
chere sœur et je commence la mienne quand même, je veus te faire part d’une
nouvelle qui aura un peu d’interet pour toi relativement à celui que j’y
mets moi même et aussi parce qu’une [mot
biffé] juste réparation à une femme calomniée soulage même un
indifférent, je pense que tu apprendras avec plaisir la réconciliation complète
éclatante étourdîssante de Mme Beranger et de Mme de
Loucry, cette charmante et bonne créature s’est conduite avec une
générosité sans égale et sa jalouse cousine la reconnue humblement
devant témoins !...
Le rôle de cette derniere était tres penible elle me
faisait presque pitié aussi lui ai-je aidé de mon mieux, nous nous
sommes tous embrassés tres cordîalement [p. 2] comme je le disais
en riant à Mme Delporte dont l’éloquence avait triomphée de cette
haine ardente et passionnée tout cela fini comme un roman les peres se
reconcilient, on s’embrasse en pleurant, et un mariage est la cause et la
conclusion !...
Pour t’expliquer tout cela je te dîrai que Mme
et Melle Beranger ont été vaincue par la noble vengeance de Mme
de Loucry qui s’est occupé avec un zèle affectueux de marier Melle
Mathilde par l’intermédiaire de Mr Delporte sans écouter son
juste ressentiment des mauvais procédés de la mere elle a parlé de la fille
à propos, et son mariage est conclu avec un Mr d’Haugerouville d’Haugerouville, fils d’un Lieutenant General neveu du
Prince de Naplouse et d’autres
tres grand seigneurs ce qui flatte extremement Mme Beranger le jeune
homme est distingué à l’air modeste et bon il est tres épris de Melle
Mathilde [p. 3] il a 31 ans je crois et est a la veîlle d’être
nommé Capitaine, sa fortune sera tres convenable, et pour le moment en rapport
avec celle de la future, mon mari va faire le contrat, et nous voilà de nouveau au
mieux avec Mme Beranger Hier soir j’ai eté témoin de toutes les
scènes, et ce soir nous passons la soiree chez Mr Delporte ensemble
Mme de Loucry sort d’îci heureuse mais malade des émotions qu’elle
a éprouvé hier, je la comprend
Personne ne sait rien encore de tout cela ici, ce sera des coucous
à n’en plus finir, mais enfin personne de raisonnable ne peut ridiculiser Mme
B il n’est jamais trop tard pour reconnaitre ses torts et c’est un devoir de
réhabiliter avec éclat une femme dont a cherché ainsi à perdre la
réputation la position sera délicate à maintenir pour Mme de
Loucry avec la tete sans cervelle de Mr B. la leçon a été
rude ; elle devra avoir une grande resérve
[p. 4] assez de mon histoire qui faîre
tomber Dada en pamoison.
Je reçois ta lettres ou plutôt tes lettres à l’instant,
comme tu dis il la dentelle est précieuse, notre pauvre Tante ne savait donc que te
dire
pour écrire deux pages ainsi mais c’est absurde absurde.
Je vais avec elle de déceptions en déceptions ! ....
Enfin comme tu dis le dragon de la Tronche fait plus fait de
plaisir avec les détails de la reception faite à mon Oncle J’en avais les
larmes aux yeux en lîsant ce passage de ta lettre ; pourquoi donc ne t’en
parle-t-il pas lui ? Sa femme le
bêtifie à ce qu’il parait.
Je vois avec peine partir notre frère pour la Russie il nous
donnera encore des inquiétudes à ce sujet, et sa carrière sera bien complète
un peu de gloire et pas le sol voila toujours son Lôt, qu’elle
vie Bon Dieu ! .....
Adieu Chere je ne doute pas de tes succès au bal je les
connaîssais deja par une lettre de Celine Pion qui en avait reçu une de Mme
d’Albeusière mon pere va tres
bien m’ecrit elle hier [dans la marge de gauche, de haut en bas] Je
vous embrasse tous adieu encore A
[enveloppe]
Madame
Madame Camille Pal
Rue Neuve
Grenoble
Isère
2011.02.201 et enveloppe 2011.02.204 |
Samedi 27 février 1847 | À sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | Image |
Six pages en tout (un feuillet de quatre pages plus une feuille séparée). Écriture au départ plus ferme et lisible que c’est souvent le cas avec Adèle Suat, mais se dégrade à la fin. Timbres postaux: voir le commentaire sur l’enveloppe.
Vienne Samedi 27 Février
Au lendemain de bal c’est admirable d’être
capable d’ecrire six pages, et de renoncer
de plus à une promenade par un beau, et tiéde soleil, merci donc Chere sœur
de cette preuve d’amitié, Mr Alfred m’apportat ta lettre en
arrivant, il me dit qu’il avait causé longuement avec toi de Vienne, je me
doute qu’il a du te dire une foule de chôses plus ou moins éxagerées, il
commence à avoir ici une réputation de bavard dangereux par sa legereté et sa
présomption
J’eus la jouissance de lui voir river
ses clous il y a quelques jours
par une parente de Mme Dutriac
momentanément à Vienne et qui l’entendait déblaterer ridiculement sur la
famille B et de L. sachant pourquoi sur tout lui répondait admirablement
j’en riais en dedans. Le fait est qu’il se conduit mal avec Mme
de L. il use, et abuse des renseignements qu’il avait fait prendre sur
sa fortune, elle a su [dans la marge de gauche, de haut en bas] Nancy
Pion m’a écrit de belles phrases ainsi que sa mère mais suffit !... [p. 2]
de Soissons qu’on avait pris des informations et Mr Alfred s’est
chargé de lui faire deviner pour qui ? elle est furieuse contre lui .....
quand à sa manière d’être avec ses parentes B, maintenant tout est comme je
le désire, elles se voyent peu et tres convenablement il parait que la pauvre
femme avait été étourdie par ce changement subit et avait un peu perdu la
tête ; ces positions fausses vous entrainent à des maladresses tres
souvent ; le jeune menage roucoule tres tendrement, leur position de
fortune est convenable d’apres ce que me dis Marc si ce n’est point un
mariage brillant ce n’est point non plus une folie et les parents ont agit
sagement en acceptant ce jeune homme. Nous avons eu plusieurs réunions tres
gentilles en l’honneur des époux chez Mr Delporte et chez Mme
de Loucry Jeudi dernier nous abandonnons tout a fait la société Faure Marc ne
peut pas s’y souffrir pour plusieurs raisons je le comprends à merveille et
il se plait beaucoup au contraîre dans nos petites soirées si gaies, et ou [p. 3]
nous sommes accueillis l’un et l’autre avec un empressement affectueux.
Je causai longuement du voyage d’Hector en Russie avec Mme
Delporte jeudi soir elle me rassurat complêtement sur les dangers et la
longueur de la route d’apres son opinion sur la cour de Russie notre frère
reviendrait chargé de roubles, la lettre du roi de Prusse lui sera
precieuse pour son introduction aupres de sa sœur, Mr Delporte
admire beaucoup le talent de notre frère, et certainement si la famille de sa
femme pouvait lui être utile à St Pétersbourg j’oserais lui demander des
lettres et des recommandations ; mais Hector est si peu disposé à rien faîre
comme un autre que ce ne serait que comme nécèssité que je le lui proposerais ;
son souvenir me faît plaîsir, je pense comme toi que le ton affectueux de sa
lettre au moment de s’eloigner de son pays vient de sa rupture avec sa prémisse ;
je voudrais en avoir la certitude peut être mon Oncle saura-t-il me dire
quelque chôse à ce sujet [p. 4] il sera ici du 4 au six, j’ai
reçu hier une lettre de lui pour m’annoncer leur arrivée avec sa
femme ; ils me donneront un jour en passant, il est d’une tristesse
extrème ; le moment de quitter son régiment lui fait éprouver un
serrement de cœur affreux, heureusement dit-il, dans cette derniere épreuve si
douloureuse pour moi l’excellente amie est
là et ne me quittera plus ! ......
Le fait ma chere que sans sa femme que deviendrait ce
pauvre Oncle à l’heure qu’il est ? ou irait-il porter sa liberté, et
son isolement ? quelle différence de position pour lui nous lui avons
menagés au contraire ; une bonne et excellente femme ; un intérieur
confortable, une famille empressée et aimable un riche avenir, mais c’est un
coup providentiel j’en suis toujours plus convaincue ; je te raconterai
longuement toutes les observations que ce jeune ménage m’aura suggeré je l’attends
împatîemment
Je répondis à mon Oncle hier courrier par courrier comme il
me le demandait et j’envoyai sa lettre à mon pere par Billiat qui était venu
chercher [p. 5] un nouveau chargement de charbon ; ne l’attendant
nullement il me fit une horrible frayeur en le voyant entrer à six heures du
soir je ne
mis pas en doute qu’il ne vint me chercher, et que mon pere était malade J’en
gardai de l’animation toute la soirée tu aurais fait comme moi.
Monique m’a envoyé d’excellentes provisions de beurre et
d’œufs que je reçois toujours avec un nouveau plaisir.
Mon pere m’ecrivait quelques lignes il est un peu enrhumé
dit-il mais cependant Billiat me dit qu’il allait au Chuzeau tout les jours et
qu’il ne paraissait pas trop triste
Ce pauvre père a été
charmé de la lettre que ma Josephine lui a écrite la semaine derniére
le fait est que ce n’etait pas mal pour la premiére, son écriture est déja
formée ; je lui dictais les lettres seulement et ce fut tres
lestement fait, il fallait voir sa joie et son orgueil de ce chef-d’œuvre
et les remerciements de son grand pere hier à ce sujet l’ont achevée.
[p. 6] Je t’approuves fort de ne point mener
Mathilde dans le monde c’est trop tôt encore le voisinage d’Eudoxie doit
être précieux pour toi, j’ai aussi pour ma part d’excellentes voisines le
dimanche gras Mr Givors
nous donnat un thé charmant. Ta belle sœur est venue me voir cette semaine
mais j’etais sortie nous sommes toujours sur le même pied ensemble.
Mr B vient de perdre son procès avec Mme
Raymond sœur de Mr Almaros,
cette derniere propôsait de traiter îl y a quelques jours mais Casimir son
avocat a empeché cet arrangement, il est blâmé par tout le Barreau, parce qu’il
ne convenait nullement à sa cliente de courir des chances ; et si Mr
B en appelle à Grenoble et à Paris ce sera des frais terribles. Mais Mr
Faure ne permet jamais qu’on traite il est comme par tout les gens d’affaires il faut
plaider avec lui à mort.
Je vais apres demain à Lyon pour passer la journée avec Mme
Munet qui va repartir pour l’Abergement
et qui m’attend avec impatience il y a un siècle que nous ne nous sommes vues.
Adieu Chere Sœur assez babiller je ne suis pas en reste avec
toi, et mes pages se noircîssent avec une incroyable rapidité Marc veut que je
le rappelle à ton souvenir et à celui de Camille Je vous embrasse tous ton
affectionnée sœur.
[enveloppe]
Madame
Madame Camille Pal
Rue Neuve
Grenoble
Isère
2011.02.202 et enveloppe 2011.02.203 |
Jeudi 25 mars 1847 | À sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages. Timbres postaux sur l’enveloppe: (recto) VIENNE, 25 MARS (18)47; (verso) [GRENOBLE], * MARS (18)47 (très peu lisible).
Vienne Jeudi
J’ai eu de tes nouvelles par Mme
Almaros Chere sœur, j’ignorais
son arrivée à Vienne lorsque je la rencontrai par hasard chez sa Tante Casimir,
laquelle voulut bien nous engager à passer la soirée avec sa niece avant hier,
Mr Almaros vint causer
longuement avec moi il s’étendit avec entrainement sur ton esprit et ta
bonté, et le charme que ta société donnait à tes reunions de famille ;
il fit plus ainsi plus que sa femme il t’accusat d’une charmante
pièce de vers envoyée à l’occasion de la fête de Mme Charmeil
sans signature !.... tu en est
bien capable Chere sœur, aussi n’ai-je pu que répondre que je n’etais
point dans le secret de tes poësies anonymes : J’ai trouvé Mme
Octavie plus jolie que jamais elle a repris beaucoup, sa santé parait meilleure
[p. 2] Je me suis empressée de l’en complimenter sachant par
expêrience qu’il y a plus de gens prets à remarquer votre changement en mal
qu’en bien.
Elle doît m’envoyer sa petite fille pour que je lui paye
aussi un juste tribut d’admiration ; à propos de fillettes je te
dîrai
que les miennes ont été très touchées dimanche d’être invitées comme des
grandes personnes chez Mme Delporte sans moi, tes charmantes
robes paille ont fait leur
toilette [mot biffé],
elles sont encore tres fraiches ;
Nous allâmes le soir rejoindre nos enfants qui avaient été
fort gâtées et choyées et ne voulaient plus s’en aller, Mr et Mme
Delporte aiment beaucoup les enfants, ils en ont un charmant, il est impossible
d’être plus gracieuse et aimable que cette charmante femme, son mari est
rempli d’esprit et de gaîté, il nous fit rire aux larmes
jusqu’a minuit, il a beaucoup voyagé, beaucoup vu [p. 3] et j’ai
peu rencontré d’hommes aussi précieux dans un salon pour l’animer, ils
sont trop aimables tous deux quand ils partiront il nous laîsseront beaucoup de
regrets Hier nous sommes allés en caravane
avec eux les de Loucry et Béranger faire une longue promenade à la montagne, Mme
Delporte est tombée dans un ravin profond elle aurait pu se tuer, j’etais à
quelque distances dans ce moment mais Mme d’Haugerouville a eu une
frayeur horrible et son mari bien plus encore il en était pâle comme un mort
quand nous les rejoignîmes, Heureusement elle n’a eu que la figure un peu
écorcheé par des ronces, et c’est dommage elle est si bien, mon oncle et ma
Tante en avait été dans l’admiration, à propos de ce couple ils ne m’ont
pas donné signe de vie [p. 4] Je ne sais rien encore d’Hector, et
me tarde de savoir son arrivée à St Pétersbourg, il me préoccupe souvent si
tu as une lettre je te prie Chere sœur de me [..]envoyer bien vite
quand à moi
je crois qu’il y a oublié mon éxistence depuis long-temps je doute qu’il
rencontre jamais cependant une affection plus dévouée que la mienne ; mais
quand on oublie sa femme et son fils on peut bien ne se souvenir de personne au
monde ? Mon dieu ma chère que cette pensée est triste.
Sais tu que Mme Julhiet est de retour
définitivement à Valence depuis un mois ? ... elle allait bien.
Je n’ai pas de nouvelles de mon pere mais je pense que le
beau temps lui aide à attendre notre arrivée.
Adieu Chere sœur ma plume me crispe d’autant plus que l’heure
de la poste me presse je ne sais si tu pourras me lire enfin c’est ton
affaîre.
Je t’embrasse en courant ainsi que tout ce qui est autour
de toi
ton affectionnée sœur
A S
[enveloppe]
Madame
Madame Camille Pal
Rue Neuve
Grenoble
Isère
2011.02.205 et enveloppe 2011.02.206 |
Mercredi 31 mars 1847 | À sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | — |
Six pages en tout (un feuillet de quatre pages plus une feuille séparée. Écriture assez négligée. Timbres postaux sur l’enveloppe: (recto) VIENNE, 31 MARS (18)47; (verso) GRENOBLE, 2 AVRIL (18)47.
Vienne Mercredi 31 Mars
J’esperais une lettre de toi ce matin
Chere sœur mais la poste ne m’a encore rien apporté, je veux malgré cela t’écrires
quelques lignes avant ton départ de Grenoble ; je pense que samedi est
toujours le toujours le fixé par toi, et je ne change rien à mes
prójets pour Mardi
si tu m’envois Antoine.
J’ai reçu une lettre de mon oncle il y a trois jours,
il s’étonne de ton silence à son égard, je pense que depuis il a reçu de
tes nouvelles dans tous les cas je lui en aî donné en lui répondant avant hier.
Je te dîrai que pour la prémière fois il m’a causée la satisfaction immense
de me remercier chaudement de la part actîve que j’avais prise à son
mariage ; il a dit que sa femme est adorablement bonne ; et qu’il ne
pouvait desîrer une plus douce retraite
que celle que nous luî avons ménagée [p. 2] enfin il parait
satisfait de son nouveau genre de vie en tout point, je t’assures Chere sœur
que ne m’attendant plus à cette expansion de sa part j’en ai été
doublement ravie ; le séjour de Mme Augustin à Tournon est à
propos aussî dans ce moment il me dit que sa verve et sa gaîté stimule toute
la famille elle devait diner chez lui ce jour là, elle a contrebalancé l’influence
de la mort de Mr Trachon père.
J’en étais la de ma lettre quand on vient de m’apporter
la tienne ; et je prends la suite de notre conversation sur mon Oncle il n’avait
pu résister à m’engager à aller à Tournon ; mais cela d’une
manîère si lointaine sî embrouillée que je vois
claîrement comme toi combien
le pauvre homme souffre de la contrainte qu’on lui impôse à cette
occasion ; Louise aussi m’écrivait pour hâter disait-elle la visite que
j’avais du promettre, je
n’ai rien repondu sur ce chapitre, mon silence [p. 3]
tranquillisera ma Tante, la pauvre femme, ignore donc à quel point je suis
difficile à déraciner de chez moi ! ..........
J’esperais que tu aurais des nouvelles de notre frêre, il
me préoccupe beaucoup et je me disposais a écrire à son fils également, mais
puisque tu l’as fait j’attendrai plus tard il faut 12 jours pour recevoir
une lettre de St Petersbourg d’après ce que m’a dit Mme Delporte.
J’ai reçu samedi un petit carton de la part des dames Pion
contenant un caneson
pour chacune de mes filles, brodé à application le dessin est mignon ;
beaucoup trop joli je t’assures, c’est dommage d’expôser tant de travail
sur des épaules si remuantes
comme j’écrivais à Celine en la remerciant. Josephine répondait à la
lettre de Nancy Pion laquelle lettre avait fait un éffet étonnant,
cette attention de la part de ces dames m’aurait fait plus de plaisir sans la
sotte [p. 4] conduite de Nancy lors de son voyage à Vienne, je n’aurais
pu lui rien écrire d’aimable tellement jai encore sur le cœur sa
maussaderie d’enfant gâtée, aussi ai-je preferé adresser mes remerciements
à Celine ; Mr Marcel vint nous voir dernierement, il parait qu’il
se fixera point à Givors mais à
Lyon peut-être ? ....
Ta belle sœur est donc toujours bien précieuse pour ton
salut, ne sois pas jalouse Chère, la mienne ne me dois rien, son petit est là
[mot biffé] quand elle n’y
est fois pas, je
viens de la voir, et je m’occupe de la faire habiller, je ne puis m’affranchir
long-temps pas plus que toi ... Enfin !...
J’ignorais le depart de Mr Casimir pour Grenoble ;
la petite Almaros est bien Laide
conviens-en ?
Son pere m’avait encore parlé bien aimablement de toi en
me rendant ma visite, il a un faible
pour Mme N. Pal décidement, aussi il a fait ma conquète par ce fait
seul ....
[p. 5] Je comptais bien comme toi Chere sœur sur
un temps de choix pour cette semaine ; demain sur tout sans
préjudice des gelees que la Lune rousse nous reserve pour notre
séjour à la Côte ; enfin nous nous chaufferons, et nous parlerons, mais
nos pauvres enfants seules en gémiront, dimanche elles ont commencé a être
fort chagrines, nous devions les mener en voiture faire une longue promenade aux
ruines du Chateau de Montléon Mme Delporte avait arrangé
tout cela tres gracieusement, nos deux maris devaient aller à pieds afin que sa
voiture put nous contenir avec
nos filles ; figure toi que les toilettes étaient faites des robes
neuves ; des joies sans fin quand la pluie est arrivée renverser
tant de plaisirs en perspectives, Nancy tapait du pied avc une énergie quî me
rappelait mes désespoir d’autres fois [p. 6] On se console
heureusement du tout une visite aux petites Bâtô
a fait diversion ; elles sont fort entrain de leur voyage à la Côte et de
voir Mathilde sur tout
Mon mari viendra nous y chercher seulement il ne pourra
nous accompagner, son étude l’occupe, il y
a progrès marqués, l’an dernier il a dépassé Mr Gavin ;
patience et longueur de temps font beaucoup.
Adieu chere sœur à bientôt une plus longue causerie ;
sais tu que Clemence a perdu son pere ? il lui laisse quatre
cents mille francs lui donnant tout ce que la Loi permet ... c’est
joliment bien et je m’en réjouis sincèrement pour cette pauvre femme qui a
eu une carriere si tourmenteé jusqu’a présent, c’est justice. Allons
trève de babillage et adieu définitif
toute a toi
A S
[enveloppe]
Madame
Madame Camille Pal
Rue Neuve
Grenoble
Isère
2011.02.207 et enveloppe 2011.02.208 |
Mardi 20 avril 1847 | À sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | — |
Trois pages (un feuillet de quatre pages, la dernière vide). Timbres postaux sur l’enveloppe: (recto) LA CÔTE-ST-ANDRE, 21 AVRIL (18)47; (verso) GRENOBLE, 22 AVRIL (18)47.
La Côte Mardi
Je te remercie des quelques lignes que tu
as trouvé le temps de m’ecrire en arrivant chez toi Chere Sœur J’ai vu avec plaisir que [deux
mots biffés] les chôses s’étaient arrangés mieux que tu n’esperais
en me quittant. Je pense que l’etat de ta belle sœur peut se prolonger
beaucoup ainsi, Camille a bien fait de t’engager à profiter du beau temps
pour rester a St Vincent.
Mon mari est arrivé cette nuit je l’attendais avec une
impatience fievreuse ; l’ennui m’écrasait bien plus encore depuis ton
départ, mon pere n’est pas mal, mais le moment des adieux me serre le cœur
et me préoccupe horriblement
Hîer nous reçumes
la lettre d’Hector que je t’envois, comme [p. 2] toujours il est
ravi de ses succès ce qu’il y a de positif cette fois c’est les quinze
mille francs de bénéfices, encore autant à Moscou ce serait bien beau si
surtout il savait ne pas les dévorer.
Mon pere a été tres heureux de cette lettre ; je te l’envois
celles que ton mari t’avait adressé ici nous avons ôté l’enveloppe afin
de moins faire de ports.
Je t’ecris à la hâte mon mari m’attend pour sortir et
il y a si long-temps que nous étions séparés que j’ai besoin de réparer
une absence toujours si pénible pour moi mon bon Marc m’est arrivé un peu
souffrant de la tête la solitude ne lui convient guère pas plus que moi aussi
suîs-je toujours tourmentée [p. 3] quand il faut que je le quitte.
Enfin voila encore une épreuve de passée...
Les dames Pion vinrent hier soir, la mère étaient tres
guindée avec moi, Celine m’a payé ma commission sans insinuations de ma part
ce qui avait son prix
adieu Chere sœur donne moi de tes nouvelles à ton arrivée
à Grenoble ; j’aurai a t’ecrire plus longuement aussi de Vienne
Mes fillettes et mon mari ne veulent pas être oubliés pres
de toi, Marc sur tout a été tres attrapé
de ne point te trouver ici ainsi que Camille comme il y avait compté
Nous vous embrassons tous
ton affectionnée sœur
A S
[enveloppe]
Madame
Madame Camille Pal
Rue Neuve
Grenoble
Isère
2011.02.209 et enveloppe 2011.02.210 |
Vendredi 30 avril 1847 | À sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | — |
Six pages en tout (une page séparée plus un feuillet de quatre pages). À remarquer que toutes les pages sont numérotées au haut de la page, à droite pour les numéros impairs et à gauche pour les numéros pairs, ce qui semble avec une seule exception pratiquement sans exemple dans les autres lettres d’Adèle de cette collection, et pourrait s’expliquer par les questions de testament et d’héritage familial évoquées dans cette lettre à partir de la page 2, et par la gravité du ton adopté. Le seul autre exemple est la lettre 2011.02.255 qui est numérotée de la même façon, mais sans raison évidente. Timbres postaux sur l’enveloppe: (recto) VIENNE, 30 AVRIL (18)47; (verso) GRENOBLE, 2 MAI (18)47.
Vienne Vendredi 30 Avril
Je voulais t’ecrires hier Chere sœur
mais mon Marc arrivant de Beaurepaire, je fus dérangée et manquai ainsi l’heure
du Courrier, il a laissé sa sœur en assez mauvais état, mais cependant mon
imagination était allée plus loin (pour le moment) que le mal, elle se frappe,
et s’inquiéte beaucoup de l’avenir de son enfant, la pauvre femme n’a que
trop raison ; je ne crois pas possible quelle résiste à l’âge
critique ; sa mère y a succombée, et cette idée la préoccupe. Enfin je
veus m’étourdir un peu sur toutes ces tristes chôses depuis mon retour de la
Côte ; j’en suis écrasée.
Je t’engage fort ma Chere à t’émanciper un peu avec ta
belle sœur, maintenant qu’elle est revenue à son état ordînaire ; ne
sois plus si attentionnée autrement tu riverais
tes forces, et ta chaine est déja assez lourde ; une journée à
St
Vincent t’aura fait grand bien pour te rassérener l’esprit la campagne a
une influence calmante bien précieuse souvent.
J’ai reçu une seconde lettre de mon oncle toujours pour
ces trop fameux Bracelets îl croit que j’aî voulu lui faire un mensonge
officieux en lui disant que 2 orfèvres de Vienne [p. 2] avaient
declarés les miens en or et très en or et que ceux de la Côte ne
savaient pas leur métier !.... Je suis tenteé de croire que ceux de
Tournon sont sur la même ligne puisqu’une Broche de Mme Bergeron a
été déclarée fausse aussi ce qui a achevé d’exasperer mon Oncle ; je
lui ai donc repondu encore hier en ajoutant la decision de ceux de Grenoble
ainsi je pense que ce sera une affaire finie.
Pour terminer aussi ma chere une autre explication plus
grâve au sujet des projets de notre pere ; il nous a semblé clair que
votre opinion n’était point conforme à la nôtre sur la nécèssité de le
maintenir dans la disposition de ne point faire de Testament puisque Camille ne
veut point provoquer une ouverture qu’il lui fera sans nul doutes comme
à mon mari .... nous restons convaincus malgré la versatilité des idées de
mon pere qu’il cèderait aux observations réunies de ses deux gendres
qui seraient pour le bien et l’égalité de tous.
Quant à ce que tu me dis au sujet de Louis ; nous
serions parfaitement disposés aussi à ce qui pourrait assurer l’avenir de ce
pauvre enfant, mais mon [p. 3] mais mon mari pense que ce
n’est point avec des dispositions Testamentaires qu’il est possible d’assurer
la conservation des bîens d’Hector à son fils. On aliéne aussi facilement
une rente qu’un capital quand on entend les affaires sur tout comme notre
frère qui ne songe jamais qu’au moment présent sans nul souci des
conséquences.
En supposant même qu’il consentit à recevoir censément
sans les compromettre les 2,000 f de rentes dont tu parles, cette charge pour l’un
de nous ne servirait probablement qu’a lui donner plus de facilité pour
satisfaire certains gouts dispendieux, sans être d’aucun
profit pour sa femme et son fils ; il faudrait d’autres moyens qu’un
Testament je le repéte pour obtenir le resultat désirable.
Pour un nouveau nous sommes payé pour le redouter notre Lôt
dans le précédent était si écrasant malgré l’intention formellement
exprimée par mon pere d’être égal pour tous que nous regardons comme
impossible qu’aucun de nous n’eut à souffrir de ses illusions de
propriétaire.
Si cependant il devait être assigné à Hector une part
exceptionelle, îl me semblerait juste et sage que
ton Lôt et le mien fussent
tirés au sort, dans ce cas là nous serions surs de ne pas [p. 4]
récriminer, nos chances étant égales, et cela est si vrai que tu me dis dans
ta derniére lettre que la part qui t’etait assignée ne te convenait pas
tandîs que nous nous en serions parfaitement contentés.
Je suis surprise que l’étrange clause
de la maison en commun qui vous choquait si fort tous deux jadis
ne soit pas dans la Balance un poids pour vous faire desirer comme à nous
Tu nous a bien mal compris Chere sœur si une phrase de ma
lettre a pu te faire croire que nous faisions l’injure (c’est bien le mot
certainement) à Camille de vouloir influencer mon pere contre nos intérets,
nous connaissons et apprécions sa délicatesse de sentiments mieux que qui que
ce soit ; tu n’auras certes jamais à le défendre vîs à vis de nous de
chôses pareilles ; nous avons simplement voulu dîre ce que je te repète
encore c’est qu’il doit avoir plus de facilités qu’aucun de nous d’agir
sur son esprit en émettant certaines îdées génerales d’administration en causant terres, prés
et vignes sujet de conversation favori de mon père, il peut juger facilement
ainsi des convenances, et appréciations [p. 5] de ton mari et agir
en consequence parce qu’il desire lui être agréable avec raison et qu’il a
une grande confiance en ses opinions
Je persiste à regretter qu’il est facheux
que vous ne soyez pas complêtement de notre avis, mais
aumoins nous avons été francs vis à vis les uns des autres ; et si nous
insistons c’est que nous avons deux enfants aulieu d’une dont l’avenir nous
préoccupe et aurait été compromis.
Ta belle sœur est venu me voir dimanche. elle me dit que d’apres
ta lettre leur voyage était arreté pour le 31 Mai
je pense que cela te vas ?
Je crois que son mari a été tres vèxé de ce retard, et
qu’elle a eu à lutter pour l’y décider ; mais l’essentiel pour toi
c’est que tes projets ne soient pas dérangés
Clemence est de retour j’allai la voir avant hier elle a eu
bien de l’ennui pendant son séjour à la campagne ; Mr
Corlès vint faire casser le Testament du pere ils vont donc plaider, je
comprends les conséquences pénibles que cela aura pour elle et la plains
[p. 6] J’ai écris à Hector dans un paquet que
Mme Delporte adressait à Petersbourg, Mr de Chriptzin
lui remettra une lettre si il est encore dans cette ville ; peut être
cette famille pourra lui être utile.
Je viens d’avoir a l’instant des nouvelles de mon pere
par Antoine il va bien je lui avais écris dimanche par Laurent Pion.
Adieu Chere sœur j’ai la main et la tête fatiguée et je
finis en t’embrassant affectueusement ainsi que tout les tiens
A S
[enveloppe]
Madame
Madame Camille Pal
Rue Neuve
Grenoble
Isère
2011.02.211 et enveloppe 2011.02.212 |
Lundi 24 mai 1847 | À sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages; texte parfois incohérent à cause des nombreux ajouts en marge verticalement aux pages 1, 3 et 4. Timbres postaux sur l’enveloppe: (recto) VIENNE, 24 MAI (18)47; (verso) GRENOBLE, 25 (MAI) (18)47.
Vienne Lundi matin
Quelle chaleur atroce Chere sœur, vous
devez fondre à Grenoble autant que nous, si ce n’est plus, je te plains de ne
pouvoir aller respirer à St Vincent, d’apres les arrangements de Monseigneur l’Evèque
tu seras retenue à la ville indéfiniment mais ce que je ne m’explique pas c’est
que ta fille n’aye pas été confirmée l’an passé ?...
Ou bien ai-je mal compris et la première communion qui
devait avoir lieu à la Trinité est-elle [mot
biffé] retardée aussi à cause de l’absence de votre Evèque, et en
cela te contrarie pour le renouvellement de Mathilde ? Comme qu’il en soit je comprends
combien il est vexant pour toi de ne point aller jouir de tes fleurs et de tes
cerises, et de te décharger un peu de Mme Pochin sur tout.
J’ai vu hîer Mme
Félicie, je la retrouverai le
soir chez Mme Fornier
ou il y a une petite réunion avant le depart de ses filles pour la campagne, Mme
Casimir est malade depuis deux mois [dans la marge de gauche, de bas en haut,
continuation du texte de la marge de droite de la dernière page] des mines de zinc à la Prepe
a 2 kilomètres de Vienne avec 6,000 fr d’appointement fixe [dans la marge de droite, de bas en haut,
continuation du texte de la marge de gauche]
sa femme n’aura plus d’excuse si elle ne vient pas habiter à Vienne avec lui
[p. 2] et maigrie, fondue c’est le mot, on ne voit que ses grands
yeux, il parait qu’elle a eu une petite fièvre muqueuse
et ne peut que tres difficilement reprendre ses forces, la campagne achevera de
la rétablir elle espère ; mais elle se soigne mal ses enfants lui donnent
trop de peine, elle abuse de son énergie.
Je viens de recevoir quelques lignes de mon pere, malgré la
chaleur il ne va pas mal, mais elle m’inquiète pour lui, je viens de lui
repondre par un homme de la Côte, je lui parle longuement d’une lettre d’Hector
que j’ai reçue avant hier à ma grande surprise il avait eue la tienne a son
retour a Petersbourg et se plaignait de ton laconisme .... la mienne s’est
croisée probablement, il m’en parlerait Son séjour à Moscou a été
avantageux il avait donné la veille son second concert ou il y avait salle
comble
La grande duchesse lui avait fait la galanterie de faire
executer pour lui une Messe à la chapelle imperiale qui l’avait
transporté d’enthousiasme les Chanteurs de la Chapelle Sixtine à Rome [p. 3]
sont moins que rien en comparaison les Russes ont des voix et une perfection de
méthode impossible à trouver nulle autre part, la pompe et la solennité du
culte Grec l’avaient fort impressionnées ses nerfs en étaient encore malades
Il comptait donner encore un concert avant de quitter la
Russie ; il pensait que l’Imperatrice y assisterait
Le roi de Prusse lui a fait écrire pour l’engager à s’arreter
à Berlin pour y faire éxecuter dans la salle de l’Opera qu’il met à sa
disposition son dernier ouvrage de Faust ce qu’il accepte avec entrainement.
Il est question d’une magnifique place pour lui à
Petersbourg de Surintendant de la Musique Russe Théatres, Chapelles, etc etc
Mais cela offre des difficultés qu’un mot de l’empereur leverait le
dira-t-il ?
J’en doute notre frere n’est pas chanceux, il n’y faut pas compter.
Il doit aller a Berlin maintenant, et nous engage a lui
écrire poste restante dans cette ville [dans la marge de gauche, de bas en
haut] J’avais vu Alexandre Rocher qui m’avait raconté l’affreuse
maladie de sa pauvre sœur [p. 4] J’ecrirai a son fils cette
semaine Mr Delporte allant passer quelques jours à Rouen me promet
de le voir et de le faire sortir à la prefecture,
ce sera un bonheur pour le pauvre enfant Nous aurons ainsi de ses nouvelles avec
détail, ce qui nous fera plaisir.
Je te remercie Chere sœur des demarches que tu as bien voulu
faire pour obtenir une permission de visiter la Bastille, nous avons du temps Mr
et Mme Delporte ayant le voyage innatendu
de Rouen à faire avant celui de Grenoble.
dis à Mathilde que j’ai insinué
le cadeau d’un délicieux mantelet nouveau genre comme j’en ai vu beaucoup à Lyon
es***
a des jeunes filles, je ne si le prix ne fera pas reculer l’empressement de sa Tante
Félicie, elle se
rabattrait alors sur un en mousseline, avec festons ainsi n’achetez rien je
vous avertis dans ce genre ; ses nieces ont eu hier un grand succès avec
les robes bleues et leurs chapeaux garnis Ydem c’etait à croquer et tres
comme il faut je t’ai renvoyé l’honneur de leur toilettes Adieu Chere la
chaleur me tue merci de ces details sur Tournon j’en attendais avec empressement [dans la marge
de gauche, de haut en has] J’aimerais a savoir tailler
la vigne à notre bon Oncle nous vous embrassons tous [dans la marge
de droite, de bas en haut] Celine n’accouche point son mari vint hier nous voir il est nommé
directeur [le texte continue dans la marge droite de la première
page]
[enveloppe]
Madame
Madame Camille Pal
Rue Neuve
Grenoble
Isère
2011.02.213 et enveloppe 2011.02.214 |
Mercredi 16 juin 1847 | À sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | — |
Six pages en tout (une page séparée plus un feuillet de quatre pages). Timbres postaux sur l’enveloppe: (recto) VIENNE, 16 JUIN (18)47; (verso) [LA COTE-ST-ANDRE] (illisible).
Vienne Mercredi
D’apres ce que m’a dit de ta part Mr
Gagnon Chere Sœur tu seras
demain à la Côte ; cette petite visite sera une agréable surprise pour
mon pere dont tu me demandes des
nouvelles détaillées.
J’ai pensé qu’en t’écrivant chez lui ma lettre
ferait coup double et serait mieux ainsi.
Mon mari est mieux aujourd’hui sa tête est plus libre
beaucoup et je me sens soulagée d’un poid énorme, car depuis ma derniere
lettre j’ai été inquiète et triste plus que je ne voulais
dîre les sang-sues avaient beaucoup remués
Marc, et îl avait le sang à la tête affreusement ce qui le
tourmentait bien fort, maintenant il n’eprouve plus cela le medecin est venu
ce matin et m’a dit qu’avec un peu de régime (îl ne mange que de petis
potages) dans deux jours il serait à son ordinaire, j’en ai [p. 2]
grand besoin Chere sœur car j’etais plus malade que mon bon Marc et bonne à
rien. pour me remettre ma belle sœur m’arrivat en surprise Lundi matin,
la vue de sa lamentable figure me fit mal bien mal avec mes préoccupations
inquiètes, enfin mon mari eut du plaisir à la voir et mieux portante alors le
prémier moment passé j’ai été bien aise de sa visite elle est déjà
repartie du reste ; je n’avais pas besoin d’embarras extra.
Ma cuisinière se Marie Mercredi je ne m’attendais
nullement à cela cette surprise ne m’allait guère ; avant hier elle
veut faire faire son contrat a l’Etude ;
juge de notre étonnement l’indisposition de mon mari m’a tellement
absorbée que je n’ai pu m’occuper d’en chercher une [p. 3] on
m’en presente de trop jeunes et je ne sais comment me pourvoir ta
Marie ne m’en connaîtrait-elle point a Vizille ?
Il vint hier une nommée Clavel
des Meuniéres qui sert ici dans un magasin prie Monique de s’informer d’elle chez Julien ou elle
a travaillé Lingère m’a-t-elle dit l’an passé
Je n’aime pas les filles de la Côte et cela me tentera peu
Je t’envois Chere sœur deux lettres de Louis tu verras si
celle de mon pere peut être remise sans craindre de le contrarier Je ne sais
jamais ce qu’îl faut faire à ce sujet depuis les reproches si
[mots biffé] que j’avais reçu une fois en ayant cru de faire
plaisir.
Mme Delporte m’a dit que Louis était toujours
bien rouge et petit petit ; ... le proviseur est peu [p. 4]
satisfait des personnes qu’Hector a chargé de faire sortir son fils une entr’autres
m’a dit Mr Delporte a une reputation telle à Rouen qu’il
est de la derniere imprudence de lui confier un enfant ce Mr Soubiran
le directeur du théatre a une conduite scandaleuse et de plus sa vie est un roman
comme on écrit pas c’est un homme tres intrigant tres dangereux, sans aucune probité ;
sa femme la veuve d’un general est pire encore n’y a-t-il pas de quoi
trembler chere sœur de voir notre pauvre neveu confié a de pareilles gens, et
comment empecher cela ? Mr Delporte ne voudrait pas qu’on pu
se douter qu’il a parlé de cet homme. J’ai pensé alors que peut être mon
Oncle Marmion pourrait écrire a Hector à ce sujet comme [p. 5] en
ayant été informé par une de ses connaîssances ; Louis lui a écrit aussi
une assez gentille lettre qui je vais lui envoyer.
Mme Delporte a été enchanté de cet enfant sous
tous les rapports. elle a été assez bonne pour apporter à mes fillettes deux
charmantes robes en batiste rose brodées en blanc avec des Boutons camail
et mouchés assorties c’est délîcieux, cette attention m’a
confusîonnée ; elle a attaché beaucoup
trop de prix aux soins que j’ai prîs de son petit pendant son absence
Nancy est ravie de sa robe à boutons, comme une dame on gâte ces cheres petites.
Je pense chere sœur que tu as eu ta part d’embarras
pendant quelques jours les invitations n’ont pas manquées à ta belle sœur
elle me contera cela
[p. 6] Je n’attends pas de lettre de toi avant
ton arrivée à la Côte méne tu Mathilde c’est ce que j’ignore.
Je t’écris en courant, d’ailleurs l’heure du courrier
me presse pensant que tu ne feras
une tres courte visite à la Côte je ne voudrais pas que ma lettre fut apres
toi chez mon pere.
Adieu je te charge d’embrasser tendrement mon pere mes
amitiés aux dames Pion
toute à toi
A S
J’ai su qu’Hector avait reçu ma lettre à St Petersbourg deux jours avant de quitter cette ville
[enveloppe]
Madame
Madame Camille Pal
chez Mr Berlioz
La Côte St
André
2011.02.215 et enveloppe 2011.02.216 |
Vendredi 9 juillet 1847 | À sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages. Timbres postaux sur l’enveloppe: (recto) VIENNE, 9 JUIL (19)47; (verso) GRENOBLE, 10 JUIL. (18)47; VOREPPE, 11 JUIL. (18)4*.
Vienne Vendredi
Je me persuade que j’aurai peut être
une longue lettre de toi ce matin Chere Sœur, et que tu auras profité du calme
de ton cher St Vincent pour causer un peu avec moi, je jouis de te sentir sous
tes frais ombrages arrosant et soignant tes fleurs si long-temps abandonnées
bien contre ton gré, mais qui est ce qui arrange sa vie comme on le voudrait ?
ce n’est certe pas moi chere sœur car depuis un mois je me tourmente si fort
que je n’en suis plus bonne à rien, depuis ma derniere lettre il y a
cependant une grande amélioration dans la santé de Marc, le jour même ou je l’ecrivis
la fievre le quitta ... hier il a eu à l’heure ordinaire un leger
ressentiment et mal à la tête mais le medecin pretend que ce n’est rien et
que la maladie est finie qu’il faut seulement changer d’air absolument
et faire un petit voyage en conséquence nous partons demain [p. 2]
pour Lyon et probablement nous irons passer quelques jours aux eaux de
Charbonniére boire les eaux et prendre l’air de la campagne et de la
distraction si necessaire à mon mari dans ce moment il est irrité,
impatient ennuié de tout à un
point extrème ce déplacement l’impatiente, ses affaires le préoccupent bien
que ce soit le moment le plus propice à s’absenter de toute l’année
il change à chaque instant d’avis et je ne sais comment,
ni ou nous irons, mais je te promets ma bonne sœur que je suis bien ennuiée,
cependant je devrais jouir du mieux de mon mari, mais ce qui me gâte cette
jouissance c’est qu’en dépit du medecin il ne se croit pas en
convalescence, et se desole de la longueur indétermineé de cette
indisposition, comme il souffrait de sa tête encore hier il en etait
triste à me nàvrer, il commence
un peu à manger de la viande nos promenades en voiture lui [p. 3]
font beaucoup de bien et de plaisir ce qui me prouve que le medecin à raison d’insister
pour un déplacement Je viens d’ecrire à mon pere avec l’ancre la plus
noire et les lettres les plus énormes possible.
Mme Pion est venue avec Nancy cette semaine pour
louer un appartement enfin à Céline et acheter son mobilier, elle sera bien à
la campagne avec son poupon ;
dans une maison un peu plus loin que celle de Clémence chez un jardinier, l’Eté
ce sera agréable mais l’hiver un peu loin.
Croirais-tu que Nancy n’est point venue me
voir avec sa mère c’est une grossieretée un peu forte je n’en revenais pas,
et je ne comprends pas comment sa mere n’a pas éxigée qu’elle
fît
cet éffort !. d’autant que les ayant rencontrés le matin je ne pouvais
ignorer qu’elle fut à Vienne ; d’honneur cette jeune fille est
adorable aussi n’ai-je point dit un mot d’elle à sa mère ......... [p. 4]
Je te renvois la lettre d’Hector comme tu le desires les détails qu’elle
renferme nous ont interressés mais il est incroyable avec son inquiétude
tardive sur son fils, le moyen bien simple d’avoir de ses nouvelles était de
lui écrire directement en lui donnant son adresse que le pauvre enfant ignorait.
Ton beau frere est parti pour Cette Lundi il vint nous voir
Dimanche mais nous étions sortis en voiture. Il parait que mon pere n’a pas
trouvé à vendre ses cocons et qu’il fait filer je ne comprends pas trop cela.
On a vendu les nôtres 2 f à Beaurepaire mais ils ont
beaucoup diminués ensuite
Le courrier ne m’apporte rien de toi mais une lettre de mon
oncle qui me demande des nouvelles de mon cher mari, il parait decidé à aller
à Pointières avec sa femme aux
vacances et en attendant cherche un compagnon de voyage pour Beaucaire si cela
ne coutait rien nous ferions bien sa partie mais l’argent ce maudit
argent met des entraves toujours
Adieu Chere je te quitte pour lui repondre j’embrasse
Mathilde elle doit être bien heureuses au milieu de son troupeau ; je
mène Josephine avec nous à ma grande contrariétée mes amitiés à ton mari
toute à toi A
[enveloppe]
Madame
Madame Camille Pal
Voreppe
près Grenoble
Isère
2011.02.217 | Samedi 25 septembre 1847 | À son père Louis-Joseph Berlioz | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages avec l’adresse à la dernière. Timbres postaux: VIENNE, 25 SEPT. (18)47 (peu lisible); LA-COTE-ST-ANDRE, 26 SEPT. (18)47.
Vienne Samedi
Antoine a du vous dire Cher Pere que nous
avions fait un excellent voyage ; je l’avais chargé d’un paquet de
revues et de deux Musées des familles, il me reste encore deux revues
Britanniques et autant de Magasins pittoresques.
Je voulais vous envoyer du vin de Frontignan par son
occasion ; mais j’ai eu la sottise de ne m’en souvenir que lorsqu’il
a été parti, j’espère être moins maladroite une autre fois.
Hector et son fils nous ont quittés Jeudi a 6 heures nous
etions allés les embarquer au chemin de fer de Givors pour rester le plus
long-temps possible ensemble et faire une promenade agréable les adieux sont
chôses si tristes qu’on éprouve le besoin de s’etourdir et de se distraire.
j’en ai encore le cœur bien gros.
Mr Casimir voulait avoir Hector jeudi a déjeuner
a Reventin ; mais
avec Mr Ponsard et Mr
de Frenville [p. 2]
mais apres avoir accepté sans
reflexions il ecrivit un mot d’excuses ayant trop peu de moments à passer
avec nous pour nous en enlever la moitié Louis etait déja tres bien installé
chez nous, et ses cousines bien heureuses et bien fiéres de lui faire admirer
leurs joujoux, et surtout qu’il daignat en accepter quelques uns pour les
emporter. Elles ont pleurés en le voyant partir, ce cher petit etait si bon et
si complaisant pour elles.
Je pense que mon Oncle et sa femme vous font de nombreuses
visites cher pere et remplacent tres bien ainsi le vuide
des prémieres partant, ils ont un temps à souhaits pour leur séjour à Pointieres ;
je regrette bien de n’avoir pu jouir aussi de leur agréable visite ;
mais il est rare que les chôses s’arrangent comme je le desirerais ; j’avais
pensé vous laisser mes enfants encore quelques jours [p. 3] mais
mon mari en paraissant contrarié j’ai cedé à son desir de les ramener avec
nous.
Madame Pion vient de venir me voir, et l’heure de la poste
ne me laisse maintenant que le temps de finir en vous embrassant brusquement
mais non moins tendrement ainsi que Nancy et Mathilde
votre affectionnée fille
A S
[p. 4] [adresse]
Monsieur
Monsieur Berlioz
La Côte St André
Isère
2011.02.218 et enveloppe 2011.02.219 |
Jeudi 28 octobre 1847 | À sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | — |
Six pages en tout (une page séparée plus un feuillet de quatre pages). Timbres postaux sur l’enveloppe: (recto) VIENNE, 29 OCT. (18)47 (année presque illisible); (verso) LA CÔTE-ST-ANDRÉ, 30 OCT. (18)47.
Vienne Jeudi
Je reviens Chere Sœur du Bateau à Vapeur
embarquer notre cousin ; hier il ne trouvat pas de place à la diligence et
îl a
mieux aimé perdre les arrhes de la semaine passée que de courir encore cette
chance ce soir les contrariétés ne lui ont pas manquées grace à son espoir
tardîf de te voir, il se serait consolé de tout si aumoins il avait fait ta
connaissance son voyage a été manqué et aurait été trop complet avec toi,
il m’a chargé de te le repeter encore
Je comprends qu’il n’y avait pas possibilité pour
[mot biffé] ce que tu quittasses mon pere dans ce moment, comme tu
dis la maladie de Jenny n’est point un chagrin de cœur mais un ennui une suite de chôses hérissée
de difficulteés, puis l’etat de cette pauvre jeune fille est un bien triste
spectacle sous tes yeux, je comprends que sa mere devaît être prévenue
absolument [p. 2] Sa sœur Marguerite voudrait partir pour aller la
voir, elle se desole ; mais je n’ose l’y encourager dans la crainte que
tant de monde ne trouble encore un peu plus mon pere et Monique Je te felicite d’avoir
Mr Rabin les secours
comme medecin de notre pauvre pere ne peuvent plus compter avec son état de
santé.
Tiens moi au courant je te prie avec éxactitude de ce qui
vous adviendra de tout cela.
Mon mari est un peu moins souffrant mais au moment ou j’ecrivais
cette ligne il rentra en se lamentant de nouveau voila ou j’en suis aussi ma
Chere ; pour me remonter le moral ma belle sœur arrive apres demain s’installer
ici dans un appartement garni ... je vois à cette occasion se dérouler devant moi une source de tribulations dans l’Etat
ou est cette pauvre femme c’est à trembler d’un jour à l’autre ; et
je n’aurais pas besoin d’avoir sous les yeux de si tristes chôses dans la
disposition de mon esprit [p. 3] comme tu dis à chaque jour suffit
sa peine mais la vie passe comme un tourbillon d’orages
Pour ne point te faire renoncer à aller à Tournon j’avais
supprimé deux pages de ma derniere lettre ou je te racontais à mon arrivée l’impression
violente que notre Tante avait reçu de la mort de Mr Falconnet,
je me suis trouvée excessîvement mal à l’aise chez elle ce jour la et
aurait voulu repartir de suite à cause de mon Oncle il fallait lui cacher un
peu ce qu’il en était et l’absorber sur tout soit pour laisser à sa
femme la liberté de sa douleur soit pour qu’il n’en eprouvat pas lui même
une facheuse impréssion ....
Ma Tante ne voulait pas me dire un mot de son chagrin je n’insistai
pas, [mot biffé] ses sœurs
me questionnaient beaucoup pour savoir si mon Oncle m’avait dit quelque chôse
à cette occasion, mais lui non plus ne disait rien notre pauvre cousine
venait dans [p. 4] me faire part aussi de ses observations et de son
desir de repartir avec moi ma Tante malgré tout son empire sur elle était dans
un Etat à faire pitié elle ne mangeait plus rien et avait l’air d’avoir la
fiévre je la voyais très peu sortant beaucoup avec ses sœurs et mon Oncle exprès
le matin je restais jusqu’au déjeuner dans ma chambre ... Je crois que ce qui
l’avait affecté beaucoup c’etait d’avoir eu une réunion chez elle
le dimanche même ou il était mort (elle l’ignorait) à sa place j’aurais
été aussi tres navrée d’une
pareille coincidence.
Il serait trop long ma Chere de te mettre au courant de
tout ce que j’ai éprouvé à cette occasion ; dans la fausse position ou
je me trouvais dans l’anxieté de la famille etc etc enfin deux jours plus
tard j’aurais été à l’abri de tout cela, l’apropos était vexant, peut
être pour mon Oncle notre présence a été opportune la famille le
regardait ainsi je crois je voulais devancer mon depart, impossible [dans la
marge de gauche, de haut en bas] Je pense que ta belle sœur arrive car je
viens de voir son appartement ouvert [p. 5] mon Oncle s’obstinait,
et mon embarras était si grand que je ne pu lui resister .... Louise a du
prévoir tout cela et t’en parler, je lui répondraî dans quelques jours quand
elle sera installée chez elle
Notre cousin était aussi tres curieux de la voir
en ayant tant entendu parler à mon Oncle et à tous mais sa mauvaise Etoile
devait tout arranger autrement, il ne s’arrête point à Tournon comme tu
penses aujourd’hui. il s’est chargé avec grand empressement d’acheter le
vin de Frontignan de mon pere le marchand de mon mari n’en ayant plus l’occasion
était à souhait d’autant mieux qu’il connait des personnes quî feront cela
sur place aussi bien que possible, le tonneau de 50 Bouteilles environ sera
expedié directement à Vienne d’ou Billiat pourra l’emporter en venant
chercher du charbon prochainement, Marc a recommandé d’expedier de suite,
mais ce ne [p. 6] ne sera peut être pas avant quinze jours ou trois
semaines, en attendant j’enverrai encore des notres à mon pere s’il veut
mais nous n’en avons pas 25 comme il le voudrait.
Les marrons ont du être expedié aujourd’hui mais ils sont
tres très cher comme j’avais prévenu ; je n’ai pas la note éxacte ma
belle sœur me l’apportera ...
J’ai reçu à Tournon une lettre de Louis dont j’ai été
fort peu satisfaite ; il se plaint beaucoup et ne veut rien faire tant qu’il
sera à Rouen ? je puis tres fort présumer d’apres sa lettre qu’il y a
eu à son départ quelques scènes à son occasion entre son pere et sa
mère ; il me dit que cette derniere est malade, et qu’a cause de cela
elle voulait le garder à Paris ; îl croit que son pere pourrait obtenir ce
changement
Je devais lui répondre pour le raisonner à ce sujet et le
prendre par les sentîments pour le faîre travailler comme il me l’avait tant
promis en partant.
Adieu Chere je vous embrasse tous [dans la marge de
gauche, de haut en bas] Je viens d’apprendre que Marguerite est partie je
lui aurais donné ma lettre
[enveloppe]
Madame
Madame Pal chez Mr Berlioz
La Côte St André
Isère
2011.02.220 et enveloppe 2011.02.221 |
Dimanche 21 novembre 1847 | À sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages. Écriture plus régulière et lisible que d’ordinaire. Timbres postaux sur l’enveloppe: (recto) VIENNE, 21 NOV. (18)47; (verso) LA CÔTE-ST-ANDRÉ, 22 NOV. (18)47.
Vienne Dimanche 21
Je te remercie Chere sœur de m’avoir
envoyé la lettre d’Hector, elle m’a fait grand plaisir, je redoutais pour
lui des déceptions et son début à Londres en a été aumoins éxempt esperons
que la suite sera de même je pense qu’il a donné de ses nouvelles à son
fils et que le pauvre enfant sait maintenant ou adresser ses lettres
Mon pere a
du être satisfait des détails donnés par Hector il a pu s’y interesser d’autant
plus que d’apres ce que tu me dis sa santé est un peu moins mauvaise et sa
tristesse moins écrasante ; je n’ôse trop me féliciter de cette bonne
nouvelle dans la crainte qu’a l’heure qu’il est il n’en soit déja plus
ainsi, ton départ va être une grande épreuve ; je pense que la fin de la
semaine te verra installée à Grenoble il doit te tarder de prendre tes
quartiers d’hiver chere sœur, ta bonne chambre bien chaude bien gaie te sera
douce en quittant celle que tu occupes à la Côte si triste et si incommode.
[p. 2] nous eumes un instant hier soir Mr
Alfred il partait pour Grenoble pour aller voir son frère, mais le colonel
revenu d’afrique sans être nommé Maréchal de Camp c’est une si cruelle
déception pour cette famille qu’on a glissé sur ce sujet si fécond
ordinairement d’une manière tres sîgnificatîve il s’étendait avec plus de
plaisir sur la maniére somptueuse dont son cousin le Procureur General s’installait
à Grenoble, et sur ses brillants projets de receptions cet hîver.
Je crois Chere qu’il faut te résigner à la nomination de
Mr Almiras à Lyon, il parait qu’elle sera prochaine on en parle
beaucoup ici comme d’une chôse positive ; te voila une maison agréable
de moins pour tes soirées intimes et cela ne se remplace pas facilement ;
Meline absorbée aussi par ses trois marmots îra moins souvent les voir malgré
son amour de société ; quand tu la verras dis lui je te prie mille
chôses affectueuses de ma part, et combien j’ai appris avec interet sa
delivrance [p. 3] elle gardera probablement sa mère une partie de l’hîver ;
le voila bien commencé nous
avons de la neige ici aujourd’hui j’avais le projet d’aller voir Mme
Paret cette apres midi mais c’est
un peu loin avec un temps pareil il faut une volonté bien arretée pour s’y
decider, les deux dernieres fois qu’elle est venue me voir j’étais sortie,
mais elle aumoins ne viens pas expres à la ville Sa mère ne doit pas tarder à
venir
Dimanche nous sommes allés diner à la campagne chez Mme
Dutriac avec les dames de Loucry,
cette petite réunion a été tres agréable le temps nous a favorisé plus que
nous devions l’esperer, et nous ne sommes revenus qu’a onze heures du soir ;
les maîtres de la maison sont si gracieux si empressés à vous retenir qu’on
reste toujours tard chez eux malgré les mauvais chemins qu’il faut ensuite
traverser pour revenir à la ville et on y traite si bien les cochers aussi qu’il
sont souvent un peu entrains ce qui n’est pas très rassurant.
Ma belle sœur ne va pas mal, décidement mes soirées sont
sauvées elle a pris ses habitudes en conséquence, elle ne peut pas se plaindre
de ne pas nous voir malgré cela je t’en répond [p. 4] dans
quelques jours je prierai mon pere de faîre payer nos trente francs au couvent
comme tu me le propôses quand Monique trouvera une occasion pour m’envoyer le
linge que j’avais laissé à la Côte elle me fera plaisir
Elle a su probablement que Jenny était de nouveau en
convalescence de sa rechute Marguerite était partie pour St Jean sa sœur est
restée trois jours sans parole ..... on la croyait bien perdue pour
cette fois mais sa jeunesse a encore triomphé Je me préoccupe beaucoup de sa
remplaçante chez mon pere ; j’aurais voulu connaître ici une fille
convenable mais envain j’ai mis mon esprit à la torture je voudrais bien
savoir si tes recherches à la Côte ont été plus heureuses. tiens moi au
courant de tout cela je te prie chere sœur, notre pauvre père va cruellement
gémir cette semaine en te voyant faire tes préparatifs de départ j’en
souffre pour lui et pour toi plus que je ne saurais dire.
Adieu Chere embrasse Mathilde pour moi et ses cousines,
Josephine commence le pîano avec une ardeur incroyable ; elle veut que je
te le dises
Ton affectionnée sœur
A S.
[enveloppe]
Madame
Madame Camille Pal
chez Mr Berlioz
La Côte St André
Isère
2011.02.222 | Avril 1848 (?) | À sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages. L’enveloppe 2011.02.223 ne peut appartenir à la lettre 2011.02.222, puisque la lettre suppose que le Dr Berlioz, qui mourut le 28 juillet 1848, est toujours en vie (voir la chronologie). Timbres postaux sur l’enveloppe: (recto) VIENNE, 16 OCT. (18)49; (verso) VOREPPE, 17 OCT. 18)49.
Vienne Vendredi
Je crois que je suis un peu en retard avec
toi Chere Sœur, mais je deviens d’une paresse sans égale pour écrire depuis
quelque temps cependant tu m’avais donné le bon exemple par une immense
lettre pleine de détails interessants sur bien des gens de notre connaissance ;
mon Oncle m’a écrit depuis aussi une relation du mariage Bergeron, telle,
que je lui ai repondu qu’a part les Bannières, et le Char de triomphe rien ne
devait manquer ; plaisanterie à part ce jeune couple devait te faire plaisir
à voir chere sœur, c’est si rare les gens heureux par le temps qui court, qu’ils
jouissent bien cela dure si peu et c’est si doux ! ....
Je suis seule complètement aujourd’hui mon mari est absent
pour une affaire et mes fillettes sont restées hier soir à la campagne chez
une dame de mes voisines ou je les avais menés, et qui a voulu absolument les
garder jusqu’a demain matin ; elles auront été bien heureuse avec ce
beau temps aujourd’hui leur bonne est avec elles sans cela je ne serais pas
tranquille
[p. 2] Je suis un peu lasse de cette course d’hier deux
heures pour aller et un peu moins pour revenir, par un petit chemin charmant le
long du Rhone il est vrais, bien que Nancy eut fait ce trajet tres gaillardement
j’avais peur pour le retour, et c’est ce qui m’a rendu si facile
a ceder aux instances de leur petite amie.
Nous faisons souvent d’immenses promenades depuis mon
retour de la Côte, et je trouve tres commode d’avoir de bonnes jambes faute
de voiture ....
J’espere que Marc aura pu passer à la Côte et voir mon
pere Monique a ma demande m’avait fait ecrire par Mme Guichard en
même temps a peu pres que Mme Pion t’en donnait des nouvelles,
elles étaient peu satisfaisantes, puisque ce pauvre pere mangeait à peine et
restait au lit mais sans être plus malade d’apres Mr Rabin et Monique malgré
les souvenirs de chôses de ce genre que j’ai vue pendant mon séjour aupres de
lui je t’avoue que j’attends d’autres nouvelles avec anxietèe, je desire
vivement que [p. 3] Marc puisse y passer et je l’attends demain
avec une double impatience.
J’ai appris avec grand plaisir que Mme Gagnon
était hors de danger cette pauvre femme a du te
tourmenter je te comprends
chere sœur tu l’apprecie beaucoup puis
ses souffrances devaient être cruelles
J’espere aussi qu’on ne vous enlèvera point votre cour
et votre Ecole de droit, ce serait une ruine par trop complête pour Grenoble ;
les projets du Gouvernements tiennent à un fil et tout le monde prédit un
nouveau bouleversement « La Republique est grosse d’un roi »
c’est le mot du jour mais dieu seul sait ce qui surgira de tout cet abominable
cahos, on use un homme en huit jours et même moins ; voila deja Mr
Crémieux
exterminé à fond la séance d’hier était étonnante à son occasion ;
tout cela ne nous donne pas du repos et de l’argent voila toujours mon refrain
et celui de bien d’autres a propos d’argent connais tu ces mauvaises
affaires de Mr de Ventavon
le mari de la comtesse de je ne sais quoi [p. 4] Mr
Casimir y perd une dizaine de mille francs a ce que me racontat sa femme il y a
quelques jours, ce qui la rendait fort dolente je la connais, sa santé est
déplorable toujours, et les impressions penibles ont plus d’effet sur elle qu’autre
fois.
J’ai eu Jeudi passé l’abbé Faivre et mon neveu, que j’ai
trouvé tres bien portant, tres content et ayant deja gagné beaucoup depuis qu’il
est en de si bonnes mains, ce dont nous nous félicitons tous les jours Marc et
moi en dépit des gens interessés à nous blamer sur tout
ce que nous faisons pour ce pauvre enfant peu importe du reste
Adieu Chere Sœur l’heure et mon papier me disent de finir
J’ai une commission à faire avant la nuit et
je jetterai ma lettre à la poste en sortant
Je t’embrasse tendrement ainsi que Mathilde
toute à toi
A
Tu es peut être à St Vincent ou à la veille d’aller t’y installer d’après tes projets, ne laisse pas passer les roses et les cerises
[enveloppe]
Madame
Madame Camille Pal
Voreppe
par Grenoble
Isère
2011.02.224 | Vendredi 14 juillet 1854 | À son beau-frère Camille Pal | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages; pas d’adresse ou d’enveloppe.
Vienne Vendredi 14 juillet
Je vous remercie mon cher beau frère de l’affectueuse
lettre que vous m’avez écrite pour nous ôffrir l’hospitalité ;
grâce à dieu nous n’en sommes pas à prendre la poste pour fuir le choléra
et j’aime à me persuader qu’il n’arrivera pas jusqu’a nous, on parle
cependant de quelques cas a Lyon mais rien n’est moins sur, et c’est peut
être des gens du midi ? à Coudrieux il n’y a pas eu de nouveaux malades,
et les medecins Lyonnais envoyés sur les lieux n’étaient pas très sur que
ce fut le choléra asiatique ici on en parle le moins possible dans la peur
de prendre peur, vous savez qu’une vive préoccupation de ce fléau est
déja un danger de plus.
Je voudrais bien avoir des nouvelles de Mme
Boutaud et de Raoul, toutes les personnes qui devaient aller comme elle aux
Bains de Mer y renoncent [p. 2] après des informations précises,
comment alors Mme Boutaud s’expôserait-elle ? Mon oncle ne m’écrit
point et doit être à Vichy et j’ignore son adresse, je crois ma Tante à
Anjou mais quand je saurai pôsitivement où les trouver je leur écrirai pour
être rassurée
Je vous remercie de me donner des nouvelles d’Hector je m’etonnais
de n’en pas recevoir et prévoyait un nouveau départ pour l’Allemagne ;
vous ne me dites point si son séjour doit y être long ? et si Louis luî
donne signe de vie ? ce pauvre enfant me tourmente beaucoup, entre la
guerre et le choléra on varie ses inquiétudes : vous êtes bien
tranquille dans votre solitude de St Vincent sous vos frais ombrages on pourrait
même dire humides car la pluie cèsse si peu, que je ne puis me persuader que
nous sommes au mois de juillet ? on commence à moissonner cependant dans
nos environs je vis cela hier avec surprise en allant avec mes filles faire une
visite à Reventin à la famille
Faure [p. 3] ces pauvres jeunes filles sont bien tristes et bien
seules, leur frère est accablé, il renonce à plaider jusqu’à la rentrée
mais l’hiver prochain on espère qu’il recommencera ; que ferait-il de
son activité ?
Je ne crois pas qu’il songe à aller habiter Grenoble ;
ses filles tiennent à ce pays ci et sauf un mariage pour l’une d’elles n’en
sortiront certainement point autrement ; nous avions pris l’omnibus pour
faire cette course en revenant nous le manquâmes, et revînmes très lestement
à pied pour la plus grande gloire de Nancy très fière d’une si longue
promenade aumoins huit kilomètres
D’après ce que vous me dites mon cher beau frère votre sœur
se trouve heureuse à la campagne ; je vous prie de lui faire mes
compliments, puisquelle est en bonne disposition d’esprit et de santé sa
visite ne fatiguera point Mathilde au contraire cette chere petite sera moins
seule, la solitude est mauvaise à son age
[p. 4] Mon mari pense
vous trouver à la Côte à la fin de ce mois comme cela avait été convenu
pour le celèbre proces Pion et compagnie ; il doit voir Mr Gentil à
ce sujet du reste si vous voulez lui parler à Grenoble il y sera le 18
pour le mariage de son beau frere avec une demoiselle Désayes
d’Allevard je crois
J’ai fait avec plaisir la connaissance de Mme
Gentil elle est gracieuse et simple au possible ; si vous tenez à joindre
son mari il sera chez sa mère notre jeune et belle sbstitute
Mme Callin est malade
assez serieusement.
Mmes Alméras Coutet et Charmeil devaient faire une caravane cette semaine aux grottes de la
Balme
Mme Charmeil a passé
deux jours îcî avec son frère je
ne l’ai point vue Je m’étonne que ses filles ne soient point venues avec
elle à Reventin ?
Adieu mon
cher beau frère mon mari se joint à moi pour vous renouveler mille
remerciements de votre amicale invitation nous vous embrassons ainsi que
Mathilde
Votre dévouée sœur
A S
2011.02.225 | Dimanche 14 décembre 1856 | À sa nièce Mathilde Pal-Masclet | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages; pas d’adresse ou d’enveloppe.
Vienne Dimanche 14 Decembre
Je reçois ta lettre Chere niéce au
moment où je me dispôsais a t’ecrire pour m’informer de vos nouvelles, j’avais
appris hier indirectement que la nourrice de ton petit garçon avait été très
malade et que tu avais été forcée de t’en procurer une autre ;
inquiéte de ce changement pour le pauvre enfant j’avais hâte de savoir
comment il l’avait supporté
Je ne me doutais pas de la complication de sollicitudes que tu
avais eue dans le même moment Chere niece, c’etait trop à la fois, enfin
grâce a dieu ton mari n’a pas été plus grâvement malade et le marmot va
bien ; je comprends que tu ne devais savoir où donner de la tête, je
regrette beaucoup cette femme de Soutanil,
elle m’avait semblée bonne nourrice et gentille à avoir dans la maîson ;
je desire que celle qui la remplace soit aussi bien sous tous les rapports, tu
me diras mieux ce que tu en penses dans ta prochaine lettre
[p. 2]
Je n’ai pas très bien compris vos projets de séparation ; prendrez vous
un appartement l’hiver prochain pour
vous ? ou resterez vous encore chez ton beau pére ou
chez ton père ? tes explications n’etaient pas très claires, tu avais
trop de chôses à m’apprendre pour entrer dans les détails.
Je n’avais point de nouvelles de ma cousine depuis
long-temps et la pauvre femme n’a pas été sans embarras non plus, dis lui je
te prie mille chôses de ma part, elle doit attendre Ernest prochainement ;
Mon oncle et ma Tante l’auront encore trouvé à Montpellier îls sont partis
Mercredi laissant à Tournon toute leur famille assez bien portante même
Mr Bergeron un peu mieux Mme Boutaud attend Raoul pour ses
Etrennes avec un galon à sa manche ; il ne voulait
pas revenir sans cela en congé il prend sa pôsition à cœur. Je félicite
beaucoup ton mari Chère niece de son projet de se créer une pôsition de
travail, encourage le dans cette voie, plus tard vous vous en féliciterez [p. 3]
l’un et l’autre dans l’intérêt de vos enfants. A propos d’enfant tu
sais peut être déja que Mme Ausias
est accouchée ici d’un garçon vendredi dernier, huit jours après être
arrivée, elle a peu souffert, et va à merveille. on Baptisera le nouveau né
ce soir, son mari grâce au Télegraphe a pu arriver îci quelques heures
seulement après la délivrance de sa femme
Emy est très heureuse de sa nouvelle dignité de Tante, mes
filles regrettent tous les jours que ton petit garçon soit si loin, elles
seraient si contentes de le caresser et le porter à qui mieux mieux tu sais
comme elles adorent les poupons est-il toujours aussi mignon ?
Madame Couturier voudrait bien le pareil elle n’est
toujours pas grosse à sa grande désolation, elle est encore a Chasse
ainsi que sa mere mais reviennent cependant cette semaine ; son mari vient
de vendre sa propriété de St Julien à sa grande satisfaction mais à présent
comme le tien il songe sérieusement à s’occuper ailleurs
[p. 4]
J’ai reçu ce matin de la musique pour Josephine de la part de ton Oncle
Hector îl est rempli d’attentions aimables pour mes filles, aussi elles
travaillent avec zèle depuis un mois a lui broder des pantoufles et un sac de
voyage avec son chiffre, Josephine veut joindre à l’envoi un
paté froid de sa façon sachant que son oncle les aime fort. elle fait des
tourtes
aussi dont elle voudrait te faîre juger ; les journées ne sont pas
assez longues pour elle, son Italien, son chant, son piano et le reste l’absorbent
complétement ; je viens de la forcer à venir avec sa sœur promener un
peu au beau soleil .... maintenant je te quitte
Chere niece pour aller à Vepres et au sermon nous allons avoir cette semaine
une retraite prechée pour les dames dans la chapelle de l’hôpital par le
père Ducreux de Lyon, et il faut bien assister à l’ouverture ce
soir Adieu donc Chère Mathilde mille chôses três amicales à ton mari, ton oncle
t’embrasse ainsi que tes cousines, elles n’oublient pas le poupon adieu
adieu
2011.02.226 | Lundi 20 juillet 1857 | À sa nièce Mathilde Pal-Masclet | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages; pas d’adresse ou d’enveloppe.
Vienne Lundi 20 Juillet
Je suis bien aise Chere niece que tu
ailles un peu cette semaine respirer le bon air de St Vincent, avec l’affreuse
chaleur que nous avons ton petit Camille y sera mieux qu’a la ville, ce joli
mignon aurait besoin de se fortifier à la montagne jusqu’a l’Automne ;
il te donnera des sollicitudes étant en retard pour sa dentition
Tout le monde me dit des merveilles de sa beauté, on m’assure
que c’est tout le portrait de sa grand mere Nancy et je ne puis te dire chere
niece combien j’ai hâte de juger de cette ressemblance si chère à mon cœur,
comme au tien sans doute ?.. j’avais très spécialement chargée Emy de
le regarder avec soin pour m’édifier sur ce point, et elle m’a confirmée l’opinion
de notre cousine, mais comme cette derniere aussi elle te trouve bien maigre,
cela me [en haut de la page, dans l’espace entre l’adresse et le début
de la lettre, écrit de côté] Mon oncle et ma Tante son a Cautterets
ou ils s’ennuient horriblement ma tante à la suite de son petit rhume se
croyait perdue et vite on est allé aux eaux : mon oncle regrette Allevard
et surtout Plombieres je viens de lui repondre pour doubler ses regrets
[dans la marge de gauche, de haut en bas] fais mes compliments a la
famille Gagnon je te prie [p. 2] préoccupe, soignes toi donc mieux
mon enfant a present que mère de famille à ton tour tu es nécèssaire à plus
de gens, et à plus de chôses, les embarras ne feront que grandir pour toi
quand tu seras a ton ménage ; a propos de cela pourquoi ne prierais tu pas
Mme Boutaud de ton emplette de toiles ? elle le fera avec soin
et plaisir certainement et si tu ne veux pas lui ecrire directement pour cela
repond moi et je m’en chargerai, c’est une occasion à saisir elle
est encore a Plombieres pour près de quinze jours ; mais
hâte toi si tu veux de me donner tes instructions et de me dire la quantite et
les prix ... Si tu tu en veux
pour des draps de maitres ou de domestiques tu pourrais lui laisser la décision
suivant l’occurence et dans de certaines limites, tu sais qu’elle
est femme entendue et économe s’il en fut, je t’écris vite aujourd’hui
pour cela en joignant à ma lettre un échantillon [dans la marge de droite,
de haut en bas] Tes cousines esperent aller a la Chartreuse cette automne
avec Odile [p. 3] que j’avais pour te donner une idée des prix ... il était de
2f 20c le mètre et avait 1m
20c de large ce qui est convenable ... cette finesse pour le prix est très
jolie, on en vend même de plus fins mi-roux
plus avantageux plusieurs dames en ont acheté ainsi pour les payer moins chers,
avec le projet de les faire servir momentanement aux domestiques avant qu’ils
fussent blancs
Il est possible que les toiles ayent un peu augmentées comme
tout le reste
Reponds moi si tu desires que j’ecrive a ce sujet a Mme
Boutaud ?.
J’en ai reçu une longue lettre cette semaine et une autre ce
matin de Mme Blachier,
toutes deux ont la bonté de me donner des détails sur Plombieres et la bonté
plus grande encore de m’y regretter ... Mon frere et sa femme y sont aussi
depuis Samedi, et logés par les soins de ces deux dames chez Mme
Lippmann avec elles comme l’an dernier a 6 f par personnes logement et
nourriture ce n’est pas trop cher mais avec chambres modestes [p. 4]
a leur arrivée la grande table étant comble a cette pension ils ont obtenus d’en
avoir une dans un petit salon à part ou ils sont seuls très agréablement
réunis en petit comité que ne suis-je là aussi comme j’y ferais
bien ma partie ! vraiment chere niece je regrette fort ce voyage cette
année dans de si bonnes conditions ... l’Impératrice y a passée quelques
jours, et il y a eu de belles fètes à son occasion dont Marthe était ravie
les grands personnages y affluent plus encore que l’an dernier ... mais la
chaleur n’est pas moindre ... ouf ... ici c’est à en mourir ... votre
cavalcade a du fondre hier littéralement ... nous avons eu ces jours ci
quelques petites réunions en l’honneur de quatre dames de Nancy amies de Mme
Dutriac et fort aimables ..... il
y avait de plus un des Secretaires de l’Empereur ici chez son pere, jeune
homme charmant, plus son frere venant d’Ajaccio ... ces Messieurs sont bons
musiciens, et Josephine a osé jouer et chanter tout doucement devant eux enfin
cela la stimule un peu .... Leonie est décidément enceinte, grande joie mais
triste mine ... je ne te souhaite pas de suivre son exemple de si tot aumoins
Adieu chere petite mon papier finit, tes cousines et ton oncle t’embrassent et
moi de même A
2011.02.227 et enveloppe 2011.02.228 |
Samedi 24 juin 1854 (?) | À sa nièce Mathilde Pal-Masclet | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages. Timbres postaux sur l’enveloppe: (recto) VIENNE, 2* JUIN (?) (18)54 (? pratiquement illisible); (verso) VOREPPE, 28 JUIN (18)54
Vienne Mardi 24 Juin
Ta derniere lettre était triste Ma Chere
Mathilde je crains que le séjour de St Vincent ne t’inspire mal, tu y es trop
seule cela me préoccupe, je vois que même ton jardin n’est plus une
distraction comme les autres années ranime toi Chere petite je ne te permets
point de voir l’avenir avec tant de découragement, j’espère pour toi au
contraire un établissement brillant, la providence te dédommagera ainsi de t’avoir
enlevé ta pauvre Mère ; je comprends ta sympathie pour les demoiselles
Faure, comme toi elles sentiront toujours davantage leur isolement, elles sont
à la campagne depuis quelques jours Mme Alizou n’a pu s’y
arreter mais Mme St Rome
doit venir la remplacer quelques jours aupres de ces pauvres enfants.
[p. 2]
J’ai reçu hier une lettre de ton oncle Marmion ; il a vu plusieurs fois
mon frère et déjeunait chez lui ce matin à son retour il pourra me
donner bien des détails j’espère il ne ne me parle pas de Louis je viens de
lui repondre et de lui en faire le reproche ; il compte partir pour Vichy
la semaine prochaine Ma Tante renonce décidement à aller au Montdor cette
année, Mme Boutaud ira à Marseille prendre les bains de mer,
plusieurs dames de ma connaissance y vont également, d’autres partent pour
Vîchy pour Uriage Mmes
Dutriac sont à la campagne la
ville se dépeuple absolument. Hier j’eus la visite de Mme
Recourdon
elle me donna des nouvelles de la Côte sa sœur va à Allevard
Mr Joseph est décidement mieux mais il a donné sa démission au
grand regret de sa famille. Melle Asine se marie avec un des [p. 3]
fils Déplagnes de Balbins, je ne sais si c’est l’ainé qui est controleur
il est très bien je le connais, mais ce qui me fait croire que c’est son
frere c’est qu’il va habiter la Côte l’appartement de Mr
Joseph Lacroix voila Monsieur Camille heureux de garder sa niece près de lui,
bien que le mariage ne soit pas très brillant il vaut mieux que si elle avait
épousée Mr Gerbolet à mon avis.
Mon mari a reçu la lettre de ton pere pour notre nouveau
procès, il a fait ce qu’il fallait dis le lui je te prie d’après le
journal de Grenoble la procession de dimanche a été magnifique il parle
beaucoup d’un reposoir
extraordinaire, ou trônait le pere éternel, les anges des Bergers, des
capucins et des animaux de toute espèce, il me semble que c’est bien étrange et
bien primitif pour une ville d’une civilisation si avancée ...
[p. 4]
J’ai reçu la semaine derniere une lettre de notre cousine Odile pour me prier
de faire des démarches pour faire rentrer un
jeune homme renvoyé du collège de Vienne auquel elle s’interresse j’ai
inutilement fait plusieurs tentatives et je vais lui écrire pour lui exprimer
mes regrets de mon non succès.
J’en suis à ma quatrième lettre ce matin je me trouve
sublime ni plus ni moins car avec la chaleur et ma paresse c’est énorme
Adieu Chere petite tes cousines t’embrassent bien
affectueusement
nos amitiés à ton pere
mes compliments aux dames Gagnon
raconte moi ce que tu fais et ce que tu lis.
A S
[enveloppe]
Mademoiselle
Mademoiselle Mathilde Pal
Voreppe
près Grenoble
Isère
2011.02.229 et enveloppe 2011.02.230 |
Lundi 24 juillet 1854 | À sa nièce Mathilde Pal-Masclet | Texte corrigé | Image |
Six pages en tout (une page séparée plus un feuillet de quatre pages). Timbres postaux sur l’enveloppe: (recto) (Vienne), illisible; (verso) VOREPPE, 25 JUIL. (18)54.
Vienne Lundi 26 Juillet
La chaleur est si accablante depuis
quelques jours Ma Chere Mathilde, qu’il me faut faire un éffort de courage
pour prendre la plume écrire est un travail pénible, à peine si on trouve la
force de sortir à huit ou neuf heures du soir pour chercher un peu d’air au
bord du Rhône, mon aiguille se rouille dans mes doigts, je m’endors sur mon
livre aussi j’en ai déja assez de l’Eté quelque tardif qu’il soit cette
année ... Les récoltes en avaient grand besoin, et les preneurs d’Eaux
commencaient à désesperer, mon oncle m’a écrit de Vichy la semaine derniere
qu’on avait quitté les paletôts d’hiver que la veille ; sa santé
etait bonne malgré cela ; il me disait que Mme Boutaud était
à Marseille, sans parler de Raoul depuis lors îl est probable qu’elle sera
revenue à cause du choléra ; il est fini à Avignon ou à peu près dit-on,
tranquille sur ce point la pauvre femme reviendra chez elle sans regretter les
bains de [p. 2] mer, quand j’aurai des détails plus complets je t’en
ferai part, pour passer à une autre cause d’inquiétude j’ai reçu une
longue lettre de Louis pleine de détails très interèssants sur les évenements
où il s’est trouvé ; son batiment (le Phlégeton) est celui qui s’est
approché le plus de Cronstad, il
avait eté envoyé prendre des plans
à portée de canon pas un Boulet n’a été lancé heureusement à leur grande
surprise le branle bas de combat était fait à bord des frégates anglaises et
francaises ... il parait que le moment de la réunion des deux flottes a été
un spectacle magnifique elle a eu lieu à Borasund petite ile déserte au bruit
de la musique et des canons, Louis a pu admirer l’arrivée de 47 navires sans
compter ceux des Russes qui étaient à três petites distances ... il parait
três enchanté de sa position, et ne dit rien du choléra qui d’après
les Journaux ferait de grands ravages dans la Baltique Il pense retourner sous
peu au mouillage (ou est-il je l’ignore) on ne fera rien à Cronstad
cette année il faut [p. 3] attendre les chaloupes canonnieres qui
ne sont pas encore finies ... peut être ira-t-on bombarder Revel ?
on regarde le retour en France comme fixé au mois de 7bre le rève de ton
cousin serait d’etre libre quelques jours pour venir avec son pere complèter
notre réunion de famille je la desirerais vivement ...
Il était très fier d’avoir reçu une lettre de l’amiral
Cecile, et de celle qu’il avait ecrite à son commandant pour le lui
recommander chaudement, avec des protections et les circonstances favorables je
commence à esperer que Louis réussira dans sa carriere, je lui ai repondu de
suite comme il me le demandait si affectueusement, il me chargeait de le
rappeler à ton souvenir. Il n’y a pas besoin d’être sur le théatre de la
guerre pour voir sa vie en danger, notre bonne Monique a failli être tuée il a
y en hier huit jours par une
voiture à la porte de la maison ; le cheval lancé au grand trot l’a
renversée contre le mur ou elle s’est crue écrasée [p. 4] on
poussait des cris affreux autour d’elle enfin on est parvenu à temps à
renverser ce terrible cheval, mais sa frayeur avait été si forte que pendant
plus d’une heure cette pauvre fille est restée comme stupéfiée .... on l’avait
portée chez sa niece ou les soins ne lui ont pas manqués ... on hésitait à
la soigner, elle a été malade toute la semaine mais grâce à une érruption
de Boutons elle va bien, je ne puis te dire Ma chère Mathilde combien j’etais
émue en lisant ces détails ce matin, j’aime cette pauvre Monique comme un
des membres de la famille, et si elle avait péri d’un accident pareil je n’aurais
pu m’en consoler, remercions Dieu qui l’a sauvée Mon mari et ton pere la
verront Lundi 31 le Tribunal est toujours decidé à faire ce jour là sa
descente de lieux ton oncle a vu hier Mr Gentil pour cela quand à l’autre
procès Baujean mon mari fit
donner il y a long-temps l’assignation l’avoué adverse est constitué ;
il faudra que ton pere réunisse les papiers les titres concernant cette sotte
affaire pour les remettre à mon mari [p. 5] il pense se rendre à
la Côte Dimanche soir si ton pere était libre aussi, il serait bien que ces
Messieurs eussent le temps de se concerter avant l’arrivée du Tribunal.
Je présume que ta Tante restera à St Vincent pour te
tenir compagnie pendant l’absence de ton père ; je regrette beaucoup
pour elle et toi le refroidissement de l’amitié Gagnon, mais le nuage est
peut être dissipé à l’heure qu’il est, ce n’est pas le prémier et ce ne
sera probablement pas le dernier. En l’honneur du prémier jour de beau temps
nous allâmes il y a dimanche
huit jours passer la journée chez Melle Tisserandôt à Tornoy près
Grigny où son pere à loué le Chateau de l’ancien républicain Bertholon
ton pere doit connaitre cela ? cette habition est très belle tes
cousines étaient bien heureuses de cette campagne
qui fut une surprise ; Nancy était ravie de traverser le Rhône en
bateau tout ce qui est nouveau la transporte dans l’après midi Melle
Tisserandôt les fit pécher à la ligne autre nouveauté et juge de sa
joie du prémier coup elle prit une carpe d’une livre et demie ?
... [p. 6] elle poussait de tels cris que nous fûmes éffrayés
nous courûmes, Josephine aussi émue que sa sœur éssayait en vain de
decrocher la pauvre bête voila une impréssion qui fera époque dans leurs
souvenirs ... comme nous n’étions pas attendus et que la bande d’amis
était nombreuse chacun avait porté son plat, poulets pâté etc. l’accueil
le plus aimable ne nous a pas manqué plus que l’appétit et la partie a été
charmante.
Voila ma chère petite une lettre immense j’ai vidé mon
sac à fond, dans ta solitude je sais que tu n’est pas trop difficile, les
distractions sont rares, tu travailles donc beaucoup je t’en felicite,
Josephine vient de me broder un magnifique col, Nancy termine les Manches nous
te montrerons ces chefs-d’œuvres adieu chère petite à bientôt les vacances
arrivent à grands pas je ne sais comment l’Eté aura passé ? ...
Donne je te prie de bonnes nouvelles de mes domestiques à
leurs parents, mes compliments à ton pere et a Mme
Pochin
Nous t’embrassons tous
A S
[enveloppe]
Mademoiselle
Mademoiselle Mathilde Pal
Voreppe
par Grenoble
Isère
2011.02.231 et enveloppe 2011.02.232 |
Vendredi 18 août 1854 | À sa nièce Mathilde Pal-Masclet | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages. Timbres postaux sur l’enveloppe: (recto) VIENNE, 18 AOUT (18)54; (verso) VOREPPE, 19 AOUT (18)54.
Vienne 18 aout
Je suis peut être un peu en retard avec
toi Chere petite, mais mon mari voulait repondre à ton pere au sujet de notre
procès et comme il est assez souffrant depuis huit jours ni lui ni moi n’avons
pris la plume, l’influence cholérique est tres génèrale ici on se soigne
et se préoccupe cent fois plus qu’en temps ordinaires ton oncle a eu
de violentes coliques, elles ont cèssés maintenant mais il est au régime, et
ne mangeant pas n’a pas beaucoup de courage ; l’humidité du soir est
très pernicieuse cette année ; mercredi j’étais allés à un grand
diner chez Mr Tisserandôt à Tornoy et très tourmentée de laisser
mon mari ; il voulut venir le soir à ma rencontre dans l’omnibus jusqu’à
Givors pour me rassurer il faisait très frais et cela a augmenté ses malaises,
j’espère [en haut de la page, dans l’espace entre l’adresse et le
début de la lettre, écrit de côté] on nous a dit que le General et sa
femme étaient au Chevallon fais leur nos empressés compliments Mme
Dutriac
et sa fille sont à Uriage depuis quinze jours notre substitut Mr
Callin est nommé juge d’Instruction a Gap Je sais grâce à dieu que vous n’avez
plus de cas de cholera a Grenoble [p. 2] qu’en évitant de
nouvelles expériences il sera parfaitement d’ici à quelques jours à quelque
chôse malheur et bon, cette nuit on est venu sonner à notre porte ce qui m’a
fort bouleversée on venait chercher ton oncle pour aller faire le Testament d’un
voyageur malade dans un hôtel place St Maurice, il hésitait à y aller, mais
il était facile de prouver quelle imprudence il y aurait à sortir aussi mal
dispôsé on a renvoyé le domestique chez un autre notaire à ma priere et ce
malade de cette nuit a été enterré ce matin à dix heures j’en
suis encore à ne pas le croire ? c’est un medecin de Rive de Gier mort
du choléra ...... hier à 7 heures du soir il était au café il arrivait ...... on dit qu’il avait soigné admirablement les cholériques
[ajouté entre les
lignes vers le bas de la page] dans un petit village près St Chamond (il
était venu ici attendre sa femme arrivant [suite du texte original] de Marseille),
le pauvre homme dieu lui en tiendra compte j’espère [p. 3] Je puis t’assurer
ma Chère enfant que ce matin en voyant passer ce convoi et en apprenant ces
tristes détails j’ai été aussi bouleversée que le 1er jour de
la République en voyant un drapeau et un Bonnet rouge !! quelles horribles
fléaux nous sommes condamnés à subir ?. La mort de ce medecin a fait une
très vive sensation dans notre ville la crainte de l’infection a fait
précipiter ses obsèques ... il avait sa femme avec lui dit-on comprends tu
cette horrible position ? Je ne saurais te parler d’autre chôse ma
pauvre enfant excuse moi.
Mercredi notre diner de Tornoy eut été fort agréable sans
la contrarieté d’être forcée d’y aller sans ton oncle le temps
était superbe la réunion choisie, nous avions un ingénieur Mr
Lacordaire cousin du dominicain homme très aimable, très original et causant
beaucoup
[p. 4] J’ai vu il y a huit jours notre oncle
Marmion à son retour de Vichy se rendant à Avignon il allait à merveille, et
ne songeait qu’a faire des projets pour les vacances ... il attendra le signal
du rendez-vous general avec impatience je ne reçois point de lettre de mon
frère, je vais lui en demander raison je sais qu’il est à Paris par Mr
Dufeux chez qui il etait allé
sans le rencontrer la semaine derniere ... Tes cousines ne seront en vacances qu’a
la fin du mois, mais à part notre réunion à la Côte les pauvres petites
probablement n’iront pas ailleurs cette année il faut rester chez soi, et sur
tout ne pas se séparer sous peine de n’avoir pas une minute de repos, toutes
ces préoccupations sont bien tristes ... Notre procès en est toujours là il
ne se jugera pas avant la rentrée, ce que mon mari avait craint un moment et c’est
pour cela qu’il avait demandé à ton père l’acte de Mr Paret
afin de coordonner notre position vis à vis de ce dernier avec celle que nous
aurait faite le jugement si mon mari en croit notre avocat (qui se garde d’en
parler la paresse de Mr Masclet pourrait nous conduire jusqu’au
mois de juillet prochain époque à laquelle nous pourrons faire expliquer Mr
Paret en éxigeant notre payement échu
... personne n’a fait aucune demarche pour traiter comme ton pere le croyait d’après
sa lettre si l’occasion se montrait mon mari s’y prêterait certainement par
l’intermediaire de notre avocat. Voila tout ce que je puis te dire à ce sujet
adieu chere niece fais nos compliments à ton pere
[enveloppe]
Mademoiselle
Mademoiselle Mathilde Pal
Voreppe
près Grenoble
Isère
2011.02.233 et enveloppe 2011.02.234 |
Lundi 28 août 1854 | À sa nièce Mathilde Pal-Masclet | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages. Écriture plus agitée que dans les lettres précédentes. Timbres postaux sur l’enveloppe: (recto) VIENNE, 29 AOUT (18)54; (verso) VOREPPE, 29 AOUT (18)54.
Vienne Lundi 28
Je viens de recevoir Ma chère Mathilde
une lettre de mon frère qui me cause un grand étonnement, il prétend avoir
prévenu ton pere qu’il ne viendrait qu’au mois de novembre ... comme tu ne
m’as pas parlé de cela je suppôse que peut être il s’est trompé en
écrivant et aurait mis novembre pour octobre — en consequence je viens de lui
ecrire sans perdre un instant pour qu’il s’explique ... Notre contrariété
serait grande à tous si notre réunion d’affaîres ne pouvait avoir lieu comme
nous comptions depuis si long-temps !.
Il venait de recevoir une lettre de Louis écrite avant et
après le bombardement de Bomarsund, il en est sorti sain et sauf heureusement,
ton oncle a été affreusement tourmenté à son sujet.
Il vient d’échouer à l’Académie des beaux atrts ;
pour cette présentation [p. 2] il avait renoncé à son voyage en
Allemagne voila donc qui sera à recommencer à la prémiere vacance ; il
est de toutes les Académies de l’Europe comme il me dit et ne pourra peut
être jamais être de celle de France.
Le Tribunal sans crier gare a jugé notre procès, après
avoir seulement prévenu la veille les Avocats que le jugement serait prononcé
sans plaidoirie
Il a ordonné que les travaux de réparation seraient faits
sous la direction du voyer qui
habite la Côte et que l’entretien à l’avenir aurait lieu suivant le titre
c’est à dîre par les Pions et Paret ... il a mis à notre charge les trois
quarts des frais du procès et un quart à celle des Mssi
Pion et enfin il a ordonné que les reparations seraient supportées dans cette
même proportion.
Mon mari ne s’explique pas bien encore si les trois quarts
des réparations mises à notre charge sont les trois quarts [p. 3]
de la moitié que nous prétendions faîre supporter aux Messieurs Pion ou si c’est
les trois quarts de la totalité des réparations.
Marc attend que le jugement soit couché pour s’édifier
complêtement en attendant il se garde de soulever cette question prudemment il
se propôse même dans le cas ou cela serait à notre avantage de bien vite
faire expédier le jugement pour qu’aucune modification ne fut possible
voila donc une sotte affaire terminée
Les chôses ne s’arrangent en rien comme nous voudrions
pour les vacances si mon frere ne vient qu’en novembre que ferons nous ?
pourrons nous l’attendre ?.. quelles complications commises pour tous ...
mon oncle m’ecrivait ce matin aussi et brule de recevoir le signal sa
femme perd la tête de peur du choléra et voulait se sauver on a fini par lui
prouver qu’il etait [p. 4] impossible de savoir où aller et que
le plus sage était de rester à Anjou la pauvre femme doit être bien a
plaindre avec sa monomanie dans ce moment.
Je viens de repondre à mon oncle que nos projets étaient
moins arretés que jamais ... Mon mari est mieux mais point complêtement
rétabli. J’espère que trois prises de quinine lui auront coupés sa fievre
nerveuse venue à la suite de ses coliques
Voila trois semaines que j’ai passé bien tristement ma
chere Mathilde ton oncle a des vapeurs
comme une jolie femme, je ne puis le quitter un instant sans être tourmentée,
il sort cependant même par ordonnance du medecin ... aujourd’hui il va bien
Si cela continue je serai peut être au bout de mes peines .... Je n’aurais pu songer à aller à la Côte si cet état de malaise avait
continué.
Tes cousines seront demain en vacances
Adieu Chere
niece je te transmettrai la reponse de mon frere de suite et nous aviserons
alors seulement
nos amitiés à ton pere
Je t’embrasse
A
[enveloppe]
Mademoiselle
Mademoiselle Mathilde Pal
Voreppe
près Grenoble
Isère
2011.02.235 | Mercredi 15 novembre 1854 | À sa nièce Mathilde Pal-Masclet | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages; pas d’adresse ou d’enveloppe. Lettre bien écrite dans l’ensemble, se dégrade au bas de la dernière page.
Vienne Mercredi 15 Novembre
Je ne sais ma chère Mathilde si cette
lettre te trouvera encore à St Vincent, je l’y adresse croyant la
prolongation de votre séjour plus probable qu’un départ anticipé, ton père
n’aime pas l’imprévu ; ta réponse à Josephine est arrivée pendant
que nous avions ici ton cousin, sa visite m’a fait un plaisir immense, mais
elle a été par trop courte il arriva ici mardi matin y repartit le lendemain
pour Tournon d’où il ne me revint que le vendredi 10 pour repartir en toute
hâte le samedi à deux heures sur un ordre imprévu de son commandant ;
son nouveau bâtiment le Laplace s’embarquant pour la Mer Noire le 14
il n’y avait pas un instant à perdre. Je te dirai ma chere petite que nous
avons été tous enchantés de notre jeune marin il est très bien et
ressemble à son pere d’une maniere incroyable c’est le mot, son de voix,
geste, démarche enfin un je ne sais quoi à prendre l’un pour l’autre si
les cheveux du fils était aussi bruns que ceux du pere ; il a une tournure
et des manieres de très bonne compagnie [p. 2] et m’a semblé
avoir des gouts et des idées très Aristocratiques ... il cause bien, et
raconte sans forfanterie tous les dangers qu’il a courus dans ses divers
voyages, il aime son Etat malgré toutes les épreuves qui en sont inséparables
Je lui crois du sang froid un genre de courage Anglais sî je puis m’expliquer
ainsi .... l’annonce du départ pour le théatre de la guerre en Orient l’a
enchanté et moi bien attristeé je t’assure J’aime ce jeune homme comme je
t’aime ma fille, pour l’un comme pour l’autre je me sens un cœur de mère,
et vous ne sauriez courir un danger sans m’y associer beaucoup trop pour mon
repos .... Je regrettais de n’avoir pas mes quatre enfants réunis la semaine
derniere, et j’avais eu (le croirais tu ?) la stupidité d’esperer un
peu que ton pere nous ferait la charmante surprise de t’amener en venant à la
Côte, ce voyage coincidait si bien avec l’arrivée de Louis !.. La visite
de ce dernier a fait grand bien à mon mari il est reellement bien mieux depuis
lors, je respire un peu et j’en avais trop besoin après tant de
sollicitudes, il continue le traitement ordonné par son medecin.
[p. 3] — Mais à l’instant une lettre on ne peut
plus affectueuse de ton oncle Hector pour m’annoncer le départ de Louis pour
Cherbourg et me remercier du tendre accueil que nous lui avions fait les uns et
les autres, mon oncle et ma Tante l’ont comblés, mon oncle luî a donné deux
cents francs, c’est un joli cadeau venant fort à propos pour s’équiper
avant une nouvelle campagne j’en ai été aussi joyeuse que si je les avais
recus moi même ; et j’aurais voulu pouvoir être aussi génereuse.
Mon frere me raconte que l’Amiral Cecile était venu la
veille leur faire une visite, dans la quelle il a expliqué à Louis avec les
plus grands détails les diverses etapes de sa carriere, en l’assurant avec la
plus cordiale bienveillance de l’interet avec lequel il la suivait de l’œil,
et de son empressement à l’appuyer en toute occasion ... j’ai copié
ce passage de la lettre textuellement ... tu vois que ton oncle a raison d’être
heureux d’avoir pu obtenir à son fils un si excellent protecteur.
Le grand duc de Weimar l’attend pour le prémier janvier c’est
son patron à lui, qui a bien son prix aussi ?... on doit jouer à Paris
le 10 decembre son nouvel ouvrage la Trilogie sacrée il en espère du
succès comme en Allemagne Voila de longs détails sur le pere et le fils.
changeant de sujet pour abréger Chere niece je prierai ton père de vouloir
bien remettre en avance sur nos comptes futurs 100 au père Maffi
de la part de ses filles [p. 4] pour réparer et ajouter sa petite
maison, elles trouvent à leur convenance de faire ce placement sans interets
pour le bien de la famille, leur sœur de Voiron se joint à elles également ;
comme il n’est pas facile d’envoyer de l’argent j’ai pensé que ton pere
voudrait bien se préter à cet arrangement pour simplifier. Je te prie alors de
dire à Maffi d’ecrire à ses filles après ce payement, sa lettre leur
servira de recu et de titre pour l’avenir ......
Je pense aller peut être à Lyon la semaine prochaine et m’occuperai
de tes commissions avec le plus grand soin tu peux y compter.
Mon mari me charge de vous dire au sujet du procès Pion qu’îls
veulent en appeler malgré les conseils de leur Avocat ; la
signification du jugement n’a pu être faite parce que le nôtre ayant
perdu sa fille unique ne veut en aucune façon s’occuper d’affaires,
et qu’on n’a pu obtenir de lui la rédaction des quotités
du jugement cependant mon mari a penetré
jusqu’a lui a grand peine et il a été convenu que ton pere enverrait les
conclusions qu’il avait prises sauf a les modifier sur celles prises par nos
adversaires s’il y a opportunité de le faire. Voila ma chere tout ce que je
puis le mieux expliquer sur cet ennuieux chapitre.
J’ai diné hier avec Mesdames Dutriac, mais elles sont
encore à la campagne et n’etaient venues qu’en courant pour des
affaires ; les delles Faure sont installées à la ville je les
ai vues aussi hier les unes et les
autres se rappelent à ton souvenir
Adieu chere niece dis moi si tu as commence les rideaux en
tricot, moi je me lance on ne
peut mieux
Ton oncle et tes cousines t’embrassent, nos compliments à
ton pere
2011.02.236 et enveloppe 2011.02.237 |
Dimanche 10 décembre 1854 | À sa nièce Mathilde Pal-Masclet | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages. Timbres postaux sur l’enveloppe: (recto) VIENNE, 11 DEC. (18)54; (verso) GRENOBLE, 11 DEC. (18)54. Premier exemple dans cette collection d’un timbre collé sur l’enveloppe.
Vienne Dimanche
Je suis bien paresseuse chère petite mais
pardonne, je ne puis écrire souvent sans en être fatiguée ; hier une
réponse trop tardive à notre cousine Odile et une à mon oncle étaient tout
ce que je pouvais faire, aussi avais-je prié la prémiere d’aller te donner
de nos nouvelles, et te rassurer sur la réception du Billet de 101 f 50 ...
elle a du te dire que nous allions mieux ton oncle et moi je commence à
reprendre les habitudes de tout le monde, à respirer un peu, il s’en faisant
plus que temps je t’assure chère niece car j’ai cruellement souffert depuis
quelques mois ..... aussi suis-je devenue si impréssionable que ton oncle
voudrait m’environner de soins les plus minutieux, les rôles sont changés
dans notre menage ; il me gâte ; il se tourmente à mon sujet aut
fais plus qu’il ne faudrait souvent Il faut esperer que je n’abuserai pas et
pourvu que sa maudite gastralgie le laisse [en haut de la page, dans l’espace
entre l’adresse et le début de la lettre, écrit de côté] On a parlé
de cas de choléra dans le midi et ma Tante effrayée a ecrit pour bien
savoir la vérite ils devaient partir hier, leurs malles sont deja en route que
feront-ils ? ........ [p. 2] aumoins reprendre haleine jusqu’a
la saison des eaux de Plombieres ; nous nous tirerons encore de ce triste
hiver si mal commencé ... mais je n’ôse me flatter de rien et vis au jour le
jour dans la crainte et le tremblement ..... ce qui ne m’empèche pas ma chere
enfant de m’occuper de ceux que j’aime, et de toi très particulierement ...
Ta cousine ne me disait plus un mot de la proposition de M
Mou .... j’ai hésité hier à lui en demander la raison ... puis j’avais
cru plus convenable de rester sur la réserve .... il parait cependant d’après
ta lettre qu’on revient à la charge ... a t-on donné de meilleurs
renseignements d’argent passe encore sur la cohabition avec la mère comme
tu le dis tres serieusement il y a des mais par tout, mais les revenus
étaient plus que médiocres, sans Etat ... et les dettes du pere cela me semble louche va doucement ma fille, ton
avenir est long, ta position bonne ne t’inquiètes pas ta mère veille sur toi,
et souvent au moment ou l’on croit le moins au bonheur il vous arrive ... je
te comprends, et te blame beaucoup de ton peu de foi en ton Etoile [p. 3]
Tiens moi au courant de toute cette importante affaire ... les V... ne se sont
donc point avancés ? on dit que Mr Boscati
est nommé substitut à Gap peut être l’autre viendra-t-il le remplacer ici .. et il attend ....
Je viens de recevoir une lettre de mon frere qui a l’heure
qu’il est donne son concert, le cœur me bat en songeant à ses émotions du
moment. Que je voudrais qu’il eut un brillant succès ! Il aurait grand
besoin de cela pour le remettre des sollicitudes que son fils vient de lui
donner Par une fatalité inouie, et des incidents qu’il serait trop long d’enumérer,
il était arrivé après le départ de son navire à Cherbourg !.. on luî
donna l’ordre d’aller à ses frais le rejoindre à Toulon .... Tu
peux te fîgurer l’inquiétude de son pere à cette occasion ... l’Amiral est
intervenu enfin le voila embarqué ... mais ses effets avaient été laissés à
son insu à Cherbourg sur le Stationnaire .... il croyait les retrouver
sur le Laplace à Toulon juge de sa désolation en se voyant obligé de
partir pour une rude campagne sans effets que le peu qu’il avait dans un sac
de nuit, et sur tout sans manteau ! ce malheureux enfant me
tourmente plus que tu ne saurais l’imaginer ..... S’il a été étourdi, il
paye cruellement sa peine [p. 4] Que les fils donnent donc de
tourments et je remercie dieu de ne m’en avoir point donné .... Raoul est en
route pour revenir en France au camp de Lyon, son régiment dumoins, et lui ira à
Saumur probablement J’ai lu dans le Salut public d’avant hier beaucoup de
détails sur le passage à Turin du 11ème cependant sa mere n’a point de
lettres de lui et s’inquiéte excessivement de ce silence, le service de la
poste est mauvaîs en Italie pretend mon oncle et cela explique ce retard ... la
pauvre Mme Boutaud a dans ce moment pour surcroit de préoccupation
son cousin Marc Rocher três malade chez elle Mr Mme
Hypolyte et Brin y sont depuis
jeudi ... voila encore un jeune homme qui ne laisse pas un moment de repos à sa
famille ... Mme Laroche doit être bien tourmentée S’il se
rétablit on l’emmenera à tout jamais planter ses choux à la Côte ...
comment faire mieux ? .. Mme Amélie
n’allait pas trop bien et le voyage ne la guerira pas des ses idées noires
Mon mari vous fait ses amitiés et prie ton pere de voir Mr Picot
pour notre affaire de moulin îl a fait une pétition en arrivant ici, et n’en
a point de reponse, ton pere nous obligerait beaucoup de vouloir bien obtenir
une reponse écrite pour faire titre, si cela est possible mille pardon de la
peine Notre avocat a empechement sur empechements et cela retarde notre
malencontreux procès Pion ce dont j’enrage. Adieu chere petite merci de tes
ôffres de soins. J’y compterais
bien mais il faut esperer que nous n’en aurons pas besoin ... Je t’embrasse
Ad
[enveloppe]
Mademoiselle
Mademoiselle Mathilde Pal
Rue Neuve
Grenoble
Isère
2011.02.238 et enveloppe 2011.02.239 |
Vendredi 22 décembre 1854 | Joséphine et Adèle Suat à leur cousine/nièce Mathilde Pal |
Texte corrigé | (Image) |
Un feuillet de quatre pages écrites, les trois premières de la main de Joséphine et d’une encre différente, très soigneusement écrites et présentées d’une main très fine mais parfaitement lisible. Tampon en haut à gauche de la première page aux initiales J S. Timbres postaux sur l’enveloppe: (recto) VIENNE, 22 DEC. (18)5*; (verso) GRENOBLE, 22 DEC. (18)54.
[Pas d’adresse ou de date]
[De la main de Joséphine Suat]
Je viens vite te remercier, chère cousine
du joli cadeau que tu nous a envoyé. Tu es vraiment trop bonne : tu nous
brodes de charmants mouchoirs de poche ; tu nous envoies des robes superbes ;
tu ne nous oublies jamais. Nous avons été très-surprises en arrivant de la
pension, de voir cette robe sur le lit de maman. Nous en désirions beaucoup une
pour cet hiver, on allait arranger à Nancy notre rose et noir, et à moi la
robe changeante et à mille raies que j’aime tant comme tu sais. La tienne ne
pouvait venir plus à propos ; mais elle est si jolie, qu’il faut
absolument que tu te maries pour l’inaugurer ; maman nous fait un chapeau
blanc pour cette occasion. Dépêche-toi, ne nous fais pas trop attendre. Maman
nous a déjà donné [p. 2] notre cadeau du jour de l’an ; c’est
un manchon en petit-gris, doublé de satin gris et que nous désirions depuis
deux ans. Nous sommes donc très-contentes de tout cela, chère cousine ;
nous ne nous attendions à rien cette année, et nous sommes très-agréablement
surprises. Il faut à présent que tu viennes nous voir ; voilà l’hiver,
et tu te souviens de ta promesse. Tu sais aussi que je t’aime bien, et qu’il
me tarde de te revoir.
Papa et maman sont toujours un peu souffrants ; il y a
cependant un grand mieux. Le mauvais temps de ces jours derniers les avait un
peu fatigués ; mais le froid qui revient, les rétablira j’espère.
Maman aurait besoin de distraction ; il faut venir, tu la guériras, j’en
suis sûre.
Tu apprends à danser, chère Mathilde et moi à
chanter ; je veux devenir ce qui s’appelle une musicienne, et j’aurai
de jolis morceaux à te jouer à ta prochaine visite.
[p. 3] Ta tante Félicia doit être une grande
ressource pour toi ; tu dois la voir souvent. Ta couverture est-elle finie ?
celle de maman est très-avancée ; elle a remonté ses fleurs qui font une
très-jolie corbeille.
Adieu, chère cousine, je te remercie un million de fois, et
je t’embrasse autant. J’ai peur que tu sois obligée d’emprunter les
lunettes de ton père pour lire ma lettre.
Ta cousine qui t’aime
J
PS Tu nous demandes si nous n’aurons pas
assez d’ouvrage pour notre robe mais il y en a énormément, je te remercie,
il en restera même.
Mon oncle Hector nous a répondu hier une lettre charmante il
a poussé la bonté jusqu’à ce point. Nous en sommes très-heureuses aussi
nous la conserverons religieusement.
[p. 4] [De la main d’Adèle Suat]
Je te prie de gronder ton pere ma chere Mathilde de faire de si beaux cadeaux à mes filles, ses robes sont charmantes et je le remercie beaucoup ainsi que toi de cette aimable attention, si tu avais vu leurs tranports de surprises et de joies tu en aurais ri ... Nancy était folle. Nos santés s’améliorent chere niece mais je ne puis pas sortir des impréssions tristes, hier la mort d’une dame qui demeure en face de chez moi m’avait bouleversée Mme Turin la tante de Mme Léon Teissier une mère de cinq enfants, un mari à peu pres paralytique ... cette malheureuse femme est morte en trois jours d’un transport au cerveau ; elle était folle à l’attacher quatre hommes ne pouvaient la retenir dans son lit, c’etait affreux cette famille fait pitié pitié, Je ne sais pourquoi je te parle de cela chere niece ... Ton oncle nous a écrit hier une lettre délicieuse des lettres plutôt ... il a eu 500 f de benefice et aura bien davantage probablement au second concert ... c’est reellement un succès adieu chere niece. Je n’aime pas les mysteres de Mr Mou ..
Je t’embrasse
tendrement
A S
[enveloppe de la main de Joséphine Suat]
Mademoiselle
Mademoiselle Mathilde Pal
Rue Neuve
Grenoble
Isère
2011.02.240 | Jeudi 4 janvier 1855 | À sa nièce Mathilde Pal-Masclet | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages; pas d’adresse ou d’enveloppe.
Vienne 4 Janvier 1855
Je te remercie Chere niece de tes tendres
souhaits de nouvel an pour moi et tous les miens, je te les retourne très
affectueux et très multipliés de moitié avec ton pere ; esperons que nos
santés et nos affaires nous donneront moins de sollicitudes ; je suis
allée passer les derniers jours de cette penible année à Lyon pour revoir mon
medecin et de plus faire arracher un sur-dent à Josephine, corvée que
je redoutais horriblement Je me sens soulagée quelle soit faite ma visite à ma
pauvre amie Mme Munet
me peinait aussi beaucoup, je l’ai trouvé encore plus désesperée que je ne
le pensais, d’autres visites d’amis m’ont un peu fait diversion et j’en
avais besoin. J’ai rencontré Mr Boutaud à mon hôtel qui m’a
donné de bonnes nouvelles de sa femme et de son fils, lequel était arrivé à
Tournon depuis trois jours et il allait l’accompagner à Saumur le lendemain ;
j’esperais donc voir ce beau
dragon, mais il a malencontreusement prolongé d’un jour son sejour près de
sa mère et je l’ai manqué ainsi.
[p. 2] parlons vite maintenant
Chere Niece de ta grande affaire manquée pour une cause si imprévue j’en
suis très contrariée puisque cela te convenait, le jeune homme m’avait
semblé bien, et la fortune était convenable ; cette pauvre mère est bien
malencontreusement venue se mettre à la traverse, tu me raconteras cette
affaire en détail à ta prochaine visite sur laquelle je compte positivement
chere petite d’après ce que tu écrivais à Josephine ; mais il me l’a
faut de quelques jours aumoins, ou je n’en veux point .... Mon mari va pas
trop mal maintenant il irait mieux encore si mes idées noires ne le peinaient pas ;
il me gâte outre mesure pour m’en distraire ; il m’a fait venir un superbe
manteau pour mes Etrennes, son attention m’a touchée plus que je ne saurais
te dire .... mais je suis toujours dans un état d’ébranlement nerveux très
penible dans le genre de ce que Mme Hypolite éprouvait pendant notre
séjour à la Côte
à propos de la Côte, nous avons appris ce matin que nos
granges ont failli bruler ... celles de Mr Paret et la [p. 3]
la petite maison de charité ont été consumées tu peux croire chere niece
que je regrette fort que le dommage ne soit pas tombé sur notre caserne les
assurances nous auraient bien payés et tout aurait été pour le mieux nous n’avons
point de chances
J’ai reçu hier une lettre de ton oncle Hector il est
accablé de demandes pour aller monter son dernier ouvrage a Londres a Bruxelles
en Allemagne et ne sait comment tout concilier enfin il sera le 20 a Bruxelles
pour commencer, puis le Théatre Italien lui fait des ôffres pour la Semaine
Sainte etc etc etc de ce brillant succès il résultera bien aussi des
résultats d’argent à ce qu’il parait. Il y avait Vendredi dernier un
feuilleton de Théophile Gauthier sur la presse qui était un éloge d’un bout
a l’autre il n’y a que la revue des deux mondes qui l’injurie c’est
le mot d’une maniere scandaleuse ..... c’est de la haine furieuse et il ne
sait pas pourquoi ?... ne connaissant nullement Mr Scudo qui
fait les articles Musique [p. 4] mon Oncle Marmion était éxasperé
de ce style à ce qu’il m’ecrivait hier ..... il avait su par des lettres de
gens de Paris très bien informés que le succès avait été incontesté
et incontestable cependant.
ma Tante allait bien comme lui il me demandait
beaucoup de tes nouvelles il se plaignait de n’en recevoir jamais que par moi
chere petite paresseuse Mme Maistre était venu les voir, et
reviendra passer quelques temps à Montpelier avec Flavie
qui ne se marie pas non plus ; elle a le droit comme toi d’être
difficile et on aime mieux attendre .... Je te prie d’aller de ma part
faire une visite à notre bonne cousine Odile pour lui faire mes souhaits de
nouvel an, et la féliciter de la nomination d’Auguste à Lons-le-Saunier
tu lui diras de m’excuser si je ne lui ecris pas, mais une lettre est une
fatigue pour moi souvent très grande ...
Mr Almaros vient d’être décoré je crois qu’il
en sera bien aise ; mes compliments à sa femme si tu la vois .. ne m’oublie
pas auprès de Melle Clapier non plus je te prie
Adieu Chere Niece nous t’embrassons tous très
affectueusement
A S
2011.02.241 et enveloppe 2011.02.242 |
Dimanche 1er et lundi 2 avril 1855 | Joséphine et Adèle Suat à leur cousine/nièce Mathilde Pal |
Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages écrites, les trois premières de la main de Joséphine et d’une encre différente (mais avec ajouts en marge de la main d’Adèle), la dernière de la main d’Adèle. Timbres postaux sur l’enveloppe: (recto) VIENNE, 3 AVRIL (18)55; (verso) GRENOBLE, 3 AVRIL (18)55.
[De la main de Joséphine Suat]
Vienne 1er avril 55.
Il nous tardait, chère Mathilde, de
savoir de tes nouvelles, et si tu avais fait bon voyage, aussi, ta lettre était
attendue avec impatience. Ton départ nous a rendues bien tristes je t’assure ;
nous nous étions si vite habituées à t’avoir au milieu de nous, que ton
absence nous fait un grand vide, nous nous trouvons seules à présent ;
mon père n’est pas encore de retour, nous l’attendions aujourd’hui, ou au
moins une lettre qu’il devait écrire dans le cas où il prolongerait son
séjour ; il n’est pas arrivé et il n’a rien fait dire, j’espère qu’il
sera ici demain matin.
Maman est toujours très enrhumée ; elle n’est sortie
que pour aller à la messe, et pour faire ta commission. Mr Gentil
est parti aujourd’hui pour Grenoble, ce qui est fort contrariant. Ta coupe est
emballée dans une [p. 2] caisse, mais il faudra attendre une
occasion, ou, si tu le préfères, maman te l’enverra par la diligence ;
elle a pris du vernis blanc, ce que la marchande lui a conseillé, et une planche fort
jolie ; en faisant ta potiche il faudra bien appuyer la main en collant et
faire attention à ce que ta gomme soit de bonne qualité et ni trop claire ni
trop épaisse. C’est un article important. Il serait même bien de tremper
chaque dessin dans l’eau avant d’y mettre la gomme. Tu auras soin encore d’espacer
les dessins les uns des autres et de ne pas te guider sur la planche qui est
très-serrée pour pouvoir en contenir davantage. Quand tu auras collé tous tes
petits papiers, en ayant soin de mettre les objets les plus mignons, tels que
les papillons, les mouches etc sur les endroits non plats de ton suspensoir, il
faudra repasser une autre couche de gomme sur tout l’intérieur du
verre sans craindre de le barbouiller, puisque le vernis fait disparaître tout
cela. Dernière observation et la plus essentielle. Après [dans la marge de
gauche, de bas en haut, de la main et de l’encre d’Adèle] Tu auras du
vernis de reste et des desseins également Léonie doute de ton succès n’ayant
pas le moyen de te faire montrer, elle me charge de mille souvenirs tres
affectueux pour toi [p. 3] avoir collé tous les dessins, tu devras
les laisser sécher pendant 2 ou 3 jours avant de mettre le vernis.
Voilà, ma chère Mathilde une pencarte
d’avis qui te guideront, ton bon goût et ton adresse feront le reste. Maman t’envoie
également les cordons. Tu trouveras peut-être le tout un peu cher, maman t’avais
dit que sa marchande de modes donnait à moitié prix ; elle y est alleé,
mais il n’y avait que des vases et point de suspensoirs. Il me tarde ma chère
de voir ton ouvrage qui sera je crois fort joli ; pour une dizaine de
francs tu t’en passeras la fantaisie. J’ai le projet d’apprendre aussi, et
de faire une grande coupe de dessert et celle de nous deux qui réussira le
mieux, la concurrence est ouverte.
Adieu, chère et bonne cousine, nous ne t’oublions pas, et
nous t’embrassons toutes trois bien tendrement.
Joséphine.
Léonie, que je viens de voir me charge
pour toi d’un gros baiser.
[dans la marge de gauche, de bas en haut, de la
main et de l’encre d’Adèle] Je reçois à l’instant quelques lignes
de mon oncle il m’annonce qu’ils vont bien et arriveront aujourd’hui 2
avril à Tournon. La pauvre Mme Donnat a son enfant très
malade de la scarlatine ! .......
[p. 4] [De la main d’Adèle Suat]
Lundi
La lettre de Josephine n’ayant pu partir
hier soir chere niece je la reprends ce matin après l’arrivée de mon mari
pour te faire ses amitiés et les miennes, ma solitude m’a paru longue ;
tu me fais un grand vide chere niece on s’accoutume si vite à être ensemble,
et il en coute beaucoup de se séparer, mais je comprends aussi combien il
tardait à ton père de te retrouver
Ton Oncle a fait bon voyage à la Côte et à Beaurepaire, en
voila j’espere pour quelques mois maintenant ... Monique n’allait pas mal de
l’avis même de Mr Rabin ... Mmes Laroche et Rocher
très bien ... on parlait beaucoup de la banqueroute enorme de Mr
Gourjin
qui ne m’a nullement étonnée, mais peinée pour sa femme et sa
famille Mme Blanc y
avait trente mille francs mais sous la caution de Mr Victor Blanchet
elle ne perdra rien heureusement.
Point de nouvelles toujours de notre oncle Mme
Almiros est partie pour Paris, et m’a écrit pour me prier de demander à mon
frere un billet pour les concerts du Conservatoire Je vais lui écrire pour cela
il est de retour de Bruxelles depuis deux jours. Adieu chere petite je t’enverrai
demain par la diligence ta potiche, la caisse serait un peu volumineuse pour en
charger quelqu’un
[enveloppe de la main de Joséphine Suat]
Mademoiselle
Mademoiselle Mathilde Pal
Chez Mr Pal juge
Grenoble
Isère
2011.02.243 | Mardi 6 mai 1856 | À son neveu J.-A. Masclet | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages, les trois premières écrites; pas d’adresse ou d’enveloppe.
Vienne 6 mai
Je m’empresse Mon Cher neveu de repondre
à votre affectueuse lettre, et de vous faire mon sincère compliment sur la
grossesse de Mathilde ; je comprends toute la joie que vous devez en
éprouver l’un et l’autre ; un début aussi heureux doit vous rassurer
pour les suites, soignez bien cette chere niece ne lui laissez point faire d’imprudence,
J’aurais hâte de savoir Madame votre Mère de retour à Grenoble pour vous
aider de ses conseils dont vous devez avoir besoin dans cette circonstance ;
il ne faudrait peut être pas trop abuser des courses en voiture au
commencement surtout.
Consultez ma cousine Burdet de temps en temps, elle ignorait
encore quand elle est venue nous voir cette grande nouvelle on m’en avait
parlé de plusieurs côtés, mais je n’y croyais pas présumant que Mathilde m’en
aurait écrit connaissant la tendresse toute maternelle que je lui porte, mais
je comprends maintenant qu’elle [p. 2] preferait attendre une
certitude complète. mon mari et mes filles se joignent à moi pour lui faire
leurs plus tendres félicitations et vous remercier tous deux de l’empressement
que vous auriez à nous recevoir si vous étiez à votre ménage, nous vous
verrons cette automne chez ma cousine certainement
Je ne sais encore si je serai forcée d’aller à Plombieres,
j’espère que non, mais dans le cas contraire je remettrais Josephine avec sa
sœur en pension comme l’année derniere, les leçons ne seraient point
interrompues, et je serais très tranquille ma fille est fort raisonnable et m’engage
à ne pas hésiter à reprendre ce moyen qui est le plus simple sous tous les
rapports.
Veuillez mon cher neveu remercier votre femme des ôffres
empressêes qu’elle a bien voulu me faire à cette occasion Si je ne puis les
accepter je n’en suis pas moins reconnaissante croyez le bien
Mon frere est à Paris dans ce moment il a changé d’appartement
à son grand regret, mais on lui demandait une augmentation si énorme qu’il n’y
avait pas a hésiter, il en a un maintenant très très petit au cinquiéme [p. 3]
Rue Vintimille 17 et que je trouve encore dans ces conditions là d’un
prix fabuleux les propriétaires de maisons doivent se faire cette année à
Paris de beaux revenus ; il faudrait bien qu’elles eussent un peu de
cette valeur à la Côte j’en ai reçu des nouvelles ce matin, la gelée n’y
a pas fait le mal que nous redoutions grace a dieu ; esperons que le soleil
va enfin nous revenir comme il doit être au mois de mai
Adieu Mon Cher neveu embrassez bien votre femme de ma part il
me semble que mes cheveux vont blanchir encore un peu plus vite maintenant que
je vais être une respectable grande Tante c’est effrayant ...
mais je n’en suis pas moins votre bien affectionnée et Toute dévouée
A Suat
2011.02.244 | Mercredi 1er novembre 1854 (?) | À sa nièce Mathilde Pal-Masclet | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages, pas d’adresse ou d’enveloppe.
Vienne 1er Novembre
J’esperais recevoir des nouvelles de
votre bonne arrivée à St Vincent avant de vous donner des nôtres Ma chere
Mathilde mais je présume que tu as été trop occupée à câser tes meubles et
que de plus tu as voulu attendre ton retour de Grenoble afin de me dire ce que
tu aurais appris de notre cousine, Marie a écrit hier à Nancy et annonce leur
retour à la ville pour le dix, Ernest ne repartira qu’a la fin novembre, et
nous verra au passage peut être sa mère l’accompagnera jusqu’a Lyon.
Nous voila donc enfin revenu les uns et les autres à une
vie ordinaire J’ai retrouvé ma bonne et jolie chambre avec délice, je
présume Chère niece que tu as eu comme moi mille petites jouissances de ce
genre ; malgré nos prévisions peu [p. 2] encourageantes au
départ, notre voyage a eu lieu sans encombre, et apres avoir terminé tout ce
que je voulais faire avant de quitter cette triste maison dévastée, à
Beaurepaire également grace au beau temps nous pûmes aller à nos fermes, et
en revenir avec force poulets, marrons etc etc le petit cheval d’Antoine nous
avait conduit jusque la parfaitement
Mr et Mme Michel voulaient nous ramener
à Vienne, mais je leur confié seulement Josephine, ayant encore plusieurs
personnes à voir et craignant de les géner nous préférâmes garder notre
modeste équipage et avoir plus de temps ; le cheval bien repôsé nous
ramena très brâvement jusqu’a notre porte à huit heures du soir, Josephine
était installée depuis sîx et avait fait faîre bon feu et à souper deux
chôses excellentes apres une journée de fatigues ; notre chargement [p. 3]
de meubles n’est arrivé que Lundi matin et tout est maintenant en ordre
autour de moi, rien n’avait été cassé grace aux emballages de Jean
Voila Ma chère petite la conclusion d’un bien pénible
voyage, le mauvais état de santé de ton oncle était une douloureuse
complication pour moi, la moindre contrarietée luî faîsait tant de mal que je
ne vîvaîs pas tellement mon anxiété était grande de ne pouvoir lui en
épargner ; pour moi mes cheveux auraient du achever de blanchir à la
suite de cette rude campagne, mais je l’oublierai bien vite si je puis me
tranquilliser sur la santé de mon mari, je le soigne comme un enfant gâté
depuis notre retour, il en avait grand besoin J’espère que dans quelques
jours j’en aurai de bons résultats.
Tes cousines rentreront demain ou Lundi, Josephine a
retrouvé son piano avec bonheur Nancy son moineau [p. 4] et la
pension ne les éffraye nullement leurs petites amies y sont déja rentrées
Depuis mon retour je n’ai vu que des gens tristes, Mme
Marchand désesperée de la mort de sa petite fille, Mme Alizon les
delles Faure Mme
Donnat dont le mari est très grâvement malade ; j’ai déja une si grande
disposition aux îdées noires que ce n’est pas ce qui me faudrait pour m’aider
à distraire ton oncle il souffre souvent et s’inquiéte encore plus souvent,
je suis bien usée ma bonne petite, un peu de repos d’esprit me serait
nécèssaire mais je n’en espère pas dans ce moment loin de la, depuîs
troîs
mois je n’ai pas eu trois jours de bons sans éxagération enfin dieu m’aidera
je l’espère
Adieu Chere enfant pourquoi attrister ta belle jeunesse
pleine d’avenir pardonne moi et embrasse moi fais nos compliments à ton pere
tes cousines te regrettent tendrement
adieu pense à nous tous
A S
2011.02.245 | Mercredi 28 mai 1856 | À sa nièce Mathilde Pal-Masclet | — | — |
Enveloppe d’une lettre non retrouvée, qui n’a certainement aucun rapport avec la lettre 2011.02.244. Timbres postaux: (recto) VIENNE, 28 MAI (18)56; (verso) VOREPPE, 29 MAI (18)56.
Madame
Madame Mathilde Masclet
chez Monsieur Pal juge
Voreppe
près Grenoble
Isère
2011.02.246 | Lundi 23 juin 1856 | À son frère Hector Berlioz | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages, les trois premières écrites; pas d’adresse ou d’enveloppe.
Vienne Lundi 23 Juin
Que je t’embrasse donc apres tout le
monde Cher frère puisque a la distance ou nous sommes je n’ai pu le faire avant
Enfin .. Enfin justice est faite, te voila membre de l’Institut.
Le facteur vient de me remettre ta lettre au moment même ou
mon mari heureux de m’apporter cette bonne nouvelle, accourait le journal à
la main ... Je redoutais ce matin de m’informer, mon anxieteé était si grande
que j’aimais mieux attendre sans aller au devant d’une déception Je m’impatientais
d’esperer !!.
Josephine avait revé avant hier que tu étais nommé ;
la voila triomphante ... que ne sommes nous plus près cher frere pour nous
réjouir en famille, quel beau bouquet tes nieces t’auraient portés aussi, a
quel bon petit diner j’aurais [p. 2] voulu te convier avec force
Champagne pour boire à la santé du nouvel Elu
tes amis sont plus heureux que
nous cher frere a cette occasion, je leur envie les premieres embrassades, et la
charmante inspiration d’orner ton escalier de fleurs ... Je comprends si bien
l’émotion de ta femme que jamais je n’aurais eu le courage d’aller sur
les lieux attendre ma sentence ... tu étais plus calme qu’elle certainement ... prie la d’accepter mes
[mot biffé] sincères compliments.
Louis doit se rejouir aussi a l’heure qu’il est de ton
succès ; il m’a repondu de Marseille à mon ôffre d’argent en
me demandant 150 f que je lui ai envoyés vendredi (20) ; il
attendait de Bordeaux un grand navire sur lequel il va s’embarquer pour les
Indes avec le titre de Lieutenant, mais il ne dit pas avec quels appointements ?..
il parait assez raisonnable, et assez satisfait dans cette lettre, ce qui
ne lui arrive [p. 3] pas souvent ... que Dieu le garde dans ce long
voyage
Je vais écrire à notre oncle que j’ai quitté jeudi très
impatient de savoir comme moi si tu réussirais
Adieu chere frère Marc veut une mention tres partîculiere
auprès de toi à cette occasion Josephine et Nancy en sautaient de joie elles t’embrassent
à t’étouffer, et moi pour t’achever je ne te ménage pas, mille chôses
encore à ta femme
toute à toi toujours
A S
Il reste a Louis environ 500 f
2011.02.247 | Dimanche 30 août 1857 | À sa nièce Mathilde Pal-Masclet | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages; pas d’adresse ou d’enveloppe. L’écriture se dégrade à la fin de la lettre. Tampon aux initiales AS en haut à gauche de la première et de la troisième page.
Vienne Dimanche 30 aout
J’etais presque inquiète de toi
Chère niece tellement tu as tardé à répondre à ma lettre où je te rendais
compte de ta commission de Linge, je craignais sur tout que ton petit camille ne fut souffrant heureusement il ne va pas trop mal malgré la fin des
chaleurs, j’espère que tu as enfin trouvé une bonne convenable pour lui, et
qui te donnera plus de satisfaction que sa bête de nourrice ; tu ne seras
pas malgré cela sans un peu d’embarras pour le sevrer, notre cousine te
donnera de bons conseils pour cette grande affaire, je me réjouis de l’espoir
de te trouver chez elle à la Balme ;
mon projet (sauf avis contraire de sa part) est de m’y rendre vers le 9 ou 10
septembre ; j’ai eu tant à faire depuis huit jours à cause de l’arrivée
de Louis que cela m’a mise en retard pour mes petits préparatifs de départ.
J’ai eu beaucoup de plaisir à revoir ce cher neveu et à m’occuper de le
ravitailler pour me servir de ses expressions Il est revenu bien portant et
très satisfait de son long voyage (10 mois en mer) [en haut de
la page, dans l’espace entre l’adresse et le début de la lettre, écrit de
côté] dis je te prie à ton pere que mon frère est à Paris rue de
Calais 4 [p. 2] Il venait de Bombay directement sans avoir
touché terre une seule fois, aussi dieu sait comme il avait besoin de Linge
propre et autres vêtements, n’ayant à bord ni tailleurs ni blanchisseuses .... aussi toute ma maison a été activement occupée pour lui comme il avait
hâte d’aller embrasser son père je me dépèchais le plus possible, et il
est parti pour Paris hier soir pourvu de tout ce qui lui fallait ... à son
passage, au retour il prendra le reste de ses éffets que je ferai faire et
réparer en attendant, il ne pense avoir un congé que d’un mois ou six
semaines
Son capitaine a été charmant pour lui, le Batiment (La
belle Assises) est excellent il avait cent francs par mois et nourri
confortablement, enfin ce voyage a été très heureux sous tous les rapports,
il a appris beaucoup ... sa raison s’est murie
Mon mari et moi avons trouvé un grand changement en bien ...... deux ans sont énormes pour transformer les jeunes gens ... il a un cœur
excellent [p. 3] qui le rend très attachant, j’avais le cœur
gros hier en lui disant adieu, mais j’espère l’arreter au passage encore
quelques jours
Je ne puis te dîre chère niece combien il nous a interressé
par la relation de ses voyages, il a apporté nombre de petits objets curieux,
tes cousines s’en amusaient beaucoup .... Victoire ne s’occupait que de lui,
il animait toute la maison par sa gaité, et ses histoires de l’autre monde
nous en savons long maintenant sur les termes de marine ...
Mr Raymond que tu as vu chez moi et qui déssine en
véritable artiste a voulu faire le portrait de Louis, et a tres
bien réussi J’ai été très reconnaissante de cette
charmante attention ... Tu vois chère niéce qu’en dix jours j’ai pu faire
faire beaucoup de chôses mais j’ai deployé une activité féroce et je me
repôse aujourd’hui avec plaisir
Je regrettais bien que notre réunion de famille ne fut qu’incomplète
Mon oncle a été souffrant et n’a pu venir comme il l’avait promis .... [p. 4]
a son retour des eaux il a été pris d’une espèce de dyssenterie, qui j’espère
bien va mieux maintenant je vais lui écrire pour m’en informer ... Louis ne
le verra alors qu’en revenant a Marseille J’aurais voulu mener aussi ce
dernier à la Côte mais le temps me manquait, il a ecrit à Monique une
affectueuse lettre ainsi que tes cousines pour lui en exprimer le regret, cette
pauvre fille en a été très touchée ... elle est toujours de même
Nancy est en vacance depuis Jeudi dernier, elle a eu cinq
prix et celui de sagesse en prémiére ligne ...
comme sa sœur elle compte les jours jusqu’au départ pour
la Balme et le voyage à la Grande Chartreuse encore plus ........ nous avons eu
plusieurs diners à la campagne cette semaine Louis y était fort entouré, et
questionné, nous avons vu aussi Mme Teisseire, et Mme
Robert chez Mme Michel, et ces dames riaient beaucoup de ses Boutades
de marin tu conviendras que c’est un triomphe que de dérider Mme
Robert !.. J’en étais stupéfaite
Adieu chère petite mon papier fini, a bientôt je t’embrasse
de moitié avec ton mari et ton camille
Adele
2011.02.248 | Dimanche 27 décembre 1857 | À sa nièce Mathilde Pal-Masclet | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages; pas d’adresse ou d’enveloppe. Écriture régulière, bien lisible et bien espacée.
Vienne Dimanche 27 Décembre
J’ai eu de bonnes nouvelles de toi ma
Chère niéce par notre cousine Burdet à son retour de Lons-le-Saulnier la
Semaine derniere ; elle me dit que ton séjour à l’Arsenal
rendait un peu difficile d’aller t’y voir, c’est trop loin, de
ton côté
tu redoutais les chiens enragés pour sortir ce qui m’a fort divertie, tu as
donc toujours des terreurs de ce genre ma pauvre enfant ? quand ton fils
sera grand tu seras bien obligée de t’en guérir pour ne pas le rendre aussi
pusillanime, ce qui serait plus grâve pour un jeune homme ; en attendant
tu cherches une nouvelle bonne et un domestique, tu n’es pas heureuse depuis
que tu as quitté Henriette, plus tu iras plus tu apprendras combien il est
difficile d’avoir de la securité sur ce chapitre important [en haut de la
page, dans l’espace entre l’adresse et le début de la lettre, écrit de
côté] Martin n’est pas venu à Vienne et ne nous a pas envoyé d’argent
[p. 2] quand tu seras à ton ménage peut être auras tu moins de
chôses a concilier, tu ne tarderas pas à démenager je crois, et je t’en
fais mon compliment puis que ton nouvel appartement sera si agréable.
J’ai reçu de bonnes nouvelles de mon oncle à son arrivée
a Hyères, sa santé est enfin tout a fait rétablie, ils ont trouvé un bel
appartement tout meublé à neuf très luxueusement pour 800 f pour six mois
dans un superbe quartier Boulevart des Iles d’or 6 ...
Le beau monde afflue cet hiver à Hyères et j’avais tort
de redouter pour eux l’isolement car ils ont en arrivant trouvés des gens de
leur connaissance les voilà donc casés dans les meilleures conditions ... en
passant à Marseille mon oncle a pu visiter l’avant veille de son départ pour
Bombay le bâtiment de mon neveu
Il m’écrit que la ville de Vienne danserait à l’aise
dans ses vastes flancs, il est de trois mille Tonneaux tu peux juger de ses
dimensions, après [p. 3] l’Atlantique et le fameux Léviathan c’est
le plus grand navire qui existe ; Louis aura la une bonne pôsition mais
aussi bien plus de responsabilité. Son pere est à Paris travaillant à
terminer son grand ouvrage, il espère n’en avoir plus que pour deux ou trois
mois, et ne fera aucun voyage avant de finir son cinquieme acte.
Sa santé n’est pas trop mauvaise.
Te dispôses tu ma chère niéce a bien employer ton carnaval ?
peut être la danse ne conviendrait-elle pas beaucoup à l’indispôsition dont
tu me parlais dans ta derniere lettre, soignes toi mieux qu’a ton habitude je
t’en prie il ne faut pas jouer avec les maux des femmes .....
ton petit
garçon doit commencer à te donner moins d’embarras, à marcher
certaînement,
les plus menus sont ceux qui se lancent le plus vite.
Mme Léonie Couturier est enceinte et doit
accoucher fin février, sa [p. 4] sa grossesse est excellente à
la fin, c’est une grande joie dans la famille. Sa mère est seulement
venue de la campagne îl y a huit jours, nous voyons souvent ces dames ainsi que
notre bonne voisine Mme Savoye ... notre hiver s’annonce aussi triste que celui de l’annèe derniere, nos
autorités font des Economies ridicules ... chacun vit chez soi ... pour moi peu
m’importe Mes filles sont trop jeunes, et je ne les aurais pas menées dans le
monde nous restons sans nous ennuier une minute nos longues soirées en famille
à lire et à travailler ... la musique de Josephine nous distrait aussi souvent,
nos santés ne sont pas mauvaises point essentiel
Voila chere nièce comment nous terminons l’année ton
oncle et tes cousines se joignent à moi pour te faire ainsi qu’a ton mari nos
affectueux souhaits pour 1858 nous embrassons Camille aussi bien fort à cette
occasion adieu adieu soignes toi bien
Ton affectionnée Tante
2011.02.249 | Vers la mi-août 1857 | À sa nièce Mathilde Pal-Masclet | Texte corrigé | — |
Deux pages, mais le début de la lettre manque; pas d’adresse ou d’enveloppe.
[Le début de la lettre manque]
Nous parlerons de tout cela et de chôses plus amusantes au
mois de 7bre à Claix où j’espere bien te voir Chère niéce, mon projet est
d’y aller vers le 8 ou le 9 .... J’attends d’ici là mon neveu, il s’arretera
quelques jours au passage a son retour des Indes Son pere a quitté Plombieres
en même temps que Mme Boutaud, ses eaux lui ont fait grand bien il
allait de là à Bade ou il sera me dit-il royalement payé pour le concert qu’il
va y diriger ... il sera le 26 a Paris pour y attendre Louis avec impatience
Mon Oncle et ma Tante Marmion sont de retour de Cauteret,
j’en ai reçu une longue lettre hier ... ils vont bien se repôser avant d’aller
à Anjou finir la belle Saison ...
Ton petit camille doit attendre l’automne comme nous avec
impatience les chaleurs abiment les enfants, j’ai hâte d’admirer ce joli
bijou ... j’espère qu’il se tirera bien de son sevrage ... et que tu ne l’ammeneras
pas à Crémieux avant de me le montrer
Je te felicite d’avoir vendu la Côte [p. 2]
et assez avantageusement a ton gré, mon mari ira peut être demain pour faire
un nouveau Baïl avec Mr Murys, de tous
le prémier cette fois, mais je tremble en me rappelant toutes les
exigeances plus ou moins absurdes qu’il avait il y a trois ans ... c’était
à rendre fou, et je plains mon mari .... Monique est toujours plus affaiblie,
mais elle peut vivre encore long-temps ainsi la malheureuse martyre, ses besoins
augmentent n’oublie pas chère niéce de lui faire très
régulierement payer sa pension comme nous le faisons avec plus de soins que
jamais je m’arreterai pour la voir au mois de 7bre
Mme Boutaud part pour Pointieres la semaine
prochaine je l’y trouverai
Adieu Chère petite mes amitiés à ton mari je te prie nous
embrassons tous le charmant Baby sans t’oublier cependant
Ton affectionnée Tante
A S
Les chaleurs m’ont affreusement fatiguées j’en suis encore un peu malade, mais aumoins je respire !.. c’est beaucoup
2011.02.250 | Dimanche 21 mai 1848 | À sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages, mais la fin de la lettre manque; pas d’adresse ou d’enveloppe.
La Côte Dimanche
J’ai vu avec plaisir par ta derniére
lettre Chere Sœur que tu avais repris ta sérènité d’esprit depuis ton
retour chez toi, le beau temps, des charmantes promenades aux environs de
Grenoble tout cela te faisaient grand bien, tu en avais besoin ; ton séjour ici
ayant par trop ébranlé tes pauvres nerfs.
Que te dîrai-je de notre bon père ? hier et aujourd’hui
il est dans son état ordinaire ; il arrive du Chuzeau et vient de se recoucher
autant pour tuer le temps que pour se repôser. il a mangé un énorme morceau
de moëlle de bœuf et de la soupe au bouillon gras ; c’est bien !
Jeudi et Vendredi il n’avait rien voulu manger, s’étant
bourré de saucisses et de porc-frais la veille je ne pouvais voir
se régime sans trembler .... aussi jurait-il après qu’on ne l’y
prendrait-plus hélas ! je ne le crois pas. [p. 2] Vendredi il
paraissait si abattu dans son lit, il nous disait des chôses sî navrantes et
sur tout Monique était sî montée que j’etais cruellement ennuiée, mais tu
connais mieux que moi chere sœur ces épreuves [mot biffé] douloureuses.
Il faut que notre pauvre pere soit de fer pour résister à
son regime d’opium, et de purgations tous les deux jours ; son
idée fixe est qu’il ne peut aller du ventre et dieu sait qu’il ne reste pas
long-temps sans s’en mettre des pieds a la tête il raconte ces détails à
haute voix, dans la rue ...
Je ne puis me résigner à cette décadence morale chere sœur
cela m’attriste profondément.
Mes enfants l’ont ranimé les prémiers jours, mais ce
moyen est usé et moi bien plus encore j’ai passé deux heures hier à
la pluie sur la galerie à parler de tout ce que je pouvais [p. 3]
mais mes ressources sont à [mot biffé] bout, je m’éteins
à vue d’œil ; comme tu le dis Chere Sœur quand on parvient par hasard
à faire plaisir à cet excellent pere on jouit beaucoup, mais cela dure si peu,
et cela est si rare !.. Je lis le journal avec plaisir aumoins on sert à
cela !... les évenements de la semaine étaient de nature à intérésser,
nous l’avons manqués belle avec le gouvernement Blanqui, Barthès, et
compagnie qu’elle scène que l’envahissement de l’assemblée ! ...
nos pauvres représentants ont du passer par de terribles émotions ; ils
ont été calmes, et dignes honneur à eux ! bien plus encore à la Garde
Nationale qui a sauvé le pays et maintenu l’ordre ...
On vient de me dire qu’a Lyon on a voulu tuer le substitut
du procureur de la République qui n’avait pas voulu délivrer deux ouvriers
prisonniers ! ... il y a eu des Barricades à la [p. 4] Croix-Rousse,
de grâves désordres à cette occasion ; et cela n’est pas encore
terminé dit-on !....
Mr Froussard
a été mal traité à Paris j’ai été assez méchante pour dire tant mieux ... cela le guérira un peu de son ardent amour pour la canaille ! ... à
Vienne il avait été stupide avec les ouvriers ...
Mon mari n’a pu venir me voir comme il en avait le projet ;
et j’ai été obligée [4 mots
biffés] à grand peine à me résigner à l’attendre jusqu’a
demain soir, il restera je pense deux jours puîs nous repartirons ensemble
Jeudi ... j’ai perdu appêtit et sommeil ici ; comme toi je me ranimerai
bien vite une fois chez moi avec Mon Cher Mari, à qui le temps dure cruellement
tout seul en dépit des nombreuses et aimables invitations qu’il reçoit à
Vienne et dont je suis bien reconnaissante ici je dine seule à mon aise [la
fin de la lettre est perdue]
2011.02.251 | Jeudi 6 novembre 1845 (?) | À sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages avec l’adresse à la dernière. Écriture très hâtive. Timbres postaux: VIENNE, 6 NOV. (année illisible); (LA COTE ST-ANDRE), 7 (/) NOV. (année illisible).
Vienne Jeudi matin
Il me tardait ma Chere Sœur de te donner
de bonnes nouvelles de notre voyage, qui a été favorisé par un temps superbe
que j’ai bien apprécié je t’assures ; nous arrivâmes avant hier soir
pour diner Mr Jourdan le pere
nous avait donné les chevaux ainsi tout avait été tres simplifié ; ma
belle sœur nous attendait à Vienne depuis deux heures, en arrivant j’ai eu
un coup de feu d’embarras digne
de tout l’activité que j’avais économiseé à la Côte, mais le bonheur de
retrouver mon Cher Marc me dédommage de tout le reste il m’attendais avec une
impatience égale à mon empressement, à une grande distance de Beaurepaire il
était venu à notre rencontre Je l’ai trouvé bien portant et tout à fait
remonté pour les affaires, ainsi mon arrivée a été [p. 2] bien douce
je t’assures.
à Anjou Marc a joué un rôle de conciliateur qui a eu un
plein succès, il y a eu un excellent dejeuner pour réunir les parents
brouillés avant notre départ, et tout le monde nous a fait un accueil d’un
empressement tres affectueux.
Hier j’ai couru toute la journée pour les commissions de
ma belle sœur, cette bonne et excellente femme a tant besoin d’appui, et d’affection
que je néglige rien de ce qui peut lui rendre service, je ferai puis
plus tard mes affaires ; elle est ici jusqu’a dimanche.
Son petit rentre ce soir en pension. Nous dinons tous en
famille chez notre cousin Suat sa fille et son gendre y seront aussi
Je me precipite ma lettre a été interrompue troîs fois [p. 3]
et le courrier n’attend pas les heures passent comme des minutes tu le
comprendras certainement chere sœur.
J’ai trouvé ma maison propre comme un bijou d’un bout à
l’autre, ma cuisiniere s’était distinguée elle est d’une humeur
charmante, c’est toujours autant de pris en passant
Adieu Chere mille choses affectueuses à mon bon pere [.]
ton mari et a ta fil[..]
Mes fillettes tout de moitié vous font
les embrassements que je vous envois
ma Nancy ma fait endiabler
en route et m’a victimée
tres agréablement
vite vite adieu encore
toute a toi
A
[p. 4] [adresse]
Madame
Madame Camille Pal
chez Mr Berlioz
La Côte St André
Isère
2011.02.252 | Mardi 28 juillet 1846 | À sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages; pas d’adresse ou d’enveloppe. Écriture hâtive.
Vienne Mardi 28 Juillet
J’ai eu de tes nouvelles par Mr
Alfred Chere Sœur, tu devais me dit-il lui envoyer une lettre et un bouquet, puis
la pluie torrentiele de dimanche soir fut cause sans doute
que je n’ai rien reçu de toi.
J’aurais eu besoin d’être distraite cependant de la si
pénible impréssion que m’a faite la mort foudroyante de Mr Jourdan
ainé, tu l’as apprise sans doute par ton Journal ?
Nous ne pouvons y croire ; Marc en est malade ; il
apprit cela au moment du dejeuner dimanche matin il en fut si bouleversé qu’il
en devint blanc comme un linge,
pour moi je pleurais sîncèrement ce bon et excellent homme, toujours si
excellent pour moi mais mon cœur se brisait en pensant à sa malheureuse femme
qui l’avait laissé seul à Paris depuis trois jours à peine, tres
bien portant, elle avait pris les devant pour le recevoir le 28 et
préparer la réunion de famille !. [p. 2] a peine arriveè à
Anjou, elle apprend par une nouvelle Telegraphique que son mari est mourant ...
Elle part seule et arrive à Paris 6 heures apres la
mort de son mari !... c’est epouvantable à penser Chere Sœur une arrivée
pareille comment ne pas en mourir sur le coup ? .... et songer qu’elle l’a
laissé, qu’il est mort seul en demandant sa femme et ses enfants c’est
horrible horrible et il devait être ici le 28 ... qu’elle fatalité ;
....
Toute cette famille est dans la consternation je ne sais
comment on aura osé apprendre cette nouvelle au vieux père ? ce fils
était son dieu son orgueil ! .. la providence l’a frappé juste à l’endroit
le plus sensible, il doit être comme un Lion furieux ; il me fait grande
pitié, mais la pauvre femme bien plus encore ; elle adorait son mari, et
arriver sans recevoir un dernier adieu ! ........
Mr Pierre et sa femme etait [p. 3]
parti pour aller la rejoindre ; mais son pauvre frere est tombé malade à
Lyon et n’a pu aller plus loin Mr Donnat le jeune homme est partie
à sa place pour voler au secours de cette malheureuse femme et ramener sans
doute le cercueil de son Oncle.
Mme Jourdan est douée comme tu sais d’une
energie et d’un sang froid rare mais je défie qu’elle n’aye pas été
anéantie par un coup de tonerre
pareille.
Je ne sais si Mr et Mme Nicolas etaient
à Paris et qui aura pu l’entourer et la recevoir à son arrivée ? l’isolement
de Paris est bien horrible quelque fois, et le pauvre homme accoutumée comme il
l’etait à un si nombreux entourage de famille a du souffrir plus qu’un
autre à sa derniere heure loin de tout ce qu’il aimait ; il parait qu’il
est mort d’une colique de misereré
nous n’avons aucuns détails tout le monde a perdu la tête dans la famille et
je le comprends bien. [p. 4] Marc a voulu prendre un petit
deuil voulant aller faire notre triste visite a Anjou un de ces jours ; j’avais
ce qu’il me fallait .... Je redoute extremement ce voyage je crains qu’il ne
fasse bien mal à mon mari encore si faible je voudrais temporiser à cause de
cela
Sa mine m’éffraye par moment il souffre de sa tête, le
medecin me dit qu’il n’y a rien à faire que de continuer son vin
de quina apres une interruption de quelques jours et un régime soigné
Je t’assures chere sœur que je suis brisée ! ......
il est vrai que j’avais repris haleine à Charbonnières Marc s’y trouvait
si bien ....
Mon pere m’ecrit ce matin il charge Marc de son affaire,
mais il faut vite vite tout de suite en finir ... comme si on faisait
marcher les gens d’affaire comme on veut ? .. Marc ne peut les joindre
seulement il a déja fait dix courses inutiles pour cela et ne négligera rien.
Mon pere ne s’etonne point de la petite rechute de mon mari
apres une penible émotion et lui conseille de même que son medecin
Quand donc aurai-je l’esprit tranquille ? Je ne puis
quitter une heure Marc sans être torturée, l’evenement de Mr
Jourdan augmente encore cette angoisse d’esprit si penible
Adieu Chere ne t’ennuie pas trop de la pluie et porte toi
bien toute à toi
2011.02.253 | Vendredi 30 janvier 1846 (?) | À sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages; la suite de la lettre manque après la p. 4, mais 2011.02.254 semble être la fin de la lettre (papier, encre et écriture semblent être identiques). Pas d’adresse ou d’enveloppe.
Vienne 30 Janvier
Je me repôse avec plaisir pour toi Chere
sœur de tes fatigues de cette semaine, deux diners un bal et le reste c’est
trop pour des femmes comme nous ? ...
J’ai fait pas mal de chôses extra aussi de mon
côté, mon voyage à Lyon aurait réussis à souhait sans la pluie la boue et les
commissions hors de saison mais ma jolie soirée m’a dédommagée de tout
le reste, c’etait un coup d’œil ravissant, jamais je n’avais vu un si
grand nombre de jolies femmes, plus fraîchement parées, tant de diamants de
lumiéres et de fleurs m’éblouissaient le salon décoré avec une
magnificence princiere, la salle à manger était un bosquet en fleur, la
chambre de Madame une délicieuse fantaisie qu’on ne pouvait assez admirer, le
gout le plus exquis avait presidé à l’ameublement ; pour quarante
mille francs on peut avoir un joli mobilier La veille du bal j’avais diné
chez ces dames et j’avais ainsi pu admirer en détail ce délicieux
appartement, le lendemain il y avait tant de monde, que je n’aurais rien vu [p. 2]
J’ai admiré là toutes les Lionnes de [mot
biffé] Belcour, toute la
haute finance, Géneraux Colonels rien ne manquait ; j’etais tres bien
placée pour dominer la foule Madame d’Arloz m’avait pris dans sa voiture de
bonne heure, afin que je fusses mieux et que
je fus voir arriver tout ce monde, toute cette famille m’accablait
d’attentions affectueuses ; ma toilette était simple mais bien pour
passer dans la foule et ne m’avait pas donné la moindre peine le
coïffeur ne m’avait pas fait attendre et m’avait parfaitement coiffée à mon
air les bandeaux bouffants me vont bien
Madame Jourdan m’avait envoyé sa femme de chambre pour m’habiller,
j’etais prète sans me presser (chôse toute nouvelle pour moi) dix minutes
avant que la voiture fut à la porte de l’hôtel, enfin j’etais dans la plus
heureuse disposition d’esprit pour jouir de tout, aussi me suis-je franchement
amusée
J’oubliais encore un agrément, c’est que j’étais
agréablement placée à coté de Mme de Perrou
la femme du general qui commandait à St Etienne tres jolie et tres aimables,
comme nous [p. 3] avions beaucoup de connaissances communes les
sujets de conversations étaient faciles à gauche une dame d’un certain age
tres amusante dans le genre de Mme Augustin, et avec qui nous avons
fait de bons éclats de rires sans nous connaitre peu importe.
On a dansé beaucoup la Mazurka c’etait charmant à voir,
de gracieuses jeunes filles s’en tiraient à ravir Le Cotillon a terminé la
soirée dont je garderai un charmant souvenir.
Voila une longue relation Chere sœur à ton tour maintenant
de me conter les succes de tes
diners somptueux
Nous sommes toujours dans les indécisions cependant nous
avons fait des plans pour une petite soirée, peut être
nous deciderons nous ? ....
Comme il y a un grand bal le 10 à l’Hôtel de Ville qui est le sujet de
toutes les conversations dans ce moment nous attendrons plus tard.
J’ai envoyé des invitations aux dames Pion que je te dises
le tour qu’elles m’ont joués, ne m’ont-elles pas écrit au moment ou je
partais pour Lyon de leur acheter une robe de soie pour Celine, sans une
précision ni l’étoffe, ni la couleur, ni le prix et avec cela des conditions
à l’infini ! J’etais d’une humeur massacrante [p. 4]
Moi qui pour ne pas courir à Lyon emportait tout de Vienne même gants
et souliers je n’avais qu’une fleur à acheter que je trouvais
parfaitement à deux pas, au lieu de cela obligée d’aller aux Terreaux, avec
une pluie battante avoir des indecisions sans fin pour cette malheureuse
robe :
que je te dise vite à propos que j’ai trouvé un mêtre
vingt de satin marron comme
tu le désirais quand au morceau pour Mathilde il y en avait en fabrique ;
mais comme c’était le lendemain dimanche je n’ai pu l’avoir, mais on le
mettra de côté chez Mr Montessuy
c’est tout comme ; à la prémiere occasion je le ferai prendre.
Le lendemain avant de partir nous fîmes plusieurs visites d’amis
et eumes encore le temps d’aller au Musée voir l’exposition et y admirer le
fameux tableau portrait du frere Philippe d’Horace
Vernet c’est admirable, saisissant, il se détache de sa toile à faire
peur je ne pouvais m’en arracher malgré la foule qui se ruait sur moi sans
pitié, et une foule du dimanche c’est tout dire. [le reste de la lettre
semble perdu]
2011.02.254 | [Vendredi 30 janvier 1846 (?)] | À sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | — |
Les deux dernières pages d’une lettre plus longue, qui est très probablement 2011.02.253 (papier, encre et écriture semblent identiques). Pas d’adresse ou d’enveloppe. Écriture assez hâtive.
[Le début de la lettre manque]
Parles moi donc de votre scandale du moment le roman Bizillon ;
je comprends la colère du fils, et du gendre de Mme Gizoux une femme
si respectable, et si malheureuse devrait être à l’abri de pareilles
insultes c’est une infâmie ; Mr Bizillon devrait être
chassé ignominieusement de tous les salons, je suis charmée qu’il lui en
coute dix mille francs pour retirer
son ouvrage ce sera une leçon un peu chère.
Je n’ai point vu ta belle sœur depuis plusîeurs jours ;
elle a eu la bonté de venir me voir à mon retour, mais j’etais sortie, si je
puis j’irai cette apres midi Je me
serine en
projet, le temps me manque tous les jours pour les exécuter
Madame Béranger a sa fille cadette malade de la rougeole
depuis dix jours, et je me prive à regret d’aller la voir de peur de la
contagion.
Ma cuisiniere est malade d’un rhume dans le genre du tien
et je ne puis la faire soigner ce qui est îrritant, il me serait impossible d’avoir
un diner à cause d’elle je n’ose rien lui commander, et elle ne veut pas
que je prenne une femme pour faire son ouvrage les domestiques malades sont
toutes de même [p. 2] Je lui ai fait mettre de force un
vessicatoire hier d’apres l’avis du medecin, et j’aime à me flatter qu’il
la guérira
J’avais chargé Victor de te donner provisoirement de mes
nouvelles j’avais eu cinq lettres urgentes à écrire à mon
arrivée, et ma paresse demandait grâce ;
Nous voyons de temps en temps Mr Gagnon ; il
est notre voisin, toujours content de lui, prenant la vie du meilleur côté, c’est
un heureux garçon qui fera son petit chemin à merveille, mais qui n’est pas
plus dangereux que de mon temps à mon avis dumoins.
Mathilde a du s’amuser beaucoup à la soirée de Mme
Dupuis je m’en suis réjouie pour cette chere petite embrasse la de ma part
tendrement si elle travaille ?
Adieu Chere sœur assez bavarder il faut encore que j’écrive
à ma belle sœur, j’ai un remors affreux à son sujet, demain je ferai sortir
son petit
Mon mari te dis mille chôses amicales il appréciait
infiniment les jolies femmes de Lyon il trouvait qu’on ferait un voyage à
moins, Camille aurait sans doute été du même avis, faute de mieux je l’embrasse
affectueusement, mes compliments à Mme Pochin puisqu’elle ne
tourmente pas trop fort
2011.02.255 | Vendredi 13 février 1846 | À sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | — |
Huit pages en tout (un feuillet de quatre pages, plus deux pages séparées). Les sept premières pages sont numérotées de la même manière que la lettre 2011.02.209 mais la page numérotée 7 est en fait la dernière et devrait porter le numéro 8 tandis que la véritable page 7 n’a pas de numéro. Pas d’adresse ou d’enveloppe.
Vienne Vendredi 13 Fevrier
Je me lève une heure plus matin pour
avoir le temps de t’écrires aujourd’hui Chere Sœur, je craindrais qu’en
prolongeant mon silence tu ne fusses inquiéte, et bien a tors
car mes plaisirs seuls absorbent mon temps, depuis dix ans je n’avais
pas abusé à ce point de bal, et
de reunion, et ce qui m’étonne c’est que cela m’emeus
encore aussi franchement, J’ai une nombreuse soirée apres demain, et je suis
dans tout le feu des préparatifs n’ayant pu m’y preparer au commencement de
la semaine Josephine a été indisposée elle a eu une fievre de rhume jointe à
son ancienne irritation d’estomac, je la croyais déja bien malade, redoutais
la rougeole etc etc La moitié de nos invitations étaient faites, nous ne
savions s’il fallait envoyer les autres ou [p. 2] contremander
les premiéres nous avons déliberés dimanche et Lundi matin enfin Mr
Boissat riant de mes inquiétudes avec raison puisque Josephine va bien,
décidat la question et nous voila lancés
Pour complêter mes agitations de dimanche ma belle sœur m’arrivat
avec sa fille et son domestique ; non seulement je ne l’attendais pas, mais lui
avais ecrit l’avant veille pour la prier de ne pas venir avant le carême,
attendant du monde d’ici là chez moi et ayant des engagements de tous côtés !
.... Juge de ma mauvaise humeur
Mon mari dinait dehors
J’avais une soirée chez Mme Tornier
ma petite un peu souffrante enfin, j’etais éxaspéree de voir qu’on ne
tenait aucun compte de ma géne au contraire ma pauvre belle sœur tourne
à la Pochin d’une maniere desesperante ; quand elle sait [p. 3]
qu’elle nous genera, c’est une raison pour qu’elle arrive expres
voila la troîsiéme fois qu’elle fait cela, et Marc en est irrité autant que
moi, plus nous faisons pour elle et ses enfants moins elle est satisfaite et
irritée, enfin sa position l’excuse ; mais c’est peu encourageant pour nous
Changeant de conversation je te dirai que la soirée de Mme
Guidon samedi a été charmante,
et celle de l’hôtel de ville superbe ; j’y ai mené Celine Paret, et l’ai
reçu chez moi cette pauvre jeune femme est dans un état de santé bien
déplorable ; elle tousse affreusement sa mere ne sachant plus qu’imaginer
pour la rétablir a voulu éssayer d’un petit voyage a Vienne et a Lyon elle y
est aujourd’hui, je ne sais si elle restera pour notre visite dimanche à son
retour mais je ne pourrai la loger attendant Mme Richard, je ne
perdrai rien au change car la pauvre Celine [p. 4] est un peu emplâtre
(entre nous soit dit elle ne
pense à rien absolument il faut s’en occuper pour tout la dorloter, la
chauffer comme une enfant, je ne m’étonne plus qu’elle ne puisse vivre loin
de sa mere ; elle l’a gâtée, si je n’avais fermé ses malles et tout
rangé dans sa chambre elle aurait manqué dix fois le chemin de fer, son mari
aussi tranquille qu’elle ne songeait pas mieux, je ne pouvais m’imaginer
rien de pareil je t’assure Marc n’en revenait pas..
Les dames Roche de Lyon etaient venu pour le bal de mardi
et ont été charmantes pour moi elles sont encore ici chez Mme
Revillou
Je voulais les avoir dimanche mais elles partent samedi ces demoiselles ne se
marient point c’est grand dommage a propos de mariage tu m’avais parlé du
fils de Lassasssalle pour Melle
Ardaillon ; je crois qu’il aurait des chances d’être accepté ayant
tâté le terrain à ce sujet [p. 5] pendant que j’etais à Lyon,
et Mr
Ardaillon ayant ecrit depuis à mon mari pour lui demander des renseignements
sur un Marquis de Vivens,
je crois qui habite le Dauphiné, mais dont je n’ai jamais entendu parler, à
cette occasion il revenait adroitement sur mes insinuations, demandant
minutieusement toutes sorte de détails auxquels nous n’avons point répondu
encore ne pouvant savoir si Mr Lassasssalle la mettrait en avant Melle
Corinne aura je pense comme sa sœur deux
cents mille francs comptant précise donc les fait un peu mieux quand tu t’occupes
de négociations de ce genre ; pour Victor tu m’avais induite en erreur d’apres
les lettres de ma Tante qui indiquaient une fortune plus considerable à son fils
que toi il n’en faut pas souvent davantage pour faire manquer un mariage tu ne
me disais pas si le fils Lassasssalle
aurait encore des esperances, et quel âge il a ? [p. 6] on tiendrait
je crois à le raprocher de Lyon avec des protections comme il en a la chôse
serait possible mais je présume que cette condition ne serait pas rigoureuse,
il me semble que ce mariage pourrait aller répond moi si tu as le projet de lui
en parler je te prie
Jeudi Mr Beranger entrainé par notre exemple
donne
une soirée ce sera la clôture
je présume mes ressources de toilettes sont a bout, les danseurs ne m’ont pas
manqué ayant eu la bonne precaution de faire inviter les jeunes
gens samedi chez Mme Guidon
dans cette intention ; j’ai fait fureur pour cette raison, et je
ne puis en être fiére comme tu vois. que je te dise qu’a Lyon j’ai fort
bien dansé impertinente qui en doute ! ..... Ma robe de moire rose etait ma toilette a Lyon et ici mardi ;
samedi j’avais un costume espagnol tout en noir chez Mr Billard ma
robe en barrage bleu que je remettrai chez moi, chez ta belle sœur en velour
et je fais faire pour la soirée Beranger une robe en Organdi
brodé a manches cerises [p. 7 — page sans numéro]
avec double jupe, et Berthe
double de la même étoffe.
J’aurai dimanche 36 a 40 dames pour orchestre un piano
excellent que me prête ma voîsine Mme Givors ; et deux violons.
Clemence me fournira des fleurs mon salon sera charmant
Mlle Schovest
qui est une excellente musicienne est d’une complaisance rare, un professeur
de piano et un capitaine notre voisin me promettent un concours precieux malgré
tout cela, par moments je me trouble de mon entreprise j’ai peur que tout n’aille
pas comme je desirerais et je serai charmée quand ce sera fait, que n’es tu
la chere sœur pour me venir en aide mais de ton côté tu mènes un vie tres
agitèe aussi va venir bientôt le carême pour nous remettre à nos habitudes
ordinaires
ton beau frere est toujours de même, il se plaint de faire
peu de progres sa femme l’empèche
de veiller tard [p. 8
— mais numérotée 7 par erreur] minuit les voit toujours s’esquiver
J’ai de bonnes nouvelles de mon pere par Celine, elle m’a
dit qu’une de ses grandes distractions étaient des Tourterelles, qui
aurait pu croire ce nouveau gout à notre pauvre pere ?
Adieu Chere sœur je m’oublie en causant avec toi mille et
mille soins me réclament et en commencant je ne voulais t’ecrires que quelques
lignes et j’en suis au numéro 7, j’ai besoin de te mettre au courant de ma
vie comme je ne puis ignorer la tienne sans inquiétude
Mes amitiés a Camille je te prie mille caresses à Mathilde
elle a du bien s’amuser chez Mme Teisseire.
Mes fillettes se coucheront dimanche à 7 heures et pour cela
je promets une poupée de 50 centimes chacune c’est acheter mon repos bon
marché adieu donc je bavarde impitoyablement jusqu’au bout de mon papier
Je t’embrasse tendrement
A S
2011.02.256 et enveloppe 2011.02.257 |
Mardi 2 novembre 1847 | À sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | — |
Deux pages. Timbres postaux sur l’enveloppe: (recto) VIENNE, 2 NOV. (18)4*; (verso) LA CÔTE-ST-ANDRÉ, 3 NOV. (année illisible).
Vienne Mardi
J’ai appris avec grand plaisir chere sœur
que Jenny était en convalescence ; pour moi je commence un nouveau genre
de tribulations Ma belle sœur est arrivée Samedi
J’ai deployé ce jour la toute mon activité pour
installer son ménage deballer ses effets etc etc faible et malade comme elle
est il était impossible que la pauvre femme déja fatiguée du voyage eut la
force de surveiller même ; me voila donc bien et dument ésclave
tous les jours comme toi, j’avais bien mesuré la charge accablante qui m’arrivait
nous n’en dormons plus Marc et moi depuis Samedi, hier soir elle était
affreusement souffrante je vais y aller savoir de ses nouvelles
Je t’ecris à la hâte en rentrant de la Messe pour t’envoyer
le reçu de l’argent que ton
mari a eu l’obligeance d’envoyer au mien avant hier par un billet
Je pense que mon Pere a reçu [p. 2] ses marrons
tu ne m’en dis rien ils coutent 29 francs que je prie mon pere de faire payer de
suite à ma niéce Caroline au Couvent, comme sa mère devait lui envoyer de
l’argent elle a trouvé simple de profiter de celui la ainsi ne renvois pas je
te prie Chere sœur parce que les réligieuses sont pressées comme les autres
et plus que les autres d’être payées
Le froid precoce que nous avons fait sentir le besoin des
vêtements d’hiver Je ne puis avoir aucune ouvriére et suis en retard dans
tout pour mes fillettes que je vais installer demain à la pension
Adieu Ma Chere le surcroit des préoccupations de ma belle sœur
était du luxe mais il faut bien se résigner tu en sait
des nouvelles, mon mari ne va pas mal l’eau de Vichy lui fait grand bien il la
continuera d’apres le conseil de son medecin
Je t’embrasse en courant
Toute à toi
A S
[dans la marge de gauche, de haut en bas] quand à tes reproches pour Tournon je croyais que tu logerais chez Louise et le cousin le désirais tant.
[enveloppe]
Madame
Madame Camille Pal
chez Mr Berlioz
La Côte St André
Isère
2011.02.258 | Samedi 19 septembre 1846 | À son père Louis-Joseph Berlioz | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages avec l’adresse à la dernière. Timbres postaux: VIENNE, 19 SEPT. (?) (année illisible); LA COTE-ST-ANDRE, 20 SEPT. (?) (année illisible).
Vienne Samedi
Vous êtes seul pour quelques jours
seulement Chere Pere ; Nancy vous reviendra dans le courant de la semaine
prochaine sans doute, d’apres ce qu’elle m’ecrit de St Vincent à son
départ de la Côte votre santé était à peu pres dans son état habituel je vois venir les vendanges avec peine dans la crainte que
vous ne vous donniez trop de fatigues à leur occasion ; ici c’est une
affaire terminée à peu près, mais c’est plus précoce d’une quinzaine
aumoins ;
Je ne puis préciser encore le moment ou je retournerai vous
voir, j’attends le signal de Mme Machon
pour aller à Lyon attendre mon Oncle afin d’être en treve
à la fameuse entrevu d’un
jour à l’autre je recevrai la lettre qui me fera partir, et jusqu’a
mon retour qu apres cette grande affaire je ne deciderai mon
voyage ; depuis mon retour ici j’ai été tres occupée par une énorme
léssive ; des confitures, des tailleuses et autres embarras de ménage [p. 2]
pour lesquels je déplois cependant une activité extrème sans pouvoir jamais
être sur mon courant, je me dévoue pour faire sortir beaucoup mes chères
petites et leur faire jouir de ces beaux jours ; elles vont souvent à la
campagne chez leurs [mot biffé] amies elles ont aumoins six ou sept maisons à choisir, ou on
les accueille avec un empressement tres aimable pour moi et dont je suis
reconnaissante elles reviennent toujours le soir transportées, ravies de leur
journée et je vois que leur santé s’en trouve aussi bien que leurs plaisirs
J’ai pour nous également plusieurs invitations à diner
aux environs Dimanche passé chez Mr Montbrun
et Lundi chez Mr Souliez j’irai avec plaisir faire cette jolie
promenade on ne peut y aller qu’a pied c’est sur la montagne ; et je
desire que le temps continue de nous favoriser.
Mon mari a toujours de temps en temps ses maux de tête qui
le fatiguent fort, je trouve [p. 3] cependant que les intervalles s’éloignent
un peu ; il vient de recevoir des nouvelles de Beaurepaire ; sa niéce
va en s’affaiblissant, et sa pauvre mère à le cœur dechiré de ce spectacle
On lui dit aussi que les vendanges ne sont pas belles, et
nous
aurons la moitié moins que l’an passé, et que les bleds
noirs ont coulés, il faut
convenir que c’est trop de récoltes manquées pour une année, cela
épouvante pour les pauvres sur tout cet hiver, nous n’avons pas reçu un sol
de nos fer[.....] comme bien d’autres du reste
Adieu Cher Pere, on vient de me déranger ne voulant pas manquer
le courrier de ce matin je termine ma lettre ; mon mari et mes filles se
joignent a moi pour vous embrasser bien tendrement
Votre affectionnée fille
A Suat
[p. 4] [adresse]
Monsieur
Monsieur Berlioz
La Côte St
André
Isère
2011.02.259 | Vendredi 14 octobre 1842 (?) | À sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | — |
Six pages en tout (un feuillet de quatre pages plus une page séparée, adresse à la dernière). Timbres postaux: ST-CHAMOND, 14 (mois et année illisibles); LYON, 14 OCT. (?) 184*; LA COTE-ST-ANDRE, 15 (?) (mois et année illisibles).
St Chamond Vendredi matin 14
Chere Sœur
Monique m’est arrivée Mardi à trois
heures apres un excellent voyage mais qu’elle avait trouvé bien long ; j’ai
eu grand plaisir à la voir à la questionner sur vous tous, les lettres sont si
insuffisantes que j’avais beaucoup à apprendre ;
Josephine a été dans le ravissement de toutes les
jolies chôses que sa cousine Mathilde lui a envoyé, c’etait trop à la fois
vraiment, mais ce qui a eu le plus de succès c’est la montre elle ne l’a
pas encore quitté une minute ni jour ni nuit, son admiration est telle que les
dragées ont été oubliées momentanément voila une preuve !.. elle se
trouve en bonne dispositions dans ce moment de gentillesse aussi Monique en est
ravie, et son admiration stimule son babillage ; j’etais tres fiére
aussi de lui montrer ma Nancy c’est un amour d’enfant on ne peut pas en
discovenir d’honneur ? Si tu la voyais avec ton jolis petit [p. 2]
bonnet qui lui va à merveille tu en serais charmée, à propos la delicieuse
pelerine que tu as envoyée à Josephine : tu l’aurais fait faire Ma bonne Sœur
que les proportions ne seraient pas plus parfaites ; je te remercie mille
fois de ton aimable attention rien ne pouvait me faire plus de plaisir pour ses
toilettes de cet hiver ; J’ai bien regretté la lettre de ma chere
Mathilde surtout quand Monique m’a appris le grand chagrin qui a été cause
du retard
Je t’admire Chere Sœur d’avoir eu le courage de ne pas
la mener à Rives c’etait une precaution un peu violente pour la pauvre petite
cela m’aurait fait une peine infinie d’en être temoin ; tu as du être
bien vexée aussi de ne pas rencontrer Mme Blanc Sa lettre m’a fait
grand plaisir, elle prétend qu’elle est deja de ma force j’en suis
ravie, la mort du fils Vallier a du cruellement attrister leur reunion de
famille. elle attend sa mere sous peu.
[p. 3] Je suis bien aise que Mme
Veyron arrive enfin, mon Oncle pourra encore la voir dis lui mille choses
affectueuses de ma part je te prie
Le projet de Monique était de repartir demain mais mon mari
étant obligé d’aller passer deux jours a Lyon l’a engagé fortement a
attendre son retour afin d’être plus tranquille sur mon compte pendant son
absence et comme lui j’etais bien aise de la retenir jusqu’a son retour, j’espere
que mon bon pere me pardonnera cette prolongation de sejour et qu’il ne
souffrîra pas grace à tes bons soins de l’absence de Monique, elle
arrîvera
Lundi soir ou dans la nuit.
Je ne suis point encore sortie Marc trouve qu’il fait trop
froid, il y a aujourd’hui quatre semaines que je suis prisonnière, je
commence à trouver le temps long, j’espere cependant aller dimanche à la
Messe.
Mes forces reviennent tout doucement j’ai besoin encore de
m’etendre souvent sur mon canapé plusieurs heures par jour, je pense que
quand [p. 4] je pourrai faire un peu d’exercices et prendre l’air
cela achevera de me remettre. J’eus Lundi soir la visite de François et de
Benjamin il venait de l’Usine
de Terre noire faire une nouvelle tentative aupres de Mr Genissieux
appuyés de fortes recommendations, et tout cela a été inutile pour le moment,
il a promis seulement qu’a la premiere occasion il se rappelerait de François
Son affaire d’Amerique a manqué aussi, ensorte que notre
cousin s’agite pour trouver ou se placer ce qui n’est certe pas facile
malgre tout le talent qu’on peut avoir
Marc parlera aux Messieurs Munet peut être dans leur
verrerie aurait-il besoin de quelqu’un de capable et de sur.
François m’a parlé de la prochaine nomination de Mr
Charmeil a Grenoble en remplacement de Mr Bonnat écris moi donc si
cela devient officiel j’en serai charmée pour eux et pour toi également [p. 5]
Tu ferais d’aimables acquisitions pour la Sociéte cet hiver, pour moi je
prevois que nous passerons le notre plus raisonnablement que jamais ; toute
mon ambition se borne à avoir du repos d’esprit et tout mon monde bien
portant ; quand aux plaisirs je me sens si vieille au moral et aux
physique que ce serait presque un contresens pour moi, c’est bon pour toi
chere sœur qui est toujours jeune et jolie et aimable comme à
dix huit ans il te faudra rien moins que le commencement du règne de
ta fille
pour te faire abdiquer les mie[....] me trouveront à mon rôle
depuis un siecle
à leurs debuts.
Adieu Chere sœur charge toi de mes tendres caresses pour mon
pere et mon Oncle ; il doit etre de retour de Grenoble Si Camille est
revenu avec lui, mes empressés compliments ; je pense que ta prochaine
lettre me fixera le jour de l’arriveé de mon oncle mon empressement de le
voir est extreme qu’il s’attende à me trouver tres changeé [p. 6]
je voudrais exagérer même pour plus de surete
mes amitiés aux dames Pion
Je t’embrasse bien fort de moitié avec Mathilde
toute à toi
A S
[adresse ici au milieu de la page]
Madame
Madame Camille Pal
A La Côte St
André
Isère
2011.02.260 | Mercredi 29 décembre 1858 | À sa nièce Mathilde Pal-Masclet | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages. Pas d’adresse ou d’enveloppe.
Vienne 29 Décembre
Je te remercie chère niece de vouloir
bien t’informer avec une si affectueuse sollicitude de la santé de ta cousine ;
la pauvre enfant a une maladie qui découragerait par sa nature et sa longueur
la patience d’un saint, et comme ni elle ni moi ne sommes encore dans une
voîe sî parfaite tu peux juger de l’état où nous devons être ? ... ton
oncle seul est admirable de soins et de résignation il est vrais que ses
affaires le retiennent souvent dans son Etude où au dehors et qu’il a ainsi
un peu de diversion ; mais moi toujours là à voir souffrir à
entendre pleurer gémir sans pouvoir ni soulager ni distraire ma fille c’est a
en devenir folle certains jours .... ce qui m’enlève tout courage sur tout c’est
que je ne suis pas plus avancée que le prémier jour quand il y en a bientôt
huit que cette infernale
maladie a commencée ! ........ [en haut de la page, dans l’espace
entre l’adresse et le début de la lettre, écrit de côté] Je te prie d’aller
chez ma cousine lui donner de nos nouvelles Je lui écrirai plus tard ayant si
peu de temps a moi, cette lettre fera pour vous deux [p. 2] Rien ne
fait pas même les promenades à cheval sur lesquelles je fondais tant d’esperances
après en avoir fait 7 ou 8 le mauvais temps et une augmentation de malaises les
a interrompues, sauf à éssayer plus tard d’y revenir ..... Nos deux medecins
ne sachant plus qu’éssayer, Josephine a voulu absolument aller consulter à
Lyon la fameuse Melle Bréssac
qui devine vos maux sans les lui dire.
Le fait est qu’il y a de quoi confondre ; elle ne
connaissait nullement ta cousine et après l’avoir légèrement palpée sur la
tête l’Estomac et le ventre elle lui dit « Mademoiselle vous n’avez
aucun organe malade pôsitivement, mais les nerfs .. votre constitution était
très bonne ; vous guérirez certainement mais ce sera long, bien que
depuis plusieurs mois deja vous souffriez le sang vous fait la guerre aussi il
vous faut une bonne hygiène la promenade ; de la distraction
[p. 3] et ainsi de suite elle lui a énumeré tous les symptômes de
sa maladie avec la plus grande éxactitude ....
Sa consultation a eu beaucoup de rapports avec les
ordonnances des autres medecins et semble très bien raîsonnée
N’y a-t-il pas de quoi confondre ? Comment expliquer l’espèce
de devination de cette fille ? ..
Nous suivons depuis quelques jours ses prescriptions que
risquons nous ? Le medecin les a vues et n’a su que dire ... il en était
de mauvaise humeur je crois un peu.
Notre cousine Odile connait Melle Bréssac
raconte lui tout cela je te prie ; Son projet d’aller à Paris éxiste
bien toujours j’espère, j’aurai ainsi le plaisir de la voir d’ici à
quelques jours a son passage sa visite nous sera une précieuse distraction à
tous, ses conseils, ses encouragements bien nécèssaires car nous ne savons qu’elle
parti prendre souvent, et si nous devons craindre ou esperer [p. 4]
Les crises sont peut-être un peu moins violentes mais le mal est plus
incèssant .. elle mange et engraisse plutôt que de maigrir ... Sa tristesse est pire que
jamais ... rien au monde ne saurait lui causer le moindre plaisir.
Nancy est encore a Tournon ; mon oncle et ma Tante sont
partis pour Hyères Lundi mais elle est chez Mme Boutaud en attendant
une occasion que j’aurai la semaine prochaine pour la ramener après six
semaines et plus d’absence elle trouvera sa pauvre sœur de même Mon dieu que
tout cela est triste !
Jouis bien de ton petit garçon Chère niece, apprécie le
repos dont tu jouis, îl y a dans la vie des temps de cruelles épreuves ... la
famille Teisseire a du être foudroyée par la mort de Mr Charles que
de changements pour sa femme ?
Je pense que ton pere en a été très peiné aussi. Sa
santé a lui est toujours bonne, qu’il évite les rhumes
pour ton mari a son age tout va bien fais lui nos amitiés et
nos souhaits de nouvel an dont tu prendras la moitié avant.
adieu chere niece nous t’embrassons tous AS
2011.02.261 | Dimanche 31 janvier 1847 (?) | À sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | — |
Huit pages en tout (deux feuillets chacun de quatre pages). Écriture assez hâtive. Pas d’adresse ou d’enveloppe.
Vienne Dimanche matin 31
Je te remercie de ton éxactitude à m’écrire
Chere sœur au milieu de tes nombreuses soirées de tes toilettes, de tes
confèrences de mariage etc etc, tu me tiendras au courant je te prie des
renseignements reçu pour l’affaire de Victor, je serai heureuse si tu réussis
à lui donner une riche et agréable femme ; il n’y a pas de danger que
je devines ton secret à la manière dont tu l’enveloppes ; il
paraît que
Mr G a eu le nez cassé assez proprement, tant mieux il est si bête
quelques fois qu’une petit leçon pourrait lui être utile ; il jette feu
et flammes du raccommodement B, il blame Mme de Loucry, à l’entendre
c’est une bassesse, quand au mariage évidemment il a du dépit il fait fi
de Mr d’Haugerouville d’une maniére tres plaisante surtout quand
on l’avait entendu parler bien autrement de ce jeune homme qui est charmant,
il n’a jamais voulu venir il y a deux jours passer la soirée avec ces dames
jeudi le futur lui agace les nerfs c’est positif, il aurait voulu avoir [p. 2]
Melle Mathilde comme une [mot
biffé] derniere ressource apres de brillants échecs
Madame de Loucry est tellement heureuse de toute cette
affaire qu’elle en perd un peu la tête je crois, et se livre à la merci de
sa cousine avec un abandon qui m’impatiente, et me fait peur, je lui porte un
trop sincère interèt pour ne pas désirer plus de prudence de sa part, le
terrain est brulant, apres la terrible épreuve qu’elle vient de faîre du
caractère de Mr et Mme B, je la battrais de revenir à
eux si franchement si tendrement sur tout, c’est se manquer à elle
même, apres avoir été trainée dans la boue par cette famille il y a
si peu de jours encore
chez moi l’autre soir elle n’a pas cèssée de tenir la
main de Mme B, et de causer bas avec elle Mme Dutriac
etait stupéfiée comme moi de ce changement si complet. De deux chôses l’une
ou Mme B croyait les infamies qu’elle disait contre sa cousine, et
alors malgré ce mariage son opinion doit être la même, alors
pourquoi la recevoir et jouer cette comédie ? ... [p. 3]
ou elle mentait avec audace, et alors elle peut retomber dans un pareil
danger vis a vis d’une femme capable de passions pareilles, et il faut La
tenir à quatre pour ne pas l’y exposer, j’aurais peu de foi je l’avoue à
des démonstrations de la part d’une parente qui aurait ainsi voulu me perdre
sans merci. La conduite de Mme B est incroyable d’inconséquences,
je me tiendrai à distance pour plus de sureté je dois les géner l’une et l’autre
j’en sais trop long ! ....
Le mariage aura lieu le Lundi gras
il y aura un bal à cette occasion
Je crois qu’on en prépare un pour la veuve avec un veuf,
encore un épisode à notre roman si
propre Nous verrons la fin, il n’y aurait que ce moyen d’assurer
la position de Mme de Loucry, je le desire sincerement, parce que ses
malheurs m’ont attaché à elle.
Point de nouvelles de Moulins
mes deux lettres ne valent pas une réponse ; dans la prémiere cependant
je parlais longuement du plaisir que j’avais eu à recevoir Mme
Trachon,
je louais [p. 4] la beauté et les succès de la jeune niéce à
tout cela rien .... dans la seconde je remerciais du bracelet
quatre fois plus qu’il ne valait et j’insistais pour
connaitre l’époque
precise de leur passage à Vienne, y mettant l’emprèssement le plus
affectueux ; je pense qu’on me répondra dans un mois, pour me parler
avec détail de la remonte des chevaux du régiment
peut être ? ou autre chôse de ce genre
d’honneur Ma Chere nous nous
sommes fourvoyés avec la Tante ;
il n’y a plus moyen de se faire illusion, comme elle te l’écrit son pays,
et sa famille sont tout pour elle ; .... elle veut nous le dîre sur
tous les tons et nous tenir au large, nous profiterons de l’avis, mais
non sans tristesse de ma part je t’assure.
Je veux te prier chere sœur de me décharger d’un sujet d’irritation,
et d’aller faire des réproches de ma part à Odile, elle est étonnante [p. 5]
voila ce dont il s’agit
Elle m’écrivit il y a quinze jours pour prîer mon mari de
faîre prendre des informations au Bureau des hypotèques sur une inscription qu’avait
Mr Caffarel, bien que Marc fut accablé d’affaîre ce jour là, il
ne perdit pas une minute Odile ayant oublié les prénoms de son créancier, il
me fallut luî écrire courrier par courrier pour luî dîre de réparer cet oubli,
elle me répond la veille de notre grand diner, Marc retourne aux hypotèques
(note bien que c’est à une lieue de chez nous) à son retour j’écris de
nouveau à Odile malgré tous mes embarras pour la rassurer de suite, ses
enfants étant les prémiers inscrits,
le conservateur y avait mis toute l’obligeance possible mais n’avait pu
donner qu’une note pour ce jour là, promettant d’envoyer l’Etat au
plutôt suivant l’usage ; j’explique tout cela à Odile et croirais tu
qu’apres tant d’obligeance de notre part son mari juge à propos d’écrire
en rodomont au procureur du roi à
Vienne pour se plaindre [p. 6] vertement du conservateur et prier Mr
Michel de l’admonester
Juge de la surprise de Marc aux justes reproches du
conservateur qui ne comprenait pas cette algarade Mon mari s’empressat d’aller
chez Mr Michel qui heureusement avait modifié les ordres de Mr
Burdet et néanmoins Marc a fait
des excuses au conservateur pour l’ennui qu’il en avait éprouvé étant au
mieux avec lui, et n’ayant qu’a se louer de son obligeance Mon mari était
furieux de cela jamais je ne l’ai vu si en colère, il avait raison, c’est
un peu trop fort, les gens vous assassinent de commissions ennuieuses, on les
fait envers et contre tout puis on en a encore toute sorte de vexations ; je te
prie instamment de leur faire connaitre notre mauvaise humeur, j’y tiens J’ai
failli lui en ecrire mais j’aurais dis trop.
la sotte famille que nous avons là
[p. 7] Parlons un peu de ta fille maintenant
chere sœur, je trouve que tu es bien difficile à son sujet, sa taille est
jolie, plus tard elle dansera mieux elle va en mesure c’est l’essentiel la
grace n’est pas encore de son age ; Marguerite Faure n’en a pas
davantage, elle est longue aussi comme une asperge montée, elle était mieux il
y a un an, c’est le moment difficile à traverser bien plus encore pour les
mères que pour les filles ferme les yeux chere sœur pour le repos de ta fille,
ce soir elle s’amusera plus franchement ne sentant pas tes regards fixés sur
elle
La grippe de Mr P est bien pénible aussi pour toi
tiens moi au courant de son etat je m’en préoccupe à ton intention
Ma belle sœur me tient sous le coup d’une prochaine arrivée
pour ramener son fils en pension je m’attends bien qu’elle viendra un jour
ou elle me dérangera c’est ainsi chaque fois et elle ne veut jamais me
prévenir ; leur partage de famille donne toutes sortes d’ennui à Marc [p. 8]
Sa belle fille Seraphine se conduit tres mal, prétend que mon mari a voulu la
spolier ! .. et dieu sait qu’il s’était beaucoup plus préoccupé d’elle
dans le traité, que de ses propres niéces ; les gens d’affaires qui ont lu
le projet d’arrangement de mon mari lui rendent bien justice et ne reviennent
pas des éxigeances absurdes des enfants du prémier lit Séraphine nie
à présent ses propos, elle est venue la semaine passée et je lui ai nettement
temoigné mon indignation elle ne remettra plus les pieds chez nous, c’est
une de moins elle va au couvent de Voiron se faîre rélîgieuse bon voyage
Une de ses sœurs mariées est à la Guadeloupe avec son mari,
et de deux. Je voudrais que tout le reste de la famille partî pour le
Maroc le petit pardessus le marché
Tout cela m’irrite au superlatif
Adieu Chere Sœur trève de diatribes c’est abuser de toi
Mes amitiés à ton mari
Je t’embrasse affectueusement
toute a toi
A S
2011.02.262 | Automne 1846 | À sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages, les trois premières écrites, la quatrième vide. Pas d’adresse ou d’enveloppe.
Mercredi matin
Je t’ai laissé le cœur bien triste
Chere et bonne sœur, ton souvenir me gâtait tout le bonheur de rejoindre mari
et enfants j’ai trouvé ma chere petite Nancy bien pâlie et bien maigrie elle
a été extremement souffrante en mon absence ; cela ne me manque jamais .... mon mari aussi avait bien besoin de mon retour, mes domestiques n’ont
rien su faire sans moi ni léssive ni le reste puis Nancy voulait toujours être
sur les bras de sa bonne.
Ma belle sœur était partie il était temps que je revins
sous tous les rapports Marc est obligé d’aller a Lyon ce soir ou demain pour
une affaire pressée et cela me contrarie plus que tu ne peus l’imaginer ...
Tu as bien fait de me renvoyer la lettre de mon mari elle en
contenait une de mon oncle que je mets dans la mienne tu verras qu’il
prend
[p. 2] cœur a la
veuve, et renonce au fond perdu le bon sens lui est revenu tu diras à
Louise à ce sujet ce que tu croiras bon quand tu iras à Pointieres cette
semaine, ma lettre aura satisfait mon oncle j’espère dans la disposition d’esprit
ou il se trouvait, elle ne manquait pas de détails précis et comme il
le demande je lui fixais l’entrevue
Je t’envois des bonnets en masse à choisir pour toi et les
dames Pion ne melez pas il y en a de deux marchandes dans le carton dix
de l’une et 4 de l’autre qui sont dans un papier à part les prix sont
marqués sur les mentonniéres
vous les renverrez vendredi par la Chollet
sans faute, ainsi que les pantoufles, il y en a 6 paires Celine
indiquera le numéro de celles qu’elle gardera afin que je puisse lui
renvoyer les soies et laines
J’envois une dentelle commencée avec du coton exprès pour
cela du canevas et des gants pour Mathilde
[p. 3] Antoine ne partant
qu’a midi j’ai eu le temps de m’occuper de toutes ces commissions, cela te
prouveras tout mon desir de te distraire dans ta
triste solitude par tous les moyens en mon pouvoir, malheureusement trop
restreints, J’ai besoin de m’occuper activement pour dissiper les tristes
dispositions ou je suis revenue ; Marc m’a trouvé maigrie et triste et
à l’attrister
malgré sa joie de me retrouver. Josephine va à merveille les coffrets ont eu
un succès prodigieux sans jalousies, le petit ménage a fait merveille
aussi
Adieu Chere sœur mille chôses à notre bon pere ; un
bon baiser à Mathilde qui m’a promis en me quittant d’être sage et de te
distraire de son mieux
Toute à toi
A S
2011.02.263 | Vendredi 9 février 1855 (?) | À sa nièce Mathilde Pal-Masclet | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages, la quatrième vide. Pas d’adresse ou d’enveloppe.
Vienne Vendredi
Pourquoi n’arrives-tu donc pas Chere
nièce envain depuis huit jours j’attends une lettre qui m’annonce celui
fixé pour ton voyage .... et rien encore ce matin .. Je m’impatiente, tes
cousines se désolent, ma societe s’irrite ... il est question d’un
piquenique, le sort veut qu’il soit chez moi et je ne veux pas fixer rien sans
toi ... d’après ta lettre je croyais que tu serais ici à l’heure qu’il
est ; tous les matins j’attends le facteur envain, les provisions,
les invitations en souffriront, les derniers jours du carnaval il y a
complication on parle de deux soirées la semaine prochaine, tu seras cause peut
être que rien ne s’arrangera bien pour personne ; répond moi donc vite
[p. 2] nous aurions voulu la soirée Lundi tu aurais le temps
si demain tu m’ecrivais que tu m’arrives dimanche, si non il faudrait
renvoyer à Mercredi 14 encore on ne sait si ce jour sera libre ?
Ton Oncle est à la Côte et à Beaurepaire depuis deux jours,
il ne reviendra que dimanche matin il avait compté sur toi pour me tenir
compagnie en son absence ; tu as laissé revenir la neige et les mauvais
chemins maladroitement, ton pere saisira peut être ce pretexte pour te retenir
jusqu’au carème, je ne puis te dire Chere petite combien je serais
contrariée de ce retard ta visite arriverait si bien ces jours ci, je comptais
sur toi avec tant de plaisir ..... le Bal Gîroux
a-t-il été retardé est-ce la cause de ton silence ? Je me perds en
conjecture, courrier par courrier il me faut une reponse. J’espere un peu que
celui de demain [p. 3] éclaircira tout cela, en attendant adieu je
suis de mauvaîse humeur tous mes projets, mes plans sont contrariés et je ne
saurais te dîre autre chôse ; je t’embrasse par grande faveur, et ne
veux pas faire d’amitiés à ton pere s’il est la cause de ce retard si
prolongé comme je l’en accuse ...
Adieu Adele
Apporte tes toilettes de Bal a tout hasard
2011.02.264 | Mardi 27 octobre 1846 (?) | À sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages avec l’adresse à la dernière. Timbre postal: Vienne, 27 OCT. (?) (année illisible). Voir le commentaire chronologique.
Vienne Mardi
J’attendais de tes nouvelles ce matin
Chere Sœur, et je me hâte de te répondre que j’irai vous embrasser Samedi,
ma pauvre belle sœur m’est arrivée Dimanche matin avec mon mari, je les
attendais avec un empressement douloureux le premier moment a été tres
pénible j’ai bien pleuré avec Louise je la comprenais bien ; mais comme
tu dis elle est presque soulagée que la longue agonie de sa fille soit
finie ; c’était affreux affreux ; à demander la mort à chaque
instant comme une grace du Ciel, puis la malheureuse enfant avait fait le
sacrifice de sa vie avec beaucoup de courage ; sa foi était vîve et l’esperance
du ciel la soutenait. Sa mere a supporté ce nouveau coup avec beaucoup de force
elle est usée c’est le mot Je la soîgne et la distrait de mon mieux,
elle veut malgré cela [p. 2] partir apres demain ; Seraphine est trop
seule a Beaurepaire, elle a besoin aussi de se retrouver chez elle ; bien que ce
petit séjour a Vienne lui fasse du bien, nous l’entourons de tous les
égards et l’affection possible et elle en est touchée.
Je suis bien fachée Chere sœur que Mathilde se fut priveé
envain d’une bonne nuit de sommeil pour éviter encore une attente inutile
je te prie de m’envoyer Antoine (si tu peux) Vendredi soir afin de partir
Samedi apres déjeuner, je trouverai Camille pres de toi probablement, et mon
retard aura eu ainsi son bon côté
Je n’ai toujours pas signe de vie de mon oncle j’en
étais vraiment inquiête, et te remercie de ce que tu m’en dis, je
lui ecrirai cette apres midi
Je parlerai à Melle Mainti**e
J’emporterai à mon pere ses revues, je n’ai que le 1er Mai 1840
mais non 1846
[p. 3] Adieu Chere Sœur l’heure me presse a
bientôt, repond moi si je puis compter sur Antoine ? autrement je
prendrais la diligence
J’embrasse tendrement mon pere et Mathilde à qui je suis
charmée d’avoir donné une écharpe de son gout, ses cousines me demandent a
chaque minute quand nous partîrons pour la Côte
adieu adieu
toute a toi
A S
[p. 4] [adresse]
Madame
Madame Camille Pal
chez Mr Berlioz
La Côte St André
Isère
2011.02.265 | Printemps 1828 | À son père Louis-Joseph Berlioz | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages, les deux premières écrites, adresse à la quatrième. Timbre postal illisible.
Ce que vous me demandez est audessus de
mes forces je m’ennuie horriblement et vous ne voulez pas venir me chercher
ah
mon père vous m’avez abandonnée oui je suis bien malheureuse ah mon père
mon Pere ayez pitié de moi venez me chercher je suis avec respect votre
malheureuse fille Adèle B.
Vous dites que je n’ai faît aucun éffort pour vaincre le
chagrin qui m’accable ah détrompez vous détrompez vous ah si vous saviez oui
j’ai fait [p. 2] ce que j’ai pu ahique je suis malheureuse
[p. 4] [adresse]
A Monsieur
Monsieur Berlioz
A La Côte St André
2011.02.298 | Mardi 4 août 1829 (?) | Prosper et Adèle Berlioz à leur sœur Nancy Berlioz |
Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages, les trois premières écrites,
la première par Prosper, les deuxième et troisième par Adèle, adresse à la
quatrième. Timbre postal: LA CÔTE-ST-ANDRÉ, 5 AOUT 1828.
On remarquera le
changement dans l’écriture d’Adèle depuis les lettres de l’année
précédente (voir l’image de 2011.02.119),
notamment dans la lettre p au début de plusieurs mots, qui devient
caractéristique de son écriture et ressemble assez à celui de son père (voir
par exemple l’image de la lettre R96.853.2
du 14 juin 1839). Faut-il y voir l’effet du retrait d’Adèle de la pension
de Grenoble et la prise en charge de son éducation pour un temps par son père?
[De la main de Prosper]
La côté St André le 4 juin 1829
Je t’écris pour la
prémiere fois Ma Chère Sœur j’ai
pensé qu’il y en avait bien assez pour exercer la patience d’Adèle.
On m’a dit qu’Emile avait un peu souffert de son doigt j’en suis bien
faché le temps me dure bien de le voir car je m’ennuie bien tout seul
Adieu Ma Chere Sœur il faut que jaille à l’ecole et d’ailleurs je ne sais
pas que te dire je t’embrasse de tout mon cœur ton petit bout de frere
Prosper Berlioz
[p. 2] [De la main d’Adèle]
Ne recevant aucune nouvelle d’Hector Ma
Chère Nancy nous n’avons cependant pas voulu te laisser plus long-temps sans
te donner de nos nouvelles des notres je renvoyais de couriés
en couriés esperant toujours d’avoir quelque chôse à t’apprendre sur son
compte mais voyant que cela me menait loin, j’ai pris mon grand parti et je me
suis mis à mon bureau sans trop savoir ce que j’allais te dire ; notre
pauvre pays est tous les jours plus triste, Mdme Blanquêt est à l’Agonie
depuis deux jours, Rose est toujours entre la vie et la mort, tout cela comme tu
vois n’est pas très gai ; je decidai cependant Mercredi Maman à
aller
à Pointiére voir Madame Augustin et à l’engager à venir diner à la maison
le lendemain, ces Dames ne l’ayant pas pu ce jour là ne sont venues que le
Vendredi, Mademoiselle Louise était toute désorientée et elle avait bien
besoin que sa tante passa quelques jours avec elle pour la consoler de ton
départ.
Il parait cependant que Mdme Veyron va à Grenoble
la semaine prochaine, pour nous nous y allons tous les jours en projets mais je
doute fort qu’ils s’exécutent [p. 3] Françoise, est revenue
hier d’Uriage, elle nous a dit que Mr Arvét avait prit une seconde
attaque qui lui avait paralysé le gosier et qu’il ne pouvait rien avaler
absolument, Madamoiselle Nancy paraissait très inquiéte et trés ennuyée elle
craignait qu’il n’en prit une troisieme qui ne l’enleve.
Françoise a apporté les dentelles que tu avais commandées
à Jeanneton je te prie de me dire dans ta premiére lettre si tu veus que je
les donne à la Martin elle n’a encore rien rendu de l’ouvrage que tu lui
avais laissé, pour moi j’ai achevé ma [mot
effacé] de tul elle est très jolie, je vais commencer un voile Mdlle
Louise a eu la complaisance de me donner un joli déssein. Malgré que je sois
toujours dans l’enchantement d’être la fille ainée de la maison tu me fais
un grand vide et je commence à reconnaitre qu’une vieille sœur à
bien son prix. Adieu ma chère Nancy je t’embrasse et quoique j’en dise j’attends
ton retour avec bien de l’impatience
Ton affectionnée sœur
A B.
[Dans la marge de gauche, de haut en bas] Mdme Marmoniere vient d’accoucher d’une quatriéme fille
[p. 4] [adresse]
Mademoiselle
Mademoiselle Nancy Berlioz chez
Mdme Golletit née Rocher
A Bourg dept de l’Ain
Site Hector Berlioz créé par Michel Austin et Monir Tayeb le 18 juillet 1997; pages Lettres de la famille du compositeur créées le 11 décembre 2014, mises à jour le 1er avril 2015.
© Musée Hector-Berlioz pour le texte et les images des
lettres
© Michel Austin et Monir Tayeb pour le commentaire et la présentation
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